La métonymie et ses dérivés

1- La métonymie

La métonymie est une figure de style par laquelle on remplace un mot, par exemple « l’épée », par un autre mot avec lequel il a un lien logique, comme « le fer ». Ainsi, on peut dire : ces guerriers ont croisé le fer ! On désigne donc quelque chose : 
par un autre terme, d’un ensemble identique, ayant une relation logique avec ce terme.

11- Exemple : J’ai dégusté hier soir un onctueux bordeaux !
Ici, il s'agit du vin de la région de Bordeaux et non de la ville de Bordeaux, reliés par un lien logique : le lieu à la place de la chose. La métonymie sert de raccourci pour la pensée. Il serait plus fastidieux de dire à la place : « J’ai dégusté hier soir un onctueux vin de bordeaux ! ». [1]

Dans « La Trahison des images » de René Magritte (1898 - 1967) peint en 1929, il précise que « Ce n’est pas une pipe, mais la représentation d’une pipe ».

12- Autre exemple : extrait de Demain dès l’aube de Victor Hugo
"Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur…"
Métonymie : « les voiles » qu’évoque Hugo, désignent des bateaux. [2]

2- Les figures de styles principales

21- La différence entre métonymie et métaphore

Revenons aux deux vers de Victor Hugo qui comportent aussi une métaphore : « l’or du soir », qui renvoie ici au soleil couchant.
Quelle est alors la différence entre une métaphore et une métonymie, ces deux figures de substitution : on substitue un terme par un autre, le soleil couchant par l’or du soir, et les bateaux par les voiles.

Le procédé est cependant différent.
La métonymie est fondée sur un lien logique entre deux choses : parler d’un toit à la place d’une maison est logique, les maisons ayant a priori toutes des toits, tout comme parler du trône pour le pouvoir royal (le roi s’assoit logiquement sur un trône, ou le trône est un symbole du pouvoir royal).

La métaphore est en revanche fondée sur un lien analogique : on établit un rapport entre deux choses que l’on estime similaires, qui ont un point en commun, mais qui ne sont pas liées logiquement ou physiquement. Par exemple, Baudelaire compare sa jeunesse à un ténébreux orage ce qui exige un sérieux un effort d’interprétation. 

Bref, dans une métonymie, le lien entre les deux éléments existe a priori, alors que dans la métaphore, le lien entre les deux choses est créé par cette même métaphore. 

22- Les types de métonymies

Les métonymies sont très courantes et on les emploie sans s’en rendre compte. Métonymie, du grec métônumia (μετωνυμια), « changement du nom ».

Exemples de métonymies
à Cette obscure clarté qui tombe des étoiles, enfin avec le flux nous fait voir trente voiles ; (Ibid,IV, 3, Rodrigue)
à Paris a froid Paris a faim / Paris ne mange plus de marrons dans la rue / Paris a mis de vieux vêtements de vieille (Paul Éluard, Au rendez-vous allemand, Courage) -> Paris mis pour "la population de Paris". [3] 

Remplacer la cause par l’effet
à Refroidir quelqu’un à la place de tuer quelqu’un : l’effet (le refroidissement du corps) est substitué à la cause (tuer).

Remplacer l’effet par la cause
à Elle lisait un Maupassant à la place de elle lisait un livre écrit par Maupassant : la cause (Maupassant) est substituée à l’effet (le livre écrit).
*** Voir aussi Vivre de sa plume ou Avez-vous du feu ? 

Remplacer le contenu par le contenant
à Boire un verre : c’est bien sûr le liquide contenu dans le verre que l’on boit, et pas le verre. (cf aussi La salle a applaudi.)

Remplacer la chose par le lieu
à Le Quai d’Orsay, l’Élysée, Matignon, la place Beauvau pour désigner le ministère des Affaires étrangères, la présidence de la République, le Premier ministre, le ministère de l’Intérieur.
(cf aussi : Un roquefort, un cantal ou Un havane pour les cigares cubains.)

Remplacer la chose par le signe
à exemples : Hériter du trône, La couronne pour parler du monarque et son gouvernement ou Un cordon bleu pour parler d’un excellent cuisinier.
à La robe pour désigner la magistrature, l’épée pour désigner les militaires.
à Le sabre et le goupillon : métonymie moqueuse pour désigner l’alliance de l’armée et de l’Église.
à Les lauriers pour parler de la victoire (autrefois symbolisée par la couronne de lauriers).
à Une ceinture noire pour un judoka qui a le niveau requis pour porter une ceinture noire.

Substituer l’instrument à celui qui l’emploie
à Le premier violon de l’orchestre ou C’est une bonne fourchette, à propos de quelqu’un qui aime bien manger.

Remplacer l’objet par la matière qui le constitue
à Exemples : Un jean, L’or pour la monnaie, Un bronze de Rodin ou J’ai écrit un papier dans le journal de ce matin.

23- Les synecdoques [2]
La synecdoque est un type particulier de métonymie qui consiste à remplacer un terme par un autre qui lui est associé par un rapport d’inclusion. 

Une partie pour le tout
à Exemples : Un deux-roues, De nouveaux visages, Un troupeau de 100 têtes ou un hélicoptère survolait nos têtes (pour les corps en entier).

Le tout pour une partie
à Exemples : Marseille a battu Lille (pour parler des équipes de football) ou Le Canada médaille d'or au championnat du monde. (Le Canada = le joueur canadien vainqueur)

Remplacer l’objet par l’effet
à Exemples : Elle a reçu sa nomination ce matin : nomination désigne le document qui officialise sa nomination ou Il remettra sa démission demain.

  

24- Les Antonomases
à Exemple : Un apollon pour désigner un bel homme. [1]

Figure de rhétorique où un personnage est désigné par un nom commun ou une périphrase qui le caractérise (ex. la Dame de fer pour M^me Thatcher) ou par laquelle un nom propre devient un nom commun, par métaphore (un harpagon pour un avare) ou par métonymie (un colt, une poubelle).
 

Antonomase et métaphore : l'antonomase repose sur une substitution directe d'un terme par un autre, tandis que la métaphore établit un rapprochement implicite entre deux éléments par analogie. [3]

  

25- La périphrase
La périphrase est une figure de style de substitution qui consiste à remplacer un mot ou un groupe de mots par plusieurs mots.

Exemples 
* Périphrases "géographiques" : Venise du nord = Amsterdam - Ville éternelle = Rome - Ville lumière = Paris - La grande bleue = Méditerranée - Perfide Albion = Angleterre - Empire soleil levant = Japon
* Périphrases "mythologiques" : Aigle = oiseau de Jupiter - Chouette = oiseau d'Athéna - Colombe = oiseau de Vénus - Hibou = oiseau de Minerve

Comme on peut le voir dans la seconde série, la compréhension dépend de références littéraires  qui sont loin d'être évidentes.

Notes et références
[1] Quand on utilise un nom propre pour le substituer à un nom commun, on parle alors d’antonomase (un « tartuffe » pour un hypocrite, un « roquefort » pour un fromage de Roquefort, etc.). 
[2] Quand une partie d’un élément sert à désigner le tout (ou le tout pour désigner une partie), on parle alors de synecdoque.
[3] Dans la publicité, des entreprises ont réussi, par métonymie, à substituer leur propre nom à l’objet qu’elles vendent : kleenex, sopalin, kärcher, scotch, etc.

Voir aussi
*** MémoBirds --

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