Italo Calvin, San Remo et Rome
Italo Calvino entre fantastique et réalisme
Calvino San Remo 1942 (2ème à droite)
Des deux premières passées à Santiago de Las Vegas, près de La Havane où il est né en 1923, Italo Calvino n'en garde aucun souvenir. Il passe son enfance à San Remo dans l'Italie d'après-guerre, curieux de la nature que lui enseignent ses parents, Mario son père agronome et sa mère Eva Mameli botaniste, curieux aussi du "boom" de l'immobilier durant ces années et la spéculation qu'il décrit dans son roman "La spéculation immobilière". A travers l'histoire romancée d'un exode rural, il traitera dans "Marcovaldo" l'influence du monde urbain sur les individus et sa propension à modifier leurs rapports à la nature.
Son parcours sera celui de beaucoup d'intellectuels, antifasciste, il combat pour la libération de son pays, rejoint la Résistance, les Brigades Garibaldiennes en 1943 puis le Parti communiste. S'il publie son premier livre Le sentier des nids d’araignée en 1947 grâce à Cesar Pavese, c'est en 1951 qu'il publiera son oeuvre la plus célèbre intitulée la « trilogie des Ancêtres » " Le vicomte pourfendu ", " Le baron perché " et " Le chevalier inexistant ".
Toujours comme beaucoup d'intellectuels, il rompt avec Parti communiste italien après l’intervention soviétique en Hongrie. Il vit ensuite ce qu'il appelle ses « années d'ermite » qu'il passe à Paris entre 1967 et 1980, rejoint le groupe l'OuLiPo [1] dirigé par son ami Raymond Queneau, se lie avec Georges Perec et Roland Barthes."Si par une nuit d’hiver un voyageur" est l’œuvre de Calvino la plus marquée par l’influence des théories de l’OuLiPo. Elle se compose de onze fragments qui constituent un vaste panorama des formes romanesques, illustrant les mécanismes du rapport entre le lecteur et le roman. [2]
En tant qu’écrivain, Italo Calvino est à la fois un théoricien de la littérature, [3] un écrivain réaliste et, surtout pour le grand public, un fabuliste ironique, passant du néo-réalisme d'après-guerre à la recherche formelle puis à la littérature populaire. De l'esthétique de Calvino, Roland Barthes disait que ce qui transparaît est d'abord une sensibilité, dans ses notations « une ironie qui n’est jamais blessante, jamais agressive, une distance, un sourire, une sympathie. » [4]
Alors qu’il est en pleine préparation de ses Leçons américaines pour l’université d’Harvard, il meurt d'une hémorragie cérébrale à l'hôpital de Sienne le 19 septembre 1985 à l'âge de 62 ans. L’écrivain Salman Rushdie disait de lui : « Il met sur le papier ce que vous saviez depuis toujours, sauf que vous n'y aviez pas pensé avant." »
Calvino et Jorge Luis Borges
Quelques citations
[1] OuLiPo (ouvroir de littérature potentielle) : acronyme dû à l’essayiste Albert-Marie Schmidt, mouvement littéraire français comprenant notamment Raymond Queneau, Georges Perec, Jacques Roubaud, qui fit des recherches sur le formalisme littéraire et la notion de contrainte
[2] Dans la Mécanique du charme, Roland Barthes parle du « caractère réticulaire de la logique narrative ». Cette construction en réseau, faite de circuits, de chemins, de liens, est particulièrement à l’œuvre dans l’ouvrage de Calvino les Villes Invisibles, publié en 1972. Il dit lui-même de son livre : « Dans Les Villes invisibles… peu à peu ce schéma est devenu tellement important qu’il est devenu la structure portante du livre, l’intrigue de ce livre qui n’avait pas d’intrigue ».
[3] Voir par exemple ses deux articles : La mer de l'objectivité et Le défi au labyrinthe où il essaie de définir sa propre poétique dans un monde complexe et difficilement compréhensible.
[4] La mécanique du charme, préface du Chevalier inexistant par Roland Barthes
Voir aussi
"Dans la peau d'Italo Calvino", film documentaire réalisé par Damian Pettigrew avec Neri marcorè, produit par Portrait & cie, DocLab, participation de ARTE et Yle. Une plongée dans la vie et l'œuvre de l'un des plus grands écrivains italiens du XXème siècle.
* Jean-Paul Manganaro, « Italo Calvino, romancier et conteur », éditions du Seuil, 2000
* Italo Calvino : La spéculation immobilière
<<<< Christian Broussas - Italo Calvino - 16 avril 2013
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Italo Calvino entre fantastique et réalisme
Calvino San Remo 1942 (2ème à droite)
Des deux premières passées à Santiago de Las Vegas, près de La Havane où il est né en 1923, Italo Calvino n'en garde aucun souvenir. Il passe son enfance à San Remo dans l'Italie d'après-guerre, curieux de la nature que lui enseignent ses parents, Mario son père agronome et sa mère Eva Mameli botaniste, curieux aussi du "boom" de l'immobilier durant ces années et la spéculation qu'il décrit dans son roman "La spéculation immobilière". A travers l'histoire romancée d'un exode rural, il traitera dans "Marcovaldo" l'influence du monde urbain sur les individus et sa propension à modifier leurs rapports à la nature.
