Référence : David Foenkinos, La famille Martin, éditions Gallimard, 226 pages, 2020
AprèsCharlotte en 2014 qui lui valut le prix Renaudot et le prix Goncourt des lycéens, David Foenkinos
nous propose "une histoire ordinaire" vécue par une famille ordinaire:
Mais faut-il vraiment se fier aux apparences ? Avec David Foenkinos, il
vaut mieux se méfier et pas prendre ce qu'il dit pour argent comptant.
Il n'est d'ailleurs pas très optimiste sur la portée de son roman, puisqu'il écrit : « Si on pouvait encore parler de mon livre deux semaines après la sortie, ce serait déjà très bien. » (p. 82)
Comme beaucoup d'écrivains, David Foenkinos est
guetté par le syndrome de la page blanche, encore plus quand il s'agit
d'un écrivain connu et reconnu. Il se résout alors à recourir au réel,
choisit pour cela une personne au hasard : « C’est
ainsi que les choses ont commencé. Je me suis vraiment dit : tu
descends dans la rue, tu abordes la première personne que tu vois, et
elle sera le sujet de ton livre. »
Son idée est de bâtir un "bon roman" sur des personnages du quotidien,
une retraitée, ex cousette de chez Chanel, une professeure
d’histoire-géo dans un bahut de banlieue, un agent d’assurance et deux
adolescents insaisissables. C’est ainsi qu’il va rencontrer Madeleine et sa fille Valérie, démarrant son récit sur la famille Martin.
Outre Madeleine et Valérie , la famille Martin est composée d'une seconde fille Stéphanie qui vit à l'étranger et ne s'entend pas avec sa sœur ainsi que les deux enfants de Valérie, deux adolescents nommés Jérémie et Lola. Patrick son mari est un homme réservé qui au travail est en conflit avec son responsable Desjoyaux et craint d'être licencié.
Jérémie Martin apparaît
plutôt comme un adolescent distant, indolent, qui se raconte des
histoires. Il manque de confiance en lui, même s'il s'ouvre un peu au
fil du récit. Sa sœur Lola est une fille secrète et rêveuse qui refuse l'intrusion du narrateur dans sa famille.
On apprend rapidement que Valérie aimerait se séparer de Patrick et que Madeleine a vécu un grand amour de jeunesse avec Yves Grimbert qui l'a subitement quittée pour aller s'installer aux États-Unis. Elle s'est ensuite mariée avec René Tricot, décédé depuis.
Que cette histoire soit vrai ou non, finalement peu importe, l'auteur
joue de ce flou, de cette ambivalence entre fiction et réalité, étant
aussi bien observateur que personnage principal du récit.
Pour David Foenkinos, toute histoire a son intérêt et
contient sa part de vérité mais il lui faut encore convaincre du bien
fondé de sa démarche, de sa profonde réalité qui permet aussi d'y
insuffler plus de dynamisme, d'ouvrir ainsi autant de pistes narratives
et d'en conserver toute la magie.
David Foenkinos s'y essaie avec un certain bonheur et
même s'il ne réussit pas toujours, il s'efforce avec un style
enlevé, d'y introduire une bonne dose d'humour et de pimenter son
propos.
Vue générale du versant nord de Saint-Gervais ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Après notre visite à Chamonix, nous y retournons la semaine suivante en nous arrêtant pour une visite à Saint-Gervais-les-bains dans le "pays du Mont-Blanc", au-dessus de la vallée allant de Chamonix à Bonneville et Genève.
Façade de l'église Saint-Gervais
La commune est tout en hauteur, composée aussi de nombreux hameaux dont Saint-Nicolas-de-Véroce entre Saint-Gervais et Les Contamines-Montjoie, avec sa charmante église datant de 1725 et sur sa voûte une magnifique peinture ayant pour sujet l'apothéose de Saint-Nicolas.
Anciens quartiers Quartier de la comtesse, villas belle époque
Le centre ville de Saint-Gervais
Le centre est encore de nos jours dominé par les grands hôtels
construits entre les XIX et XXe siècles au cours pour recevoir les
personnalités qui venaient prendre les eaux à Saint-Gervais, comme comme le Mont-Joly Palace inscrit aux monuments historiques.
Ces grands hôtels vont marquer la configuration de la ville avec les
belles demeures que font édifier cette clientèle privilégiée jusque dans
les années 1930.
L'église Saint-Gervais : ensemble et tour-clocher
L'église Saint-Gervais-et-Saint-Protais
C'est un édifice ancien reconstruit au XVIIe siècle, à l'exception de son clocher. Elle est dédiée à Saint-Gervais, martyr du Ier siècle.
Mobilier alpin Fontaine de l'église
L'hôtel de ville
Il est situé à l'emplacement de la maison seigneuriale des comtes de Montjoie. Leurs descendants la vendent en 1770 au notaire Pierre Goutard.
La mairie La gare du tramway
Son fils rachète alors l'ensemble du domaine. Il sera le fondateur des Bains du Fayet, hameau de Saint-Gervais
situé dans la vallée où l'on trouve également les thermes. Il a aussi
créé une fondation pour accueillir des jeunes filles pauvres du pays.
Devenue un bureau de bienfaisance, elle fonctionnera jusqu'en 1901.
Dans le jardin public Retable du choeur de St-Gervais
Transformée en Hôtel Régina détruit par un incendie en
1909, elle deviendra la poste puis l'hôtel de ville en 1936 qui a connu
récemment une rénovation importante.
Que dire de la charmante Perryne / Que j'ai connue comme aujourd'hui Charline ? Les souvenirs communs affleurent / Des souvenirs si chers à mon cœur, Les plus lointains avec son père et sa mère / D'autres moins précis, de naguère La mer, la pêche aux crabes à Carnon, / Roissiat et les balades avec les garçons,
Nos rituels culinaires du vendredi / Quand on se retrouvait à la "cafette" vers midi, Les Noëls sympas au travail de papy / Les carottes au lard de mamy.
Que dire de ce charmant Nicolas / Qui entre Gex et Divonne vient et va,
Une conduite… heu, pas toujours exemplaire, / Peut-être bien un petit peu tête en l’air
Mais en tous cas le préféré de Mamy / Qui nous susurre qu’il est si mimi,
Il faut bien reconnaître qu’il sait y faire / Et qu’en plus il a beaucoup de savoir-faire.
Il lui porte gentiment tous ses cartons / « Ah, vraiment, dit-elle, ce qu’il est mignon »,
Bref, il a conquis toute la famille / Comme il a séduit notre petite-fille.
On trouve la trace de Chamonix dès 1095 quand des moines s'installèrent le long de l'Arve puis fondèrent le prieuré de Chamonix contre lequel les habitants se rebellèrent à plusieurs reprises.Chamonix appartient alors au duché de Savoie intégré ensuite au royaume de Sardaigne jusqu'à ce que la Savoie devienne française par le traité de Turin en 1860. Elle est considérée comme la "capitale de l'alpinisme".
En franco-provençal, le nom est "chamoni", le « x » final ajouté dans
certaines acceptions ne se prononce pas. Il indiquerait plutôt une
accentuation sur la dernière syllabe.
La visite de la ville
L'Arve vers le centre ville.
Le centre de Chamonix situé à 1 035 mètres d'altitude, est traversé par l'Arve qui s'écoule et se jette dans le Rhône à Genève. Nous commençons la visite vers le centre ville au niveau du Syndicat d'initiative, rayonnant entre la rue des l'église Saint-écoles, la rue Vallot et l'avenue Michel Croz. Pour le moment, c'est l'église Saint-Michel construite en 1709 et son grand orgue, son
clocher à bulbe qu'on retrouve souvent dans la région, clocher du plus
bel effet, constitué de titane qui étincelle au soleil, l'ancien
presbytère reconverti en "Maison de la montagne", le musée alpin au rez-de-chaussée d'un ancien hôtel de luxe.
Tourisme oblige, Chamonix est une "ville fleurie" ponctuée d'espaces verts, de places très colorées et arborées comme la place de la Gare, la place de la Mer de glace, la place de l'Aiguille du midi, ou la place duTriangle de l'amitié près de la mairie.
Le tour de ville nous permet d'admirer deux belles statues classiques, celle de Horace-Bénédict de Saussure avec le guide Jacques Balmat, et celle du docteur Michel Paccard.
Michel Gabriel Paccard était médecin, botaniste et alpiniste. Il a réussi en compagnie de Jacques Balmat la première ascension du mont-Blanc en 1786.
Horace Bénédict de Saussure est un physicien, géologue et
naturaliste genevois, considéré comme l'un des fondateurs de
l'alpinisme. Ses recherches portèrent notamment sur le massif du Mont-Blanc.
