Rappel :Mario Vargas Llosa, prix Nobel de littérature, prix Gallegos en 1967 et prix Ritz Paris Hemingwayen 1985.
      

Voilà que Mario Vargas Llosa nous gratifie d’un roman policier qu’annonce le titre : qui a donc tué Palomino Molero ? Mais bien sûr l’intrigue policière cache une critique sociale des dysfonctionnements dans un pays qui a du mal à trouver son équilibre.
Mario Vargas Llosa décrit sans complaisance les ghettos des riches, que ce soit sur la base militaire avec ses jolis maisons et leur petit jardin fleuris, la piscine ou dans le village la société pétrolière qui n’apporte rien à l’économie locale et pollue l’eau sans vergogne.  

Le corps d’un jeune homme nommé Palomino Molero, affreusement mutilé et accroché à un arbre, donc dans une mise en scène destinée à frapper les esprits, est découvert par un jeune chevrier. L’enquête qui démarre conduit le lieutenant Silva et le sergent Lituma sur les traces d’un crime d’honneur, dans les landes assez désolées et caillouteuses au nord du Pérou, autour d’une base militaire.
        

Les tribulations des deux policiers servent de points d’appui à la peinture d’une société villageoise faite d’un tas de masures, que ce soit à Tarama où se déroule l’essentiel de l’action ou à Amotape centré sur la gargote de Doña Lupe que les policiers sont venus interroger. La population est à cette image, comme dans beaucoup de ces villages misérables du tiers-monde, truculente et parfois sordide, mesquine et pitoyable qui rappelle l’univers d’un Garcia Marquès.

Ce qui intéresse l’auteur, c’est bien sûr de présenter sa vision des problèmes socio-économiques de son pays le Pérou,  cette opposition entre la misère d’une population laissée à elle-même et l’opulence ostentatoire des pouvoirs constitués, que ce soient le pouvoir politique avec son administration ou le pouvoir militaire.



Comment dans cette contrée  aux mentalités figées dans le temps, le colonel Mindreau pourrait-il accepter l’amour de sa fille pour Palomino, un pauvre métis ?  Un déclassement social impensable sur fond de racisme . Comme le dit le gendarme Lituma, Alicia la fille du colonel Mindreau « avait hérité sa manie de mépriser et d’insulter ceux qui n’étaient pas blancs. »

La vérité s’effiloche dans les rumeurs et les fantasmes véhiculés par cette affaire, les  rancœurs accumulées par une population qui ne croit plus les discours convenus du Pouvoir et de ses serviteurs.
La vérité est lourde à porter  et la carrière des deux gendarmes n’y résistera pas.

Voir aussi
* Ma fiche intitulée Mario Vargas Llosa, Une jeunesse bolivienne --
* Ma fiche intitulée Mario Vargas Llosa à Lima --

* La tante Julia et le scribouillard, texte très autobiographique sur son premier mariage
* Le poisson dans l'eau, son autobiographie jusqu’à son élection ratée à la présidence de la république

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