vendredi 26 décembre 2014

Alain Badiou et Bernard-Henri Lévy

S'ils ne sont pas de la même génération -Badiou est plutôt de l'époque de la French Theory- ils se sont pourtant croisés en 1969 quand Alain Badiou militait dans un groupe maoïste rival de la Gauche prolétarienne dont  Bernard-Henri Lévy, sans être un militant, était proche.

Si des possibilités de rapprochement ont existé entre eux, il faut les chercher auprès d'hommes comme Michel Samuel un ami de BHL à l'époque de Louis Le Grand qui fut ensuite un des lieutenants du jeune Badiou, ou encore Bernard Sichère, [1] membre du Groupe Foudre, [2] pratiquant l’activisme politique à Vincennes au début des années 1970, avant de rejoindre dix ans après les Nouveaux Philosophes et auteur d'ouvrages sur Jacques Lacan ou Maurice Merleau-Ponty publié chez Grasset dans la collection « Figures » que dirigeait Bernard-Henri Lévy.

   Alain Badiou

Alain Badiou  a ensuite pris Bernard-Henri Lévy dans son collimateur, l'accusant d'avoir assimilé « l’idée communiste » au totalitarisme de gauche et d'identifier l'humain à une vague idéologie des droits de l’homme. Bernard-Henri Lévy s'en est défendu dans Ce Grand cadavre à la renverse, constatant son silence sur la Bosnie et sur tout conflit qui sort d'un cadre préétabli où les Etats-Unis représentent "l'empire du mal" ou lors de la parution du pamphlet de Badiou sur Sarkozy,"De quoi Sarkozy est-il le nom", quand il a critiqué sa métaphore de "l’homme aux rats". Dans le premier ouvrage, il parlera de « défaite de l’intelligence et du cœur. Crépuscule du regard politique alors même qu’on prétend l’aiguiser ».

Résultat de recherche d'images pour    Bernard-Henri Lévy

Cependant, Bernard-Henri Lévy s'est toujours démarqué de ceux qui accusaient Alain Badiou de défendre une ligne teintée d'antisémitisme, même déguisé. De même, Alain Badiou a toujours éviter les attaques insultantes envers Bernard-Henri Lévy. Témoin leur échange l’Ecole Normale supérieure en avril 2004, lors d’un cycle de conférences intitulé « Regards sur le changement, » un échange que beaucoup ont qualifié de pugnace mais loyal.

Tandis qu'Alain Badiou écrivait simplement dans Le Monde du 24 juillet 2008 que Bernard-Henri Lévy était « le chef de file des intellectuels médiatiques commis à la Restauration », Bernard-Henri Lévy écrivait de son confrère dans La Règle du Jeu en mai 2009 : « Un adversaire. Mais que je ne parviens pas à détester. A cause de Mallarmé, sans doute. D’une idée de la révolution fondée sur Mallarmé plus que sur Marx ou sur Lénine. De l’allure ».

« Un homme de l’exposition »
A cette occasion, Alain Badiou reconnaît d'abord le talent de Bernard-Henri Lévy en retraçant son parcours : « Nous savons tous que Bernard-Henri Lévy est un écrivain de haut vol, un philosophe qui a traité des dossiers d’une grande complexité, et il est aussi, dans le même temps, de façon délibérée et volontaire, un homme des médias, un homme de la communication de masse, un homme de la diffusion, un homme des tirages, un homme en quelque sorte de l’exposition ».

Il constate son souci de vivre dans le réel et d'être de son époque : « En ce sens, de sa participation originaire à un premier bilan de la période révolutionnaire, à la fin des années 70, jusqu’à sa vaste enquête actuelle sur la diversité immanente du monde musulman, il y a un suivi très rapproché de ce qui agite les consciences, les opinions ou les spectacles dans les étapes successives de notre temps. »

Il poursuit par cette comparaison teintée d'ironique : « Vous savez Lénine – ça c’est une citation anachronique ! mais tant pis je la fais quand même ! – disait que la jeunesse intellectuelle était « la plaque sensible de son temps ». Eh bien à ce titre, on pourrait soutenir que Bernard-Henri Lévy est resté de façon définitive dans la jeunesse intellectuelle parce qu’il est vraiment non seulement un interprète mais peut-être mieux encore une plaque sensible des soucis de l’époque. Je pense que lui convient par conséquent cette définition léniniste de la jeunesse ».

De son côté, Bernard-Henri Lévy se place plus dans le champ social, de "l'intellectuel engagé" et défenseur des bonnes causes prenant son bâton de pèlerin à l'occasion de chaque crise internationale ou humanitaire, reprochant aux autres d'agir différemment. « Qui m’a reproché mon «silence social» ? Les amis de Monsieur Bourdieu et du Monde Diplomatique ? Alain Badiou ? Je ne les ai pas entendus, eux, quand on massacrait les Bosniaques, ou les Tchétchènes, ou les femmes algériennes, ou les Irakiens anti-Saddam. Comme si la misère du monde, hors des frontières de la France, ou hors des cadres rassurants de l’anti américanisme, ne les concernait plus. » (Interview au Nouvel Observateur, février 2007).

