mercredi 22 octobre 2014

Stendhal, « un européen absolu »

1- Stendhal voyageur impénitent
L'attrait de Stendhal pour les voyages remonte sans doute à son enfance grenobloise dont il parle dans son récit autobiographique la Vie de Henry Brulard : il visite déjà à diverses reprises les environs de sa ville natale ainsi que la Savoie toute proche. Mais c'est l'épopée napoléonienne qui le jette à travers l'Europe avant d'être enthousiasmé par l'Italie. Son ami Mérimée disait de lui qu'il avait besoin de « locomotion », aime voyager, curieux avant tout des gens et du monde qui l'entoure, notant ce qu'il voit et ce qu'il ressent au fil de la plume.

La documentation à ce sujet étant pléthorique, il m'a semblé intéressant après un bref panorama du "Stendhal voyageur", de présenter ses trois ouvrages qui concernent l'Italie, "Rome, Naples et Florence", "Promenades dans Rome", "Chroniques italiennes", la relation de ses voyages en France dans "Mémoires d'un touriste" ainsi qu'un complément sur son essai "Histoire de la peinture en Italie".

 
« Ce que j'aime dans les voyages, c'est l'étonnement du retour. » Stendhal

Même si Stendhal a plutôt traité dan son œuvre littéraire les tourments du cœur sans beaucoup s'atteler à raconter des histoires ou écrire des romans d’aventure, il a été dans sa vie un grand  voyageur, préférant parcourir l'Italie plutôt que de voyager dans sa tête. A plusieurs reprises, il va sillonner l'Europe du col du Grand Saint-Bernard à Berlin, du Danube à la Bérézina, de la Calabre à la Catalogne, en chemins de fer aussi bien qu'en en calèche ou en diligence. Il est parfois pris d'une « fringale de départs et de flâneries audacieuses... entre deux amours et deux livres ». [1] Stendhal, cet "européen absolu" selon l'expression de Nietzsche, saute  dans une diligence à la moindre occasion. Par contre, quand il écrit, il écrit... pour preuve, Stendhal dicta l'essentiel de La Chartreuse de Parme en cinquante-trois jours, enfermé dans sa chambre de la rue Caumartin à Paris.

S'il naît à Grenoble le 23 janvier 1783, dès 1800 il rejoint la capitale et on le retrouve rapidement dans les Alpes en route pour l’Italie, sous lieutenant d'un certain Bonaparte. Il n'y restera pas longtemps, l'ambiance de l'armée lui déplaît, sait qu'il est déjà « passionné par les voyages en ce moment. Quand on sait voyager, cela fait bien connaître les hommes.» Fondamental pour un futur écrivain. On le retrouve ensuite en Allemagne à partir de 1806 et trois plus tard, il débarque à Vienne qui lui apparaît comme « une grande ville de province en France.» 

En 1811 il découvre tout à la fois l'Italie, la beauté de la peinture de ce pays et... la belle Angela. Infatigable voyageur, protégé son cousin le comte Pierre Daru, il suit l'épopée napoléonienne, en particulier les tribulations de l'armée française en Russie et passe par miracle la Bérézina le soir du 27 novembre 1812 peu avant l’effondrement du pont et tout fier de lui, il a e commentaire : « Ce voyage m’a fait voir des choses qu’un homme de lettres sédentaire ne devinerait pas en mille ans

La treille de Stendhal, appartement Gagnon
Sa maison d'enfance, celle de son grand-père le Dr Gagnon

Après deux passages à Londres en 1821 et 1826 où il assiste à la représentation de pièces de Shakespeare, ce sera sa chère Italie qu'il ne quittera guère, « morceau de ciel tombé sur la terre » dira-t-il, sauf en 1938 pour l'Espagne, l'Italie où il sera "Monsieur le Consul" jusqu'en 1841. [2] Il en donnera sa propre dans ses écrits, des récits de voyage où l'écrivain prend le pas sur le témoin, où dans Promenades dans Rome, où la réalité est revisitée par l'esprit stendhalien.

Après un crochet par le Bordelais et la Provence en 1829, il revient en France en 1837 avec un autre écrivain Prosper Mérimée, dans la France "louis-philipparde", pérégrinations qu'on retrouve dans un autre texte intitulé Mémoires d’un touriste qui fait entrer ce néologisme dans la langue française. Il s'intéressait aussi ben aux gens qu'il avait l'occasion de rencontrer au cours de ses voyages qu'à l'environnement qu'il découvrait, « J’aime les beaux paysages, écrivit-il. Ils font quelquefois sur mon âme le même effet qu’un archer bien manié sur un violon sonore; ils augmentent ma joie et rendent le bonheur plus supportable. »

2- STENDHAL : Rome, Naples et Florence

« Mes voyages en Italie me rendent plus original, plus "moi-même". J'apprends à chercher le bonheur avec plus d'intelligence. » [3]

