lundi 3 février 2014

L'écrivain chinois Mo Yan

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Mo Yan, le romancier chinois surnommé le « Faulkner chinois », premier de son pays à recevoir le prix Nobel de littérature en 2012 [1] pour un auteur , précise l'académie suédoise, « qui unit avec un réalisme hallucinatoire, imagination et réalité, perspective historique et sociale ».
 
De son vrai nom Guan Moye, Mo Yan [2] né en 1955 vient de Gaomi dans la province de Shandong [3]et ses premiers écrits en font un "écrivain des racines", se romans se passant dans sa province natale. Ses parents, tout en étant des paysans plutôt aisés, avaient leur franc-parler, ce qui était assez mal vu dans ce pays et lui-même possédait cet esprit contestataire qui lui valut d'être exclu de l'école. Obligé de retourner travailler dans la ferme de ses parents jusqu'à ses 17 ans, il souffrit gravement des conséquences de la Révolution culturelle mais ce travail avec la terre, avec les animaux contribuera aussi à nourrir sa formation d'écrivain. Il commençait à inventