vendredi 15 novembre 2024

Lien d'amitié

  

« De celui qui n’est plus, le cœur ne sait rien, sinon qu’il se répète : "Il était et Il n’est plus". […] À la tristesse ineffable succède l’idée que ceux qui meurent n’ont pas vécu en vain… et qu’il faut aimer la vie à l’excès dans autrui. »
Renaître, Hélène Grimaud
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Face à la tristesse qu'on ressent
Succède un sentiment plus puissant...

C'est comme une pensée récurrente
Qui me trotte en tête et qui me hante
Sans que je ne l'eusse pressenti
Me laissant pour un temps interdit.

Mais que sont ces quelques souvenirs
Qui m'arrachent une espèce de sourire
Et déchirent d'un coup nos silences
Me renvoyant à l'adolescence,
Aux jours heureux de l'insouciance,
Et à tous nos jeux sans importance.


Ce qu'on sait, on ne l'a pas appris,
Ça fait partie de nous, de nos vies,
Sans doute que ce doit être ainsi,
Un lien intemporel, mon AMI.
 

Que vienne alors un baume apaisant
Les plus douloureux de nos tourments !


 

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<< Ch.Broussas Lien d'amitié VI -
23/10/2024 >>
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mercredi 13 novembre 2024

Henri Michaux Un barbare en Asie

 Références : Henri Michaux, Un barbare en Asie, éditions Gallimard, collection L'imaginaire, 1933, réédition 1967 revue et corrigée, 233 pages

Ce que nous en dit Henri Michaux :

  

« Quand je vis l'Inde, et quand je vis la Chine, pour la première fois, des peuples, sur cette terre, me parurent mériter d'être réels. »
Il parle plutôt de « voyage réel entre deux imaginaires. » Il poursuit sur ce registre, disant que « peut-être au fond de moi les observais-je comme des voyages imaginaires qui se seraient réalisés sans moi, ouvre "d'autres". Pays qu'un autre aurait inventés. J'en avais la surprise, l'émotion, l'agacement. »

Mais il précise que cet ouvrage a posteriori ne lui convient plus car il pense qu'il « manque beaucoup à ce voyage pour être réel. » A cause du ton qu'il lui a donné, « tout ce que je voudrais en contrepoids y introduire de plus grave, de plus réfléchi, de plus approfondi, de plus expérimenté, de plus instruit, me revient, m'est renvoyé... comme ne lui convenant pas. Ici, barbare on fut, barbare on doit rester. »

Il écrira en 1967 une nouvelle préface dans laquelle il constate que l'Asie a changé à un point qu'il n'avait pas envisagé, confessant « sa naïveté, son ignorance, son illusion de démythifier. »
A partir de 1931, Michaux sillonne une bonne partie de l'Asie,
l'Inde, la Chine, le Japon, la Malaisie, l'Indonésie, jusqu'au Népal et Ceylan, ajoutant quelques textes sur la nature.

Michaux présente ici ses impressions sur les pays qu’il visite, ses habitants ainsi que leurs cultures propres. Approche qu'il veut ouverte et sans concessions, il choisit un ton humoristique pour montrer les écarts culturels entre elles  et celles de l'Europe occidentales, ce qu'elles pourraient apporter de richesse aux Européens.

On peut dire que c'est un ouvrage empreint d'une grande poésie qui nous livre sa
vision des cultures qu'il a rencontrées tout au long de son voyage. Il y développe essentiellement ses pensées, celles d'un occidental qui a séjourné juste quelque temps en Asie dans différents pays, analyse forcément limitée, vue de l'extérieur par un européen, pour qu'elle donne une juste description des populations d'Extrême-orient.

 

Un ouvrage intéressant mais parfois limité par un certain parti pris de l'auteur, par exemple dans sa critique sans nuances du théâtre japonais. Il en est de même pour ses prédictions comme celle d'une révolution probable en Inde. Il n'est pas plus tendre avec les européens auxquels il reproche leur comportement, « Regardez-vous Européens, rien n'est paisible dans votre expression. Tout y est lutte, désir, avidité... »

Mais il sait aussi restituer la subtilité de la musique spécifique à chacun de ces pays comme ces tonalités spécifiques qui résonnent dans la religion indienne, il s'efforce en tout cas d'en restituer toute leur singularité. C'est en parlant de condition humaine, de sensibilité qu'il est le plus crédible dans son rapport personnel à l'autre et non plus en tant que symbole d'un groupe ou d'une culture.