Il poursuit dans la même veine lors de cet échange avec Alain Finkielkraut :
« Si vraiment le monde c’est Bush contre Chavez, que fait-on des génocidés du Rwanda ? des bonzes de Rangoon ? de tous les autres ? Eh bien c’est très simple et c’est Badiou qui le dit dans un texte terrible :  » on les laisse à leur arène". » Le Nouvel Observateur, octobre 2007

Dans son essai sur Sartre intitulé Le siècle de Sartre, Bernard-Henri Lévy analyse la contradiction de l'intellectuel conscient du danger du mal qui malgré tout finit par y succomber et devenir le compagnon de route du stalinisme, ce qui vaut à Badiou ce commentaire : « Aujourd’hui c’est un peu la même chose de la finesse de son travail sur Sartre. A l’examen un peu approfondi, on verrait qu’il n’établit Sartre ni tout à fait dans l’ancien monde ni tout à fait dans le nouveau. Dans cette figure exemplaire du rapport ancien des intellectuels au changement s’illustre le fait que quelque chose de l’ancien monde peut se laisser entendre depuis le nouveau monde, où il résonne encore au prix de divisions importantes, d’une contradiction interne subtile et complexe. »

Notes et références
[1]
Voir son article intitulé Mai-68 Mao Badiou et moi
[2] Le groupe Foudre d'intervention dans l'art et la culture est une émanation du mouvement intitulé L'Union des communistes de France marxiste-léniniste

Quelques références sur Alain Badiou
1937 : naissance à Rabat - 1957 : entre à l'Ecole Normale Supérieure de la rue d'Ulm.
1968 : participe au développement du Centre universitaire expérimental de Vincennes.
1999 : Retour à la rue d'Ulm comme "caïman"
2007 : publie "De quoi Sarkozy est-il le nom ? chez Nouvelles Éditions lignes
2009 : dialogue Badiou/Finkielkraut paru dans Le Nouvel Observateur 



 





 Foucault, Derrida, Deleuze & cie par François Cusset



Références bibliographiques
- Almagestes. Trajectoire inverse I, Seuil, 1964  --  Portulans. Trajectoire inverse II, Seuil, 1967
- Le Concept de modèle, Maspero, 1969  -- L’Écharpe rouge, Maspero, 1979
- Théorie du sujet, Seuil, 1982  --  - Ahmed le subtil, éd. Actes Sud, 1984
- Peut-on penser la politique ?, Seuil, 1985  --  L’Être et l’Événement, Seuil, 1988
- Le Nombre et les Nombres, Seuil, 1990  --  D’un désastre obscur, Éditions de l’Aube, 1991  --  Conditions, Seuil, 1992.
- Saint Paul. La fondation de l’universalisme, PUF, 1997  --  Abrégé de métapolitique, Seuil, 1998.
- Court traité d’ontologie provisoire, Seuil, 1998 --  Le Siècle, Seuil, 2005  --  Second manifeste pour la philosophie, Fayard, 2009
- Circonstances 1- Circonstances 2 - Circonstances 3. Portées du mot « juif » - Lignes & Manifeste 2003-2005
  Circonstances 4. De quoi Sarkozy est-il le nom ? - Circonstances 5. L’hypothèse communiste, Nouvelles Éditions Lignes, 2007 & 2009

<< Christian Broussas - Badiou/BHL Feyzin - 25 décembre 2014 - © • cjb • © >>

dimanche 21 décembre 2014

Les "Nouveaux philosophes"

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Vers 1975, quand le mouvement de la gauche prolétarienne se divise sur le totalitarisme qui mine le communisme, certains de ses membres suivent Alain Badiou dans sa volonté de relecture du marxisme, d’autres se lancent dans une critique virulente de ce totalitarisme qui se voudrait « à visage humain » comme disait Bernard-Henri Lévy.  La génération précédente de la French Theory [1] resta très divisée, se retrouvant seulement en partie avec Michel Foucault et Roland Barthes, dans ce mouvement porté par les médias.

                
       Michel Foucault                 Roland Barthes                         


Réaction deleuzienne face à  cette « démarxisation médiatique,» qui les accuse de prospérer sur les cadavres du goulag, d'être une «force de réaction fâcheuse» à travers la sujétion de l'intellectuel au journaliste. Une soumission sans équivalent «de la pensée aux médias».