Son parcours sera celui de beaucoup d'intellectuels, antifasciste, il combat pour la libération de son pays, rejoint la Résistance, les Brigades Garibaldiennes en 1943 puis le Parti communiste. S'il publie son premier livre Le sentier des nids d’araignée en 1947 grâce à Cesar Pavese, c'est en 1951 qu'il publiera son oeuvre la plus célèbre intitulée la « trilogie des Ancêtres » " Le vicomte pourfendu ", " Le baron perché " et " Le chevalier inexistant ".
Toujours comme beaucoup d'intellectuels, il rompt avec Parti communiste italien après l’intervention soviétique en Hongrie. Il vit ensuite ce qu'il appelle ses « années d'ermite » qu'il passe à Paris entre 1967 et 1980, rejoint le groupe l'OuLiPo [1] dirigé par son ami Raymond Queneau, se lie avec Georges Perec et Roland Barthes."Si par une nuit d’hiver un voyageur" est l’œuvre de Calvino la plus marquée par l’influence des théories de l’OuLiPo. Elle se compose de onze fragments qui constituent un vaste panorama des formes romanesques, illustrant les mécanismes du rapport entre le lecteur et le roman. [2]
En tant qu’écrivain, Italo Calvino est à la fois un théoricien de la littérature, [3] un écrivain réaliste et, surtout pour le grand public, un fabuliste ironique, passant du néo-réalisme d'après-guerre à la recherche formelle puis à la littérature populaire. De l'esthétique de Calvino, Roland Barthes disait que ce qui transparaît est d'abord une sensibilité, dans ses notations « une ironie qui n’est jamais blessante, jamais agressive, une distance, un sourire, une sympathie. » [4]
Alors qu’il est en pleine préparation de ses Leçons américaines pour l’université d’Harvard, il meurt d'une hémorragie cérébrale à l'hôpital de Sienne le 19 septembre 1985 à l'âge de 62 ans. L’écrivain Salman Rushdie disait de lui : « Il met sur le papier ce que vous saviez depuis toujours, sauf que vous n'y aviez pas pensé avant." »
Calvino et Jorge Luis Borges
Quelques citations
« Un classique est un livre qui n’a jamais fini de dire ce qu’il a à dire. » (Pourquoi lire les classiques
?)
« C'est le propre de l'homme que d'attendre. De l'homme juste d'attendre avec confiance ; de l'injuste, avec crainte.
» (Le Vicomte pourfendu)
« Il mourut sans jamais avoir compris, après une vie toute entière consacrée à la foi, en
quoi au juste il pouvait croire - mais s'efforçant d'y croire fermement, jusqu'à la fin. » (Le Baron perché)
«
Chaque fois que je cherche à revivre
l’émotion d’une lecture précédente, j’éprouve des impressions
nouvelles et inattendues, et je ne retrouve pas celles d’avant. » (Si par une nuit d'hiver un
voyageur)
« L'humain va
jusqu'où va l'amour, il n'a d'autres limites que celles que nous lui donnons. » (La journée d'un scrutateur, page 94)
« Je
pense
avoir écrit une sorte de dernier poème d'amour aux villes, au moment
où il devient de plus en plus difficile de les vivre comme des villes. » (Les villes invisibles,
préface)
« Ils se taisaient: la buée parlait pour eux. » (Marcovaldo, page 59)
Notes et références
[1] OuLiPo (ouvroir de littérature potentielle) : acronyme dû à l’essayiste Albert-Marie Schmidt, mouvement littéraire français comprenant notamment Raymond Queneau, Georges Perec, Jacques Roubaud, qui fit des recherches sur le formalisme littéraire et la notion de contrainte
[2] Dans la Mécanique du charme, Roland Barthes parle du « caractère réticulaire de la logique narrative ». Cette construction en réseau, faite de circuits, de chemins, de liens, est particulièrement à l’œuvre dans l’ouvrage de Calvino les Villes Invisibles, publié en 1972. Il dit lui-même de son livre : « Dans Les Villes invisibles… peu à peu ce schéma est devenu tellement important qu’il est devenu la structure portante du livre, l’intrigue de ce livre qui n’avait pas d’intrigue ».
[3] Voir par exemple ses deux articles : La mer de l'objectivité et Le défi au labyrinthe où il essaie de définir sa propre poétique dans un monde complexe et difficilement compréhensible.
[4] La mécanique du charme, préface du Chevalier inexistant par Roland Barthes
Voir aussi
"Dans la peau d'Italo Calvino", film documentaire réalisé par Damian Pettigrew avec Neri marcorè, produit par Portrait & cie, DocLab, participation de ARTE et Yle. Une plongée dans la vie et l'œuvre de l'un des plus grands écrivains italiens du XXème siècle.
* Jean-Paul Manganaro, « Italo Calvino, romancier et conteur », éditions du Seuil, 2000
* Italo Calvino : La spéculation immobilière
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