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<< Christian Broussas • Michaux Barbare  © CJB  ° 13/110/2024  >>
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mardi 12 novembre 2024

Roger Vailland 2025

 Soixante ans déjà...

Tu traînais ton spleen à la Rimbaud
Cherchant la perfection, le beau
En jets modelés sans fioritures

À la plume acérée de griffures.
Derrière tes masques, cher Roger,
Où donc se cache ta vérité ?

Quelle dent dure parfois tu avais
Dans ta lutte sans concessions
Contre tous les faiseurs de navets,
Flinguant la littérature de salon,

Peaufinant un style à ton image,
Pas vraiment fait pour remplir des pages,
Précis et sec comme un coup de trique,
Pas fait pour plaire ou faire du fric.


Parfois, un printemps blanc, léger,

« Bleu-blanc comme au comble de l'été. »
Ô Roger, en ces jours derniers,
Quelle fut donc ta part de vérité ?


Pourquoi brille une lueur d'enfant
Dans tes yeux acérés de milan,

Derrière tes masques, cher Roger,
Où donc se cache ta vérité ?

 

Que de réminiscences surgies
Des arcanes de ta courte vie !
Des nuits grises d'un temps de cendre

À Lisina si belle et si tendre,

Des nuits fauves, des temps de combat,
Aux fêtes blafardes et aux coups bas
,
Derrière tes masques, cher Roger,
Où donc se cache ta vérité ?

L'as-tu emportée à tout jamais
Un certain jour d'un beau mois de mai,

À jamais enfouie sous la pierre
Là-bas dans le petit cimetière,

Énigme perdue dans les frimas
Hiémaux, sous le ciel de Meillonnas.

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<< * Ch. Broussas • Roger 2025 © CJB  ° * >>
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lundi 28 octobre 2024

Vertu du silence

 

Non je n'ai rien à vous dire,
N'ayant pas le 
cœur à sourire.
Non-dit, langage du silence
loin de n'être qu'une licence
Je le répète pour finir,
Non je n'ai rien à vous dire.


Je n'en tire pas vraiment gloire
de taire ainsi peines et espoirs
Et d'occulter tout sentiment
Né peut-être chemin faisant.

Non je n'ai rien à vous dire,
N'ayant pas le 
cœur à sourire.


Que faut-il donc en vérité
de tout ceci vraiment penser,
Des idées écloses un beau jour
Qui disparaîtront à leur tour.
Non je n'ai rien à vous dire,
N'ayant pas le 
cœur à sourire.

Tout n'est-il pas finalement
Que des fragments de firmament,
"Petits riens et je ne sais quoi"
Qui nous sont autant de pourquoi.
Non je n'ai rien à vous dire,
N'ayant pas le 
cœur à sourire.

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<< * C. Broussas • Silence © CJB  ° * >>
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samedi 26 octobre 2024

Olivier Adam, Il ne se passe jamais rien ici

 Référence : Olivier Adam, Il ne se passe jamais rien ici, éditions Flammarion, mai 2024, 368 pages

Dans le cadre des rencontres littéraires, nous recevons à Divonne le 5 novembre à L'Esplanade du lac, l'écrivain Olivier Adam pour son dernier roman intitulé "Il ne se passe jamais rien ici".

         
Nous sommes sur les rives du lac d'Annecy à la fin de l'été dans un petit village. Comme souvent, Antoine fait la fête au café des sports. Rien que de très normal en somme.
Seulement voilà, on va découvrir le corps d'une femme assassinée au bord de l'eau. Et Antoine, ce quadragénaire instable aux airs d'ado, est tout de suite soupçonné. Mais ben sût, tout n'est pas si simple. Quand on gratte un peu le vernis, quand on autopsie non seulement le corps de la pauvre Fanny mais surtout la société locale, tout se révèle petit à petit, les coins se soulèvent, les ombres remontent à la lumière.
 