       Gilles Deleuze

Les Nouveaux philosophes, appellation BHL certifiée,  naissent en effet de l’effet combiné de se retrouver à la une des « Nouvelles littéraires » en 1976 et sur le plateau de l’émission « Apostrophes » qui révéla en particulier à des millions de téléspectateurs la diction hachée de l’ombrageux Bernard-Henri Lévy.

Pour lui, comme pour d'autres « ex-nouveaux philosophes, » le combat est comme il l'écrit dans son essai American Vertigo, une « nouvelle étape d'une ancienne révolution commencée avec Lénine, continuée avec Hitler et Mussolini, et qui trouve avec les escadrons de la mort "benladénistes" le dernier de ses avatars».

BHL_Philippe_Cohen.jpg                  
       B-H Lévy                 

André Glucksmann, l'autre grande figure des Nouveaux philosophes qui a publié en 2006 sa biographie intitulée « Une rage d'enfant », avait démarré en fanfare : soutenu par Jacques Lacan et Louis Althusser, il publie un essai à succès, "La cuisinière et le mangeur d'homme". Il restera « l'homme qui a débarrassé Paris de ses amours totalitaires ».
C'est la lecture de L'archipel du Goulag de Soljénitsyne qui a décillé cet infatigable défenseur de la cause tchétchène et l'a définitivement éloigné du « grand soleil révolutionnaire, platonicien et théologique ». 

Pierre Bourdieu en particulier, sera particulièrement critique vis-à-vis d'André Glucksmann dans Actes de la recherche en sciences sociales, la revue qu'il dirige, ou le sociologue Claude Grignon dénonce un discours « sans queue ni tête » et les « faux paradoxes » d'un « révolutionnaire conservateur »... [2] Benny Lévy, ex Gauche prolétarienne et secrétaire de Jean-Paul Sartre, reconnaît que toutes les actions menées « avec Glucksmann et les autres n'allaient pas tarder à tourner à un assaut contestataire contre la gauche elle-même. »

En 2006, il a soutenu Alain Finkielkraut traité comme lui de « néoréac » dans un article du Nouvel Observateur, lui qui nie la coupure droite-gauche et pense que la France est le dernier refuge d'un « archéo-marxisme » persistant. Pourtant, il a reconnu avoir perçu « la dimension agressivement marketing de l'opération ». Reste que par rapport aux Nouveaux philosophes, il se sentait «plutôt du côté de la bienveillance de Foucault que du radicalisme deleuzien... Foucault, au moins, commençait à prendre en compte l'horreur totalitaire ».
                   Glucksmann en 2010

Curieux ce vocable de Nouveaux philosophes, "nouveaux" par rapport à quoi ou à qui, et surtout jusqu’à quand, peut-on se demander, quant au "philosophe", il n’apparaît guère dans cette équipe qui fustige le totalitarisme à longueur d’ondes et remplit le vide idéologique de l’après 68. Ils ne sont pourtant pas les premiers à dénoncer les totalitarismes et leurs prédécesseurs comme Cornelius Castoriadis ou Claude Lefort se gaussent de BHL, balançant à la lecture de « La Barbarie à visage humain » « entre le fou rire et l'indignation devant le grotesque de la rhétorique et l'indigence du propos ». [3]

En bientôt 40 ans, le cercle s’est rétrécis, Christian Jambet par exemple a pris ses distances, refusant d’être plus longtemps un « intellectuel médiatique ». D’autres ont rejoint des horizons bien différents, Luc Ferry flirtant avec la politique, [4] Alain de Benoist devenu l'apôtre de la Nouvelle droite. Le plus difficile pour eux est sans doute le retour en force des philosophes de la French Theory, fort en vogue aux États-Unis, les maîtres « déconstructeurs » Jacques Derrida [5] ou Gilles Deleuze [6] que les Nouveaux philosophes avaient pourtant fort décriés en particulier pour sa théorie du désir. [7]

                              
  Jean-Paul Dollé                 Christian
Jambet             Guy Lardreau

Découpés en ombres chinoises derrière les deux grands pontes du mouvement, les autres Nouveaux philosophes sont pour l'essentiel rentrés dan le rang. Christian Jambet et Guy Lardreau, les auteurs de L'Ange, ouvrage clé paru en 1976, qui se présentait comme une « Ontologie de la révolution », au sous-titre percutant « Pour une cynégétique du semblant », ont disparu de la scène médiatique, le premier donne maintenant dans l'orientalisme, le second dira d'ailleurs sans ambages : « Nous pensons tout le mal possible de la nouvelle philosophie et nous ne voyons pas pourquoi nous ne le dirions pas... » Quant à Jean-Paul Dollé, autre co-fondateur de la Gauche prolétarienne et comme les précédents ancien élève d'Althusser, il dit clairement qu'en 1977, il existait bien une génération de nouveaux philosophes, mais pas de « nouvelle philosophie ». Dollé s'est très vite retiré des effluves médiatiques émanant des Nouveaux philosophes, se consacrant à sa passion l'architecture et créant avec l'architecte Roland Castro l'association Banlieue 89.  

