mardi 22 avril 2014

Gabriel Garcia Marquez, adieu « Gabo »


Gabriel García Márquez à Mexico, le 6 mars 2014 (SIPA)

Gabriel Garcia Marquez : il a donné à l'Amérique latine un mythe fondateur, titrait le Nouvel Observateur après la mort de celui que les colombiens appelaient familièrement « Gabo ». Le prix Nobel de littérature est mort le 17 avril 2014 à son domicile de Mexico des suites d’une pneumonie à l’âge de 87 ans.

L’expression de son style, de sa pensée, ce qu’on a appelé le « réalisme magique » s’exprimaient dans un rapport entre qui entremêlait la réalité et la fantaisie comme un conte qui dépassait la banale réalité pour atteindre au mythe. La réalité qu’il dépeint y prend un goût magique qui rejoint la vie quotidienne. Son sens de la fiction ramène toujours à la nostalgie de « Cent ans de solitude » où vit la famille Buendia dans son village de Macondo qui ressemble furieusement à son village natal d’Aracataca.
Mais c’est aussi un lieu mythique pris entre ses dunes et ses marais d’un côté et la sierra de l’autre, bouleversé par de terribles guerres, un temps rendu prospère par la culture de la banane mais bien vite dominé par les calamités naturelles, les pluies tenaces succédant à la sécheresse, le banditisme…

Gabriel Garcia marquez revenait volontiers sur son enfance, expliquant que sa vocation littéraire lui venait sans doute de son enfance, de sa double expérience d’un grand-père qui représentait le sérieux, la sécurité à travers un modeste emploi dans un bureau, garant de la sage réalité du quotidien, si indulgent pour cet enfant qu’il aimait et qui l’aimait tant - « le personnage le plus important de ma vie », confia-t-il un jour- et d’une grand-mère qui était son contraire, toujours nerveuse, imprévisible, qui lui racontait la nuit des tas d’histoires épouvantables qui impressionnaient le jeune garçon.


L'écrivain arrivant en gare d'Aracataca

En recevant son prix Nobel à Stockholm en 1982, il dira dans son discours : « Dans les bonnes consciences de l’Europe, et aussi parfois dans les mauvaises, a fait irruption avec plus de force que jamais l’actualité fantasmatique de l’Amérique latine, cette immense patrie d’hommes hallucinés et de femmes entrées dans l’histoire, dont l’obstination infinie se confond avec la légende ».


Jacques Le Goff, Gabriel Garcia Marquez: La vie est notre réponse

En une semaine nous venons de perdre deux grands témoins de notre temps, deux témoins agissants : Jacques Le Goff et Gabriel Garcia Marquez. Deux hommes qui ont bouleversé leurs domaines respectifs : l’histoire, la littérature. Leurs apports sont essentiels… La littérature mondiale ne se passera jamais de la prose de Gabriel  Garcia Marquez. C’était un écrivain-monde bien avant que ce terme ne devienne usuel.
Ces deux penseurs étaient des politiques dans le sens le plus noble de du terme, des hommes de l’agora. Ils portaient un regard lucide et engagé sur leurs sociétés. Tous les deux refusaient la logique de la misère tant matérielle, qu’intellectuelle. Ils étaient « en rage » contre un ordre qui a fait de l’ignorance une de ses méthodes à richesse…
Garcia Marquez intitula son discours de récipiendaire du prix Nobel de littérature en 1982, « La solitude de l’Amérique Latine ». Il me souvient qu’en lisant « Récit d’un naufragé » j’ai eu le mal de mer tout comme on entend le bruit des sabots des chevaux en lisant « La route des Flandres » de Claude Simon. Du style, du style que Diable.
(Extrait d'un article de



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