A première vue, Antoine n'a rien pour plaire. La honte d'une famille tout ce qu'il y a de bien. « Fiévreux, instable, inflammable », sa vie aussi bien personnelle que professionnelle est une catastrophe. Côté cœur, il est séparé de Marlène la mère de son fils Nino, il aime la belle Fanny que tout le monde admire mais fait tout ce qu'il faut pour la perdre. Côté travail, il vit de petits boulots sans avenir.

Sous les falaises du Roc, c'est bien Fanny qui gît, inanimée, étranglée. Les événements jouent contre lui : la veille après la soirée, il l’a raccompagnée chez elle. Ses proches, quelles que soient leurs raisons, lui font plus de mal que de bien et l'enquête est menée à charge. S'il fallait un bouc-émissaire, il est tout trouvé.

Mais l'enquête, les témoignages vont aussi révéler la face cachée de gens "bien sous tous rapports", faire remonter les liens ambigus, les ressentiments, les jalousies, tout ce qui constituerait d'excellents mobiles pour expliquer la mort de Fanny
 
Ce qui paraissait simple au départ, même simpliste, devient de plus en plus opaque au fur et à mesure de l'avancement de l'enquête. Si l'on en croit les débuts, tout le monde aimait bien la belle Fanny, elle n'avait apparemment aucun ennemi qui eût voulu sa perte.

C'est un roman noir à plusieurs voix que permet de se mettre dans la peau de chaque protagoniste : 25 témoins qui apportent chacun leur vision de la situation, de leurs relations avec les autres. 
Olivier Adam nous offre dans ce roman une fine analyse des comportements toutes  générations confondues.
Quant à son style, c'est dans l'air du temps, assez familier, ne rapprochant plus de l'oral que d'un "ton soutenu".


Brève sur l'auteur
Olivier Adam est l'auteur de nombreux livres parmi lesquels "Je vais bien ne t'en fais pas", adapté au cinéma  comme "Poids léger" et "Des vents contraires", "La tête sous l'eau", "Dessous les roses", "Passer l'hiver" (prix Goncourt de la nouvelle) ou "Falaises" (sélectionné au Goncourt).

Il est également scénariste, participant par exemple à l'écriture du film Welcome et auteur de livres pour la jeunesse.

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<< Christian Broussas • Olivier Adam  © CJB  ° 26/10/2024  >>
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mercredi 23 octobre 2024

Cézanne Renoir, regards croisés

     

Pour le 150ème anniversaire de l’impressionnisme, la fondation Pierre Gianadda a organisé une rencontre entre deux géants de l’histoire de l’art : Paul Cézanne (1839-1906) et Auguste Renoir (1841-1919). Ces deux maîtres sont réunis à travers une superbe exposition d’une soixantaine de tableaux provenant des musées d’Orsay et de l’Orangerie.  L’idée est de permettre de confronter leurs œuvres tout en explorant leur influence respective sur leurs successeurs.

Les œuvres présentées proviennent dans leur grande majorité de la remarquable collection Jean Walter et Paul Guillaume, acquise par la France dans les années 50, couvrant une période allant de 1860 à 1930.

     
Renoir La Loge 1883             Irène Cahen                           Les parapluies 1883    

Guillaume Apollinaire tenait Renoir pour « le plus grand peintre de nos jours. »  Paul Guillaume a acheté très tôt des œuvres comme Jeunes filles au piano (1892) jusqu’à des toiles "tardives" qu’admiraient André Derain ou Pierre Bonnard. Quant à Paul Cézanne que Matisse et Picasso avaient surnommés « notre père à tous »,  Paul Guillaume le considérait comme le créateur de l’art moderne, achetant par exemple deux portraits de Madame Cézanne ou plus tard Le rocher rouge (1895).

      
Route de Montgeroult 1899              Cézanne Ste Victoire 1887 

Sa maturité correspond à sa rencontre avec Auguste Renoir et Camille Pissarro. L’exposition présente un ensemble exceptionnel de paysages, de natures mortes, de portraits de proches comme la pudique Hortense, "Portrait du fils de l’artiste" (1880), "Madame Cézanne" (1890) complété par quelques "baigneurs et baigneuses" emblématiques.