La nouvelle génération de philosophes, quitte à rejeter toute forme de totalitarisme, aurait plutôt tendance à se tourner vers les pionniers de cette remise en cause comme Claude Lefort qui avec Cornelius Castoriadis créa le groupe Socialisme ou Barbarie. Sa force fut de lutter sans réserve contre le totalitarisme, soutenant par exemple l'insurrection de Budapest en 1956, tout en rejetant les chimères alternatives du maoïsme et les belles promesses du capitalisme libéral.
Cette génération semble aussi beaucoup mieux se reconnaître dans les idées du philosophe Jacques Rancière [8] et sa critique de l'élite intellectuelle qui rejoint l'analyse sociologique de Pierre Bourdieu. [9]

             
Jacques Rancière                  Claude Lefort
                     Cornélius Castoriadis

Notes et références
[1] Sur la French Theory, voir François Cusset, French Theory, Foucault, Derrida, Deleuze & Cie et les mutations de la vie intellectuelle aux États-Unis, La Découverte, Paris, 2003.
[2] Claude Grignon, « Tristes topiques », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 2, 1976, p. 33-34 
[3] « La Condition historique », par Marcel Gauchet, «Folio Essais», p. 205-206
[4] Sur la critique des écrits de Luc Ferry, voir les philosophes  Jacques Bouveresse ou Dominique Lecourt.
[5] Selon Derrida, à l'origine de cette "méthode",  les différentes significations d'un texte peuvent être découvertes en décomposant la structure du langage dans lequel il est rédigé.
[6] Voir par exemple « Fresh Théorie », collectif de jeunes philosophes aux Editions Léo Scheer

[7] Deleuze pose comme postulat que le désir est production. Cela a une double conséquence : on ne saurait le concevoir comme manque et il est investissement immédiat de la réalité sociale.
[8] Voir en particulier de Jacques Rancière,"La haine de la démocratie" et "Le philosophe et ses pauvres"
[9] Su la relation Bourdieu-Rancière, voir le livre de Charlotte Nordmann, "Bourdieu/Rancière : la politique entre sociologie et philosophie", Éditions Amsterdam, 2006, réédition Amsterdam Poches, 2008

Bibliographie
* André Glucksmann, La Cuisinière et le Mangeur d'Hommes - Réflexions sur l'État, le marxisme et les camps de concentration, Seuil, 1975, Les Maîtres penseurs, Grasset, 1977
*  Bernard-Henri Lévy, La barbarie à visage humain, Grasset, 1977, Le testament de Dieu, Grasset, 1979
* Christian Jambet, Guy Lardreau, L'ange, Grasset, 1979
* Michel Foucault, Dits et écrits II, "Non au sexe roi" et "La grande colère des faits", réédition Gallimard, 2001
* Roland Barthes, Lettre à Bernard-Henri Lévy, Les Nouvelles littéraires, 1977, réédition Œuvres complètes V, Le Seuil, 2002 
* Philippe Sollers, La barbarie sans foi ni loi, Le Nouvel Observateur, 1979

Principaux critiques
* François Aubral et Xavier Delcourt, Contre la nouvelle philosophie, Gallimard, 1977
* Jean-François Lyotard, Instructions païennes, Éditions Galilée, 1977, (la cie Clavel), La condition postmoderne, éditions de Minuit, 1979
* Gilles Deleuze, "Les nouveaux philosophes", revue Minuit, 1977
* Guy Lardreau, "Une dernière fois, contre la Nouvelle philosophie", revue La Nef, 1978
* Michel Guérin, Le génie du philosophe, réponse à quelques anti- et nanti-philosophes, dits « nouveaux », Le Seuil, coll. « L'ordre philosophique » "Réponse à quelques anti- et nanti-philosophes, dits « nouveaux », Le Seuil, coll. "L'ordre philosophique", 1979
* Pierre Bourdieu, « Le hit-parade des intellectuels français, ou Qui sera juge de la légitimité des juges ? », Homo academicus, Minuit, 1984

*Dominique Lecourt, Les piètres penseurs, Flammarion, 1999 -- François Cusset, French Theory, La Découverte, 2003 -- Didier Eribon, D'une révolution conservatrice et de ses effets sur la gauche française, éditions Leo Scheer, 2007 -- Daniel Bensaïd, Un nouveau théologien : Bernard-Henri Lévy, Lignes, 2008 -- Michaël Christofferson, Quand Foucault appuyait les "nouveaux philosophes", Le Monde diplomatique, 2009
* BHL et Badiou

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