mardi 25 février 2014

Claude Roy, Nous


Référence : Claude Roy, Nous, éditions Gallimard/Folio, 1972, tome II de son cycle autobiographique
 
Vivre un grand amour aide à conjurer la morosité, Claude Roy rejoint ce rêve, concilier l'idéal et le réel, quand un jour terne de décembre 1940 il rencontre Claire Vervin dans le Vichy de l'Occupation. Lune de miel avecc ette femme qu'il aime et dont il apprend qu'elle est juive au moment où sont promulguées les lois anti-juives. « L'irruption de la tragédie politiqie dans l'enclos de l'alcôve.» (P 36)
 
Amour entre parenthèses, il est à la préfecture de police de Paris en août 1944 et chante La Marseillaise sur le parvis de Notre-Dame. Sa trajectoire communiste louvoie entre la défense de l'expérience soviétique contre le cynisme du libéralisme occidental et le sectarisme du Parti Communiste, les purges, les procès truqués, toutes ces couleuvres à avaler et défendre malgré tout, croire envers et contre tout. « Je ne voulais pas encore me rendre à l'évidence : il me semblait que ce serait me rendre à l'ennemi » écrit-il en guise de conclusion. (p 135) Mais entre le déçus, ceux qui s'éloignent doucement mais sûrement et les exclus, il ne restera pas grand monde de ses amis.
 
Ses amours de guerre avec Claire sont des amours de fugitifs, de garnis en hôtels meublés. Ils vécurent à Marseille “en phalanstère“ rue des Bons-Enfants [1] avec Albert Ollivier, Olivier Messiaen et quelques autres. A Nice, ce fut une maison pleine d'icônes louée à des russes blancs, à Antibes sur les remparts puis de nouveau Paris avenue Reille à Denfert-Rochereau près du réservoir de Montsouris.

Rue de la Chapelle La rue de la Chapelle
 
Ils rejoignaient souvent chez eux Nusch et Paul Eluard  au 35 rue de la Chapelle dans une grande bâtisse sale et décrépite. Petit appartement peint en beige et gris, moulures 'belle époque' au plafond et cheminée de marbre, des tableaux et ds livres un peu partout. Un grand portrait de Nusch aux seins nus par l'ami Picasso et beaucoup d'autres tableaux, un vrai musée en désordre avec Max Ernst, Fernand Léger, Villon, De Chirico... et d'autres Picasso. Des sculpteurs aussi où domine un buste d'Eluard par fenellosa, entouré de statues océaniennes, africaines et de vases péruviens.

    Dali, Gala, Eluard et Nush en 1931   nusch-nusch.1294405807.jpg
Dali, Gala, Eluard et Nusch en 1951                          Nusch Eluard (1906-1946)
 
« J'ai retrouvé plus tard une atmosphère très proche dans l'atelier d'André Breton au 42 de la rue Fontaine » note Claude Roy. Ils s'entouraient de ce qu'ils aimaient, « leur coquille était à leur image. » Pour Eluard, la guerre était le mal absolu, celui contre lequel il fallait lutter en priorité, l'absolu passif du capitalisme. Discutaqnt un jour avec Max Ernst, Eluard s'aperçut qu'en 1917 ils étaient proches l'un de l'autre, chacun dans sa tranchée.

Avec Elsa, Breton, Éluard et Nusch   Elsa, Breton, Eluard et Nusch 
 
[1] La rue des Bons-Enfants a inspiré un roman éponyme à patrick Cauvin, qui a reçu le prix des libraires en 1990
 
<<< Christian Broussas - Feyzin, 9 mars 2013 - << © • cjb • © >>>
 
 

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