 
Cézanne Pommes et oranges 1997          Cézanne Un coin de table 1998

Pour Cézanne, « peindre d’après nature, ce n’est pas copier l’objectif, c’est réaliser ses sensations. » Dans une lettre à Émile Bernard, il précise que « tout dans la nature se modèle sur la sphère, le cône et le cylindre. Il faut apprendre à peindre sur ces figures simples, on pourra ensuite faire tout ce qu’on voudra. »

  
Renoir Danse à Bougival 1882               Renoir Les Durand-Ruel 1882

De son côté, pour Renoir « la peinture n’est pas de la rêverie. C’est d’abord un métier manuel qu’il faut faire en bon ouvrier. » À la fin de sa vie, il s’est réfugié dans le travail, baume pour lui contre ses problèmes de santé dus surtout aux rhumatismes.

S’ils ont constamment façonné des chemins distincts, une grande amitié les lia à partir de 1860. L’exposition met en lumière différences et similitudes à travers paysages, natures mortes et portraits.  Elle permet de suivre, à travers le portrait de Paul guillaume peint par Kees van Dongen vers 1930 et deux œuvres de Picasso "Grande nature morte" (1917) et "Grand nu à la draperie", leur évolution stylistique.  

         
Victor Choquet 1877                      La maison du pendu

On peut dire que ce qui les caractérise, c’est pour Renoir son art de capturer la quintessence d’un paysage, son approche multiforme de la couleur, et pour Cézanne c’est un parcours qui va le conduire vers une géométrisation des formes et une construction de l’espace qui annoncent le cubisme et l’abstraction.  

   Cézanne Baigneuses 1895

Voir aussi
*
Quelques tableaux de Renoir et de Cézanne --
Voir également mes fiches :
*
Renoir Au Grand Palais -- Renoir A Essoyes -- De Renoir à Picasso --

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<< Christian Broussas • Cézanne-Renoir  © CJB  ° 23/10/2024  >>
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lundi 30 septembre 2024

Roger Vailland, Synthèse, sélection

 

Mise à jour 2020-2024
60 ans déjà --
Le surréalisme contre la Révolution
-- Les saisons de Roger Vailland (F Bott)
Un écrivain au service du peuple (JP Tusseau) - -- Un homme du peuple… --
Roger Vailland / Philippe Lacoche -- Merci  Monsieur Vailland, (JM Trichard) Un homme seul -- Vailland à Cannes au Carlton --
Vailland en Égypte
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Itinéraire de Roger Vailland -- Facettes de Roger Vailland --
Roger Vailland à Meillonnas -- Roger Vailland et la Grèce --
Roger Vailland par Ch. Petr -- Roger Vailland en Charente --
Regard de Vailland (C. Roy) -- Roger au jour le jour --


******  Les essais  ******
1- Roger Vailland, un homme encombrant essai de Alain Georges Leduc
2- Roger Vailland, libertinage et lutte des classes, Franck Delorieux
3- Roger Vailland, éloge de la singularité, essai de Christian Petr
4- Biographie de Roger Vailland par Élisabeth Vailland et René Ballet
5- Roger Vailland ou un libertin au regard froid par Yves Courrière
6- Esquisse pour la psychanalyse d'un libertin par Jean Recanati
7- Roger Vailland, tentative de description par Jean-Jacques Brochier
8- Libertinage et tragique dans l'œuvre de Vailland par Michel Picard

9- Roger Vailland, itinéraire de la souveraineté
10- Jeu et souveraineté chez Roger Vailland
11- Roger Vailland et la fabrique de la peinture
12- Roger Vailland et le cinéma
13- Les œuvres posthumes
14- Roger Vailland et le surréalisme
15- Entretiens, Roger Vailland (Max Chaleil), récap. des articles
16- Autour de Roger Vailland : 13 articles sur ses proches

Mes autres fiches sur son oeuvre : 
* Roger Vailland, Récits de voyages,
* Les essais de Vailland, Le Regard froid
* Ses Chroniques, Ecrits journalistiques,
* Sa saison communiste, L'Homme nouveau
Liens externes : Roger Vailland aux Allymes, C. Broussas -- 
<<< Christian Broussas - Feyzin - août 2011 - © • cjb • © >>>>
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