Ce n'est pas tant le récit du voyage qui intéresse Stendhal que l'art, surtout l'art italien si prisé à son époque, l'opéra, l'architecture et la peinture en particulier... [4] ainsi que les femmes. [5] Quelques annotations suffisent à une description : « le caractère de la beauté en Italie, c’est le petit nombre des détails et, par conséquent, la grandeur des contours,» une simple touche comme lors de son arrivée à Florence : « Enfin, à un détour de la route, mon oeil a plongé dans la plaine, et j’ai aperçu de loin, comme une masse sombre, Santa Maria del Fiore et sa fameuse coupole, chef-d'œuvre de Brunelleschi, » une simple réflexion à propos de Milan et Bologne : « Bologne a, ce me semble, beaucoup plus d’esprit, de feu et d’originalité que Milan ; on y a surtout le caractère plus ouvert. »C'est d'abord l'opéra qui l'attire (et les belles femmes qui y paradent) : « je vais dans huit ou dix loges; rien de plus doux, de plus aimable (...) Chaque femme est en général avec son amant. »

  Santa-Maria del Fiore

Dans sa quête de l'art dans ses formes classiques, il est servi en Italie et il constate que « la France n’a rien produit de comparable. » Il suffit de regarder, de se laisser aller car «  il ne faut pas des raisonnements pour trouver cela beau. Cela fait plaisir à l’œil.» Il est insatiable allant d'un lieu à l'autre, d'un musée à un autre, ouvert à l'émotion offerte par exemple « en sortant de Santa Croce, j’avais un battement de cœur; la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber. » Ce que certains ont appelé  « le syndrome Stendhal. »

      
 Vue de la place du Grand-Duc à Florence, Canella, 1847
  
3- STENDHAL : Promenades dans Rome
A partir de ses souvenirs, Stendhal nous entraîne à la découverte de Rome et des romains. Ce ne sont pas les souvenirs qui manquent : première visite en 1802, en 1811 pendant l'occupation française et dans une ambiance "napoléonienne" qui lui déplaît fort, successivement en 1816, 1817 et 1823 avec le très aimable cardinal Consalvi. En 1828, changement de tonalité, le climat s'est encore détérioré on pouvait « recevoir des coups de bâtons sur un "cavalletto". » Il annonce carrément qu'il dira toute la vérité, librement, reprenant les anecdotes qui lui ont le plus marqué. Entre le récit de voyage et le récit personnel -il parle à la première personne-  « il fait éclater le journal de voyage en prenant la liberté de parler de ce qu’il veut, et quand il le veut. » [6]

Il voyage écrit-il « pour voir des choses nouvelles, non pas des peuplades barbares comme le curieux intrépide qui pénètre dans les montagnes du Tibet, ou qui va débarquer aux îles de la mer du Sud.» Il nous présente la Rome multiple : la romaine avec de nombreux commentaires sur les ruines de l’Antiquité; la ville dédiée à l’Art, avec ses monuments qui illustrent tous les époques, véritables cours d'histoire à livre ouvert, avec les chefs-d’œuvre de la peinture et de la sculpture; enfin la cité des Papes, et le « gouvernement et les mœurs qui en sont la conséquence. » Stendhal nous offre aussi plusieurs menus des visites à effectuer, le choix entre le Colisée et les  Raphaël du Vatican, le Panthéon et l’atelier de Canova par exemple... selon l'humeur du touriste, ce qu'il recherche entre « le "beau inculte et terrible" ou le "beau joli et arrangé", faites-vous conduire au Colisée ou à Saint-Pierre. »

       

Attention cependant nous prévient-il, de ne pas vouloir "tout voir", d'être atteint du « dégoût de l’admiration » et il veut mieux alors aller se distraire avec les Romains sans toutefois ajoute-t-il ironique,  «se brouiller avec sa cour et sans déplaire au pape. » Dans cette Rome soumise à l'imagination de Stendhal, il fait aussi œuvre didactique, incluant une documentation intéressante sur la ville où l'art, l'histoire romaine et la papauté tiennent une place importante, tout comme les descriptions, les conditions de son voyage à une époque où il fallait souvent compter une quinzaine de jours pour parcourir la distance entre Paris et Rome.

Curieusement, ces "promenades romaines" nous entraînent aussi -comme son livre précédent "Rome, Naples et Florence" (voir article ci-dessus)- dans ces deux dernières villes. Il se réconcilie avec Naples, le théâtre San Carlo où chante le grand Lablache et il est transporté par Florence, même s'il trouve ses habitants "trop français", artificiels et prétentieux. C'est à Florence qu'il rencontre Lamartine, alors secrétaire à la Légation de France, rencontre heureuse qui lèvera bien des préventions entre les deux écrivains.

Ceci dit, la trame d'un guide nommé Stendhal qui entraîne un groupe à la découverte de Rome est purement imaginaire. A la date supposée du départ de la visite le 3 août 1827, il est à Gênes où il rencontre Manzoni et non à Rome et personne n'a trouvé trace de l'épigraphe qu'il attribue à Mercurio dans le Roméo et Juliette de Shakespeare« J'ai vu de trop bonne heure  la beauté parfaite... » C'est en fait du pur Stendhal !

4- STENDHAL : Chroniques italiennes

Chroniques italiennes est un recueil de récits de Stendhal, composé de huit récits [7] écrits entre 1836 et 1839, qui s'appuient sur de vieux documents que Stendhal exhuma quand il était consul de France dans le petit port tyrrhénien de Civitavecchia.

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   Trop de faveur tue             L'abbesse de Castro    Vanina Vanini & La duchesse de Paliano

Cet ensemble de récits qui datent de la Renaissance, sont marqués au sceau de la violence et de la passion, donc d'un romantisme, imprégnant les textes de Stendhal. Après être parus dans la Revue des deux mondes, ils seront réunis en recueil auquel s'ajoutera La Duchesse de Palliano ainsi que deux œuvres posthumes, Trop de faveur tue et Suora Scolastica. C'est son cousin Romain Colomb, son exécuteur testamentaire, qui imposa le titre de « Chroniques italiennes » pour la réédition de 1855.

De ces huit récits, les plus connus sont certainement "Vanina Vanini" et "La Duchesse de Palliano" mais d'autres méritent aussi d'être présentés . Vanina Vanini narre l'histoire de Pietro Missirilli, un carbonaro qui réclame la liberté pour son pays, et de Vanina, jeune princesse orgueilleuse. Son père veut la marier à un prince, Don Livio Savelli mais Vanina refuse cette union, éprise du beau carbonaro blessé d'un coup de poignard, que son père héberge dans sa demeure romaine. Mais, jalouse de l'engagement patriotique de Livio parti en Romagne, elle dénoncera ses amis et lui par solidarité se livrera avec eux. Vanina, torturée par la culpabilité, et emprisonnée et rejetée par Livio qui finira cependant par succomber à ses charmes.

Vittoria Accoramboni a tout pour elle, la beauté, la naissance, le charme... et est très heureux après son mariage avec Félix Peretti. Mais Félix est mystérieusement assassiné en pleine rue de trois coups d’arquebuse. On soupçonne quand même le prince Orsini qui aurait même pu agir avec le consentement de la famille de Vittoria. Soupçon augmenté le jour où elle épouse le prince Orsini alors que le frère de Félix, le cardinal Montalto, devient pape sous le nom de Sixte-Quint. Le dénouement sera tragique : après le décès du prince, Vittoria et ses frères sont assassinés par le frère du prince Louis Orsini, jaloux que Vittoria hérite; mais il sera finalement emprisonné puis étranglé.

Les Cenci

    Les Cenci

François Cenci est un don Juan fortuné et renommé pour son courage. Après le décès de sa première femme, malgré ses sept enfants, il épouse Lucrèce Pétroni. Mais c'est un violent qui bat sa femme comme ses filles, en particulier Béatrix Cenci victime d'une tentative de viol. A la maison, le climat devenant irrespirable, Béatrix et sa mère aidées de deux hommes tuent François Cenci, Béatrix parvenant à faire croire à un accident. Mais la police papale veille et les deux femmes finissent par passer aux aveux. Malgré l'aide de plusieurs cardinaux seul le plus jeune des frères sera sauvé.  Elles monteront à l'échafaud avec une dignité telle qu'elles forcent l'admiration de leurs concitoyens.

       

Béatrice Cenci 1599 par Guidi Reni  par Harriett Hosmer (1857)

La Duchesse de Palliano
Jean-Paul Carafa, avec l'aide de son cousin Olivier Carafa, est nommé pape sous le nom de Paul IV. Rapidement, il nomme ses trois neveux à des postes d'importance, l'un d'eux le duc de Palliano, marié à Violante de Condone, très belle et très orgueilleuse. Les deux autres neveux ne sont pas mieux et le pape, lassé de leurs incartades, se résout à les chasser. Sur ces entrefaites, la duchesse prend un amant, un nommé Marcel Capece mais sa suivante, par vengeance, raconte tout au duc. L'imbroglio vire à la tragédie quand le duc exécute l'amant de sa femme et sa suivante qui avait dévoilé l'affaire, et devant l'insistance de son entourage, finira par se résoudre à faire supprimer la femme adultère. Le nouveau pape Pie IV fait mettre à mort le duc et son frère cardinal mais son successeur Pie V réhabilitera leur mémoire.

L’Abbesse de Castro
La campagne autour de Rome, la charmante ville d'Albano en 1542 où vit la puissante famille des Campireali.
Hélène de Campireali est renommée pour sa beauté exceptionnelle. Comme dans les contes, elle est courtisée clandestinement par Jules Branciforte, pauvre brigand qui lui envoie un bouquet qui cache un mot d'amour. Malheureusement, il est démasqué par le père et le frère d’Hélène mais il réussit à renouer avec la jeune fille, lui avouant sa modeste condition.

Au cours des luttes pour le pouvoir qui opposent les deux familles les plus puissantes de Rome, les Colonna et les Orsini, Jules est amené à tuer Fabio Campireali le frère d'Hélène, tandis qu’Hélène a été expédiée au couvent de Castro . Situation cornélienne s'il en est. Hélène finira par lui accorder son pardon et il essaiera de l'enlever du couvent où elle est fort bien gardée, mais blessé pendant sa tentative, il échouera.

Hèlène s'enfuit alors du couvent, déguisée en ouvrier mais Jules, pourchassé, menacé de mort, s'est embarqué pour Barcelone. Le croyant mort, elle retourne au couvent et parvient à en devenir l'abbesse. Mais Hélène commet une terrible imprudence et tombe enceinte de l'évêque, Francesco Cittadini. Accouchement clandestin bien sûr mais elle sera dénoncée par la sage-femme, condamnée par l'impitoyable cardinal Alexandre Farnèse, pape sous le nom de Paul III et tentera de s'évader par un passage souterrain. Tandis que Jules revient d'Espagne après la mort du pape, bénéficiant d'une période de vacance du pouvoir, [8] elle tire les leçons de son inconduite et il arrive trop tard, la trouve morte, « la dague dans le cœur ».

5- STENDHAL : Mémoires d'un touriste

Ce chapitre complété a été déplacé à l'adresse suivante :
Mémoires d'un touriste & Voyage dans le mid

6- STENDHAL : Histoire de la peinture en Italie (en complément)

Curieux parcours que ce livre paru anonyme et à compte d'auteur, réécrit après que Stendhal eût égaré son manuscrit pendant la campagne de Russie. Livre prétexte diront certains, à une réflexion politique après la débâcle de Napoléon en Russie, amour de l'Italie diront quelques autres, Italie qui en l'occurrence s'appelait Angela Pietragrua, la belle Milanaise qui lui valut des amours passablement tourmentées.
Cet ouvrage, écrit entre 1812 et 1816, mêle en effet souvenirs personnels, histoire et développements artistiques. Il y commente des œuvres de Guido Reni ou Le Corrège mais s'attarde surtout sur Léonard de Vinci et Michel-Ange. [9]

     
Différentes éditions de son essai

Partant des primitifs, son parcours est sans grande cohérence, intéressant quand même à une époque où on manquait de documentation sur ces questions. Il y développe cependant ses conceptions sur l'art, en particulier la relativité du concept de beauté en art, cette distinction importante entre les notions de «Beau moderne» et de «Beau idéal», qu'il reprendra dans la querelle du romantisme.


          

Notes et références
[1] Jean Lacouture, "Stendhal, le bonheur vagabond", éditions Le Seuil, janvier 2004
[2] Voir ses "Souvenirs d'égotisme" que Stendhal écrivit quand il était consul à Civitavecchia, Flammarion, collection GF, 204 pages, 2013
[3] Stendhal, "Rome, Naples et Florence", illustrés par les peintres du romantisme, éditions Diane de Selliers, 2002
[4] Voir Stendhal, "Histoire de la peinture en Italie", Gallimard, collection Folio essais, 720 pages, 1996
[5] La beauté est pour lui «pleine d’âme et de feu», écrit-il dans "Promenades dans Rome" à propos des jolies femmes de Rome remarquées la veille au soir au concert.
[6] Préface à "Promenade dans Rome" par Michel Crouzet, Gallimard, Folio classique, 1997
[7] Chroniques italiennes : Vittoria Accoramboni, Les cenci, La Duchesse de Paliano, L'Abbesse de Castro, Trop de faveur tue, Suora Scolastica, San Francesco a ripa, Vanina Vanini, 1837-1839
[8] Paul III meurt le 10 novembre 1549 alors que Jules III son successeur, ne sera élu que le 7 février 1550
[9] Stendhal, "Histoire de la peinture en Italie", éditions Gallimard, établie par Vittorio del Litto, Folio-essais, 720 pages, 1996

Voir l'ensemble de mes fiches sur Stendhal :
* Stendhal, « Un européen absolu »
* Stendhal et La découverte de l'Italie  --  Stendhal et La campagne de Russie -- 
* Stendhal : Armance -- Stendhal : Lamiel  --  Stendhal : Lucien Leuwen
* Stendhal consul à Civitavecchia  --  Stendhal : Mémoires d'un touriste
* Vie de Henri Brulard  --  Stendhal à Lyon, C. Broussas 