Le temple protestant La façade de la mairie La façade de la gare La tour de l'horloge --
Au 24 passage du Temple se trouve le temple protestant, à
l'origine édifice anglican construit en 1859, avec devant son petit
cimetière où sont enterrés des anglicans et des protestants. Le quartier
s'est ensuite rapidement urbanisé avec l'implantation de la gare en
1901. La Maison des Artistes qui a changé plusieurs fois de destination, a été construite en par les frères Couttet.
La brasserie Rose du PontLa banque Paul Payot, "Au cristal de roche"
On peut aussi admirer la façade de deux bâtiments caractéristiques de l'art nouveau et de l'art déco :
- La brasserie Rose du Pont : remarquable bâtiment Art nouveau
(ou Belle époque) à la façade rose, avec son superbe ensemble de
flacons dans un atrium coiffé d’une verrière. En haut, vue grandiose sur
le Mont-Blanc et l’aiguille du Midi ;
- La banque Paul Payot, "Au cristal de roche", édifiée en 1930 par Marcel Cochet, à la façade typique Art déco, construite en béton armé avec des matériaux isolants pour faire face aux aléas climatiques.
L'église et la maison de la montagne Le casino de Chamonix
visite de la fresque aux guides et aux alpinistes
Cette fresque monumentale inaugurée en s'étend sur une superficie de 160 m2.
Elle rend hommage aux alpinistes et aux guides les plus importants
depuis 1760. On y trouve de haut en bas et de gauche à droite :
Marie Paradis, Michel Paccard et Jacques Balmat, les premiers à avoir atteint le sommet du mont Blanc ;
Henriette d'Angeville, alpiniste, Horace-Bénédict de Saussure et Joseph Vallot, scientifiques ;
Jean Charlet-Straton, Alfred Couttet, Michel Payot, Louis Lachenal,
Lionel Terray, guides, Roger Frison-Roche, guide et écrivain, René
Claret-Tournier (recordman du nombre d'ascension), Armand Charlet et
Gaston Rebuffat, guides ;
En bas, les guides Édouard Cupelin, "le Capitaine du mont Blanc",
François Devouassoud, Joseph Ravanel, Michel Clément-Payot et Michel
Croz
Les personnages vers le haut de la fresque Les guides du bas de la fresque
Nous profitons du beau temps pour faire un dernier tour avant d'aller
nous restaurer pour un bon repas bien mérité... et prendre un peu de
repos.
Direction La Calèche où nous sommes surpris par le décor foisonnant
constitué d'objets locaux de tous genres allant de vieux équipements de
ski aux nombreux objets en cuivre.
Façade du restaurant La Calèche
L'église du plateau d'Assy
Façade de l'église due à Fernand Léger Marc Chagall le baptistère -- Rouault La flagellation
Le site offre un curieux contraste entre le décor majestueux de la montagne et la conception contemporaine de l'édifice, l'église Notre-Dame de Toute Grâce, en particulier la façade en auvent, très colorée en mosaïques, due au peintre Fernand Léger.
L'intérieur est à cette image avec une décoration particulièrement
réussie et homogène due à la participation d'artistes reconnu comme Georges Rouault.
Tapisserie de Jean Lurçat illustrant le chapitre XII de l'Apocalypse selon Saint-Jean Saint-Dominique portant la parole de l'Évangile d'Henri Matisse Vitrail de Marc Chagall L'ange au chandelier 1957 exécuté par Paul Bony
C'est le père Couturier qui, contre vents et marées, défendit ce projet innovant, responsable en 1945 du programme décoratif de l’église d’Assy. Il réussit à avoir la collaboration d’artistes majeurs de l'époque.
On trouve ainsi Pierre Bonnard, Henri Matisse, Marc Chagall, Georges Braque pour le tabernacle, les sculpteurs Lipchitz, Signori pour la cuve baptismale. Les vitraux les plus remarquables sont de Georges Rouault pour les fenêtres inférieures de la façade, les autres sont l’œuvre d'artistes comme Bazaine, Brianchon, Berçot et Bony.
Les vitraux des murs et des baies latérales, de gauche à droite :MA Couturier L'archange St-Raphaël, Paul Berçot St-François d'Assise, Paul Bony Saint-Pierre aux liens, M Brianchon Saint-Louis
La grandiose tapisserie de l’Apocalypse, due à Jean Lurçat , représentant le combat du Bien et du Mal, habille le chœur. Devant l’autel se dresse un curieux Christ longiligne au corps torturé, de Germaine Richier
qui déclencha en 1954 une violente polémique. La sculpture fut
d'ailleurs retirée de l’église, consacrée en 1950, puis réintégrée en
1966.
Rouault Bouquet de fleurs - Jacob
Lipchitz Notre Dame de Liesse - Rouault Ste-Véronique - Rouault/Bony
"Et il n'a pas ouvert la bouche"
Dans la crypte, on trouve plusieurs décorations de Ladislas Kijno "La dernière Cène", tempéra sur Isorel, de Claude Mary Tabernacle et "Christ en Croix" bronze, Claude Mary, des vitraux sur les thèmes eucharistiques, de Marguerite Huré, vitraux illustrant des scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament, de Théodore Strawinsky, mosaïques.