Autres références
* Beyle, Stendhal, Brulard, Le rouge et le noir, La chartreuse de Parme, Stendhal à Grenoble et à Paris
* Présentation générale des œuvres de Stendhal

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Gérard Mordillat Les vivants et les morts

Référence : Gérard Mordillat, "Les vivants et les morts", éditions LGF, février 2006, Grand Prix RTL-Lire 2005

        

« Quelque chose de toi sans cesse m’abandonne,
Car rien qu’en vivant tu t’en vas. »
Anna de Noailles, Les vivants et les morts

Avant, les hommes étaient entraînés malgré eux dans des guerres de conquêtes, de religions… maintenant c’est la guerre économique qui les menace et peut aussi tuer. Rudi et Dallas ouvriers à la Kos, une usine de fibre plastique, sont de ceux-là.

Leur usine a déjà connu des soubresauts comme cette énorme inondation où elle avait failli sombrer, sauvée finalement par le courage et la volonté de ses ouvriers. Mais cette fois, ce sont les stratégies mondialistes d’une holding internationale qui s’attaque à elle et programme sa destruction. Seul le brevet de fabrication, le procédé pour produire de la fibre plastique, l’intéresse. Le reste, l’entreprise, l’outil de travail, les hommes et les femmes, doit être sacrifié à la logique de la division internationale du travail.

   

Fin d’une mort annoncée. Mais les ouvriers de la Kos ne l’entendent pas ainsi. Pas question de mendier quelques avantages complémentaires dans une grève sans espoir, ils veulent plus, contre vent et marée, ils veulent sauver la Kos et leur emploi. Combat perdu d’avance juge les responsables économiques et politiques, il faut sauver les meubles. Eux veulent sauver la Kos.

Leur révolte va tourner vinaigre quand d’occupation en manifestations, l’affrontement avec les forces de répression fera des blessés et des morts. La ville de Raussel est moribonde sans la Kos, son poumon économique, dans certaines familles les membres s’affrontent, pris entre la volonté d’espérer malgré tout et de continuer le combat malgré tout, un tissu social qui vole en éclats, autant de morts collectives.  Les morts sont autant ceux qui ont été tués dans les affrontements que cette ville morte, ville fantôme qui ne se remettra sans doute jamais de cette terrible épreuve.

          
Le téléfilm diffusé sur Arte    


Reste cette solidarité irremplaçable entre ces hommes qui luttent pour leur survie, qui auront au moins vécu une expérience irremplaçable et pourront sortir la tête haute d’un conflit où ils auront appris que dans la logique de la lutte économique, il faut tuer l’autre. Crime symbolique qui pour eux n’a rien de théorique, où ils ont l’impression à chaque instant de la lutte de jouer leur avenir, cet avenir dont ils sentent bien qu’on veut leur voler et que, derrière les beaux discours et les promesses, se cache l’impuissance des forces socio-économiques locales et des pouvoirs publics. Reste aussi ce principe fondamental de leur dignité : « Ceux qui se battent, qui luttent sont les vivants. Les morts sont ceux qui acceptent leur sort. »

     

Citations et critiques
« Histoire sociale, histoires d'amour qu'on dévore entre frisson, horreur et passion, voilà un livre-monde, un livre-vie comme on en lit peu dans la littérature française d'aujourd'hui. » Télérama.

« On ne peut pas seulement se rêver et mourir sans avoir vu ses rêves s'accomplir. »
« J’ai du travail ; mais c’est vrai que ce travail me permet seulement d’assurer ma survie pour que je puisse continuer à travailler ; je suis propriétaire de ma maison ; mais c’est vrai que je ne le suis qu’en apparence, en réalité, c’est la banque qui l’est ; je suis libre d’aller où bon me semble ; mais ça, ce n’est vrai qu’en théorie car j’ai pas un sou vaillant pour me déplacer ; j’ai la liberté d’expression, mais chacun sait que s’exprimer publiquement sur l’entreprise qui vous emploie c’est ouvrir soi-même la porte d’où on vous poussera dehors... je suis un esclave, nous sommes des esclaves. » 

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Gabriel Chevallier de Lyon à Clochemerle

L'écrivain Gabriel Chevallier (3 mai 1895, Lyon - 6 avril 1969, Cannes)

              Gabriel Chevalier
Gabriel Chevallier dites-vous... Ah bien sûr, la pissotière de Clochemerle qui a rendu célèbre de Vaux-en-Beaujolais, le village où est censée se dérouler l'action... L'auteur s'en défend, mais que peut-il contre la "vox populi" ! Son roman haut en couleurs et truculent, par son succès même a largement effacé l'auteur et son œuvre. La meilleure et la pire des choses pour Gabriel Chevallier qui s'en est expliqué dans un autre ouvrage intitulé L'envers de Clochemerle en 1966.
Sa jeunesse, Gabriel Chevallier l'a égrenée dans les deux tomes de ses Souvenirs apaisés. Dans Chemins de solitude, il évoque son enfance lyonnaise, sa vie dans un agréable quartier du 5ème arrondissement, le Vieux-Lyon, entre ses parents, son père clerc de notaire, « fils d'une bourgeoisie un peu déclinante qui avait eu des revers depuis une trentaine d'années. »

Il se penche sur le temps de son enfance, cette "belle époque" de l'avant-guerre qu'il appelle « l'âge du pétrole, » lui trouvant un air désuet certes, mais lui reconnaissant aussi une « certaine tenue. » Puis une adolescence gâchée par la guerre qui le marquera à jamais [1] Il va la régurgiter 'sa' guerre dans son roman La Peur paru en 1930, [2] une œuvre saisissante dont son ami Bernard Clavel dira que c'est une peinture d'une telle intensité  qu'elle parvient à transcrire la terrible réalité. [3]

Son après-guerre sera faite de petits boulots [4], une vie de bohème en ces « temps incertains », un monde englouti par la guerre et plein de désillusions. Pour sa bande de copains conduite par Henri Béraud, c'est l'époque de la brasserie du Nord ou de la taverne La Ratière située derrière l'Hôtel-Dieu près des quais du Rhône, c'est aussi le temps de la peinture avec le groupe des Zignards de Marius Mermillon. [5] Car sa vocation fut d'abord la peinture. A16 ans, il fréquentait déjà l'Ecole des Beaux-Arts de Lyon mais la guerre interrompit brusquement sa formation.

De Lyon il disait que « c'est une ville de peintres. Son ciel, ses perspectives, ses fleuves et ses environnements prédisposent à l'expression plastique. » Il cherchait alors cette lumière miroitante que traquera plus tard Bernard Clavel  sur les bords du Rhône à Vernaison. Ils mettront tous les deux un peu de temps à s'apprivoiser et Bernard Clavel dira toute sa détresse lors de la disparition de son ami qui l'avait incité à partir pour Paris tenter sa chance.


Repères bibliographiques
* La série des "Clochemerle" : Clochemerle (1934), Clochemerle-Babylone (1951), Clochemerle-les-Bains (1963), L'envers de Clochemerle (1966);
* "La Peur", 1930, rééditions PUF 1985, LGF 2010
* "Lyon 2000", éditions PUF, juillet 1958
        
                                 Oeuvres de Gabriel Chevalier

Références

  1. Croix de guerre 14-18 et chevalier de la Légion d'Honneur.
  2. « On enseignait dans ma jeunesse — lorsque nous étions au front — que la guerre était moralisatrice, purificatrice et rédemptrice. On a vu quels prolongements ont eu ces turlutaines : mercantis, trafiquants, marché noir, délations, trahisons, fusillades, tortures; et famine, tuberculose, typhus, terreur, sadisme. »
  3. Gabriel Chevallier a 19 ans en 1914, quand la guerre éclate. Il s’engage dès le premier jour. Simple soldat dans l’infanterie, il est blessé après un an de guerre, pendant la bataille d’Artois. Après un séjour à l’hôpital il retrouve les tranchées. Il y reste jusqu’à la fin de la guerre, au Chemin des Dames et dans les Vosges.
  4. Il exerça divers métiers tels que retoucheur de photographie, voyageur de commerce, journaliste, dessinateur, affichiste, professeur de dessin…
  5. Le groupe des Zignards comprenait aussi Jacques Martin, Adrien Bas, Charles Sémard, Philippe Pourchet...
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vendredi 17 octobre 2014

Le huit-clos de Sigmaringen

   <<<<<<<<<  Sigmaringen  : la comédie de l'Histoire >>>>>>>>>>>

Décrire le huit-clos de Sigmaringen avec, non pas le regard froid de l'historien,mais le regard décalé du romancier, pose le problème de savoir sous quel angle aborder le sujet. Pierre Assouline à répondu à sa manière à cette question en plaçant le majordome au centre de son récit. [1] Concernant ce personnage, Pierre Assouline a précisé dans une interview : « Il a en effet bien existé, mais je l’ai réinventé. Le majordome de l’époque, au service des Hohenzollern, puis des Français, dans le château de Sigmaringen, s’appelait en réalité Oelker ».

        Jean-Paul Cointet "Sigmaringen"

Pour aborder la tragi-comédie de Sigmaringen, il y a aussi le regard de l'historien Jean-Paul Cointet qui retrace les difficultés, l’angoisse de l'exil et de la situation du dernier carré des collabos, souvent conscients, comme l’acteur Le Vigan, de sa déchéance, tandis que Marcel Déat note « qu’est-ce qu’on va devenir dans ce patelin ? ». [2] On peut y voir aussi une réédition des petites guéguerres vichyssoises, Doriot le successeur désigné opposé à de Brinon, les cabales en cascades qui ne font qu'exaspérer des relations déjà difficiles face à  une situation militaire qui se dégrade chaque jour davantage.

      

Sigmaringen, d'un point de vue historique, est un château au sud de l'Allemagne, sur le Danube dans le Bade-Wurtemberg, choisi par Hitler pour héberger la dernière garde de la Collaboration française perdue dans ce coin de l'Allemagne. [3]

Comme le présente lui-même Pierre Assouline, « Julius Stein est le majordome général des Hohenzollern, quand, en 1944, Hitler réquisitionne leur château de Sigmaringen, pour que s’y réfugient le maréchal Pétain et le gouvernement de Vichy. » Régissant la domesticité et organisant la vie du château de septembre 1944 à avril 1945, Julius Stein est donc particulièrement bien placé pour assister aux rivalités exacerbées qui se font jour dans cet univers confiné entre ces Français à l'ego contrarié par la déroute annoncée, exacerbé par de fortes personnalités dominées par des figures comme Pierre Laval, Marcel Déat [4], Jacques Doriot [5], Fernand de Brinon, [6] Abel Bonnard [7].

      
        Fernand de Brinon                                Abel Bonnard

Ces relations franco-allemandes stéréotypées par la guerre, marquées par ce gouvernement d’opérette en exil,
Pierre Assouline les tempèrent par une liaison entre Julius et l’intendante du Maréchal, Jeanne Wolfermann, qui pour compliquer les choses, se trouvent être une Française d’origine alsacienne, donnant un peu de romanisme dans ce qui aurait pu être une comédie de boulevard manière Obaldia. Même si le drapeau français a flotté pendant huit mois, non sur la marmite, mais sur le château des Hohenzollern [8] Pierre Assouline pense que tout ceci « n’est pas un épisode majeur, parce que ça n’a rien changé à rien ». 

La situation confinait à l’absurde, une espèce de dédoublement de la personnalité qui permettait à ces hommes de se croire encore investis de pouvoirs, de prendre des décisions qui impliquent l’État, alors qu’ils étaient promis à la prison ou même à la potence, même si Céline a écrit que « c’est un moment de l’histoire de France qu’on le veuille ou non… ».

Curieuse période n’empêche, quand l’histoire s’écrivait ailleurs. Les combats continuaient certes, les Allemands lançaient leurs dernières forces dans les Ardennes, mais l’équilibre des forces était clair, et l’aveuglement des hôtes français, leurs illusions collectives confinaient à l’absurde. On vit les ministres s’empoigner pour de lamentables questions de préséance dans les escaliers ou l’ascenseur pendant que leurs femmes dérobaient les couverts.

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Joseph Darnand                            Jean Luchaire

C'est un curieux mélange que cette faune où l'on trouve pêle-mêle de "maréchalistes" proches du maréchal Pétain et de son gouvernement, des "ultras" qui ont créé des groupes politiques proches des Allemands -qu'ils financent souvent-  et des collabos comme l'inénarrable écrivain Céline. En fait, mettre ensemble tous ces individus, c'était créer les conditions d'une situation ingérable très rapidement.


Général Eugène Bridoux

Là-bas, dans ce milieu confiné et protégé, dans des conditions matérielles qui sont parfois difficiles, on joue au gouvernement provisoire, on se met "en grève", on se fait du cinéma. Entre Pétain, Laval et de Brinon, chef de la Commission gouvernementale (le gouvernement en exil), c'est la haine cordiale et les vexations quotidiennes. Outre de Brinon, la Commission est constituée de Marcel Déat, Joseph Darnand, Jean Luchaire et Eugène Bridoux, mélange improbable d'hommes aux objectifs inconciliables. On caresse même l'idée de recruter de nouveaux membres et les chefs miliciens veulent organiser la lutte clandestine, en créant des maquis. L'opération Maquis blanc a ainsi prévu de parachuter des agitateurs politiques pour préparer les futurs maquis et des agents de renseignement se coulant dans la population.

            

Céline, [9] dans son roman-témoignage D'un château l'autre, parle des conditions de vie « grotesques » des réfugiés politiques français. Résidant dans un hôtel près du château, le Löwen, Céline se plaint d'être nourri « de Stammgericht écœurant, à base de choux rouges et de raves, prodigieusement laxatif ».

Il y décrit cette espèce de ridicule ambiant qui y règne : la promenade journalière du maréchal Pétain, son protocole pesant, la rigidité des Allemands, les rêves fous des idéalistes ou encore d'artistes espérant encore la victoire de l'Allemagne, les parties fines des militaires, l'hygiène plus que douteuse due à l'absence de service sanitaire, des mises en scène défiant toute réalité ou des réalisations bidon comme les réceptions officielles ou ce voyage officiel vers Hohenlychen, près de Lychen dans l'actuel Land de Brandenbourg...

A travers ses propos, on croise bien sûr les figures tutélaires du maréchal Pétain et de Pierre Laval, mais aussi l'ambassadeur allemand Otto Abetz, Alphonse de Châteaubriant, écrivain connu et chantre de la Collaboration ou Jean Bichelonne, jeune et brillant technocrate mort en Allemagne en décembre 1944, dans un récit sans grande cohérence narrative, donnant l'idée d'un chaos propre à ces "fins de règnes" que sont ces fidèles de Vichy.

          de Chateaubriant, Alphonse Biography
Jean Bichelonne                            Alphonse de Chateaubrillant     

Notes et références
[1]
Le regard du majordome n'est pas neutre : on n'est pas impunément catholique et attaché à la famille des Hohenzollern, son amour de la musique.
[2] Note de son journal du 6 décembre -  cité par Jean-Paul Cointet, "Sigmaringen" p.198
[3] En fait, entre le château et la ville, il y a un millier de Français collaborateurs, une centaine d'« officiels » du régime de Vichy, quelques centaines de membres de la Milice française, de militants des partis collaborationnistes et la rédaction du journal Je suis partout.
[4] Marcel Déat (1894-1955) mort à Piossasco, près de Turin, est un socialiste, néo-socialiste puis collaborationniste. Député SFIO, il est exclu du parti en 1933, ministre de l'Air en 1936 dans le cabinet Sarraut, député anticommuniste en 1939, il fonde en 1941 du Rassemblement national populaire, puis prend des positions de collaborationniste. Ministre du Travail et de la Solidarité en 1944, il s'enfuit à Sigmaringen puis en Italie.
[5] Jacques Doriot (1898 - 1945) est un journalisme et un homme politique communiste puis collabo et fasciste. Il est le fondateur du Parti populaire français qui fut l'un des deux principaux partis français de la Collaboration. En février 1945, il meurt après avoir été mystérieusement mitraillé par un avion à Mengen dans le  Wurtenberg.
[6] Fernand de Brinon est un avocat, journaliste et homme politique né en août 1885 à Libourne et exécuté le 15 avril 1947 au fort de Montrouge près de Paris. Réfugié à Sigmaringen en août 1945, il y présida la "Commission gouvernementale" (espèce de gouvernement en exil). Devant l'avancée des armées alliées au début mai 1945, il tente d'abord de rejoindre l'Espagne par avion mais échoue dans ses tentatives.
[7] Abel Bonnard (1883-1968) mort en exil à Madrid, est un poète, romancier, essayiste et homme politique. Fervent maurrassien, il évolua vers le fascisme et al collaboration.
[8] La maison de Hohenzollern a donné notamment des empereurs d'Allemagne, des rois de Prusse et de Roumanie, des princes-électeurs de Brandebourg et des princes de Hechingen et  de Sigmaringen.
[9] Céline est à Sigmaringen en tant que médecin avec le docteur Ménétrel, un homme très proche du maréchal Pétain

Mes autres fiches sur cette époque

Auschwitz, enquête  -- Annette Wieviorka, Sur la Shoa  --  Marthe et Mathilde  -- La Résistance à Lyon  --  Une femme à Berlin  --  Irena Sendler  -- Marc Lambron, 1941

Bibliographie

* Louis-Ferdinand Céline, D’un château l’autre, roman, 1957.
* Jean-Paul Cointet, Sigmaringen – Une France en Allemagne (septembre 1944-avril 1945), Paris, Perrin, 2003, 368 p. ISBN 2262018235.
* Henry Rousso, Château en Allemagne - Sigmaringen 1944-1945, Hachette Pluriel, 2012.
* Pierre Assouline, Sigmaringen, Paris, Gallimard, 2014, 368 p. ISBN 978-2070138852.

        
Marcel Déat                     Jacques Doriot                  Robert Le Vigan

Critiques du livre d'Assouline
* « Pierre Assouline entraîne le lecteur dans une ambiance au croisement d'Au théâtre ce soir, des Vestiges du jour [...] et d'un documentaire sur la fin des choses. Sigmaringen est également une encyclopédie de la fatuité, de la mégalomanie et de l'indifférence qui assaillent les seconds rôles de la tragédie du XXe siècle ». Le Point 21/01/2014
* « Fort d'une copieuse documentation, Assouline rend bien le climat de cette déliquescence surréaliste, qui agit par contre comme un carcan pour déployer une intrigue qu'on aurait souhaitée plus développée, malgré quelques beaux rebondissements. » La Presse 03/03/2014
* « Où Pierre Assouline raconte la fin pathétique du régime vichyste dans un roman sur Sigmaringen. » Bibliobs 23/01/2014

    <> CJB Frachet - Sigmaringen - Feyzin - 17 octobre 2014 - <><> © • cjb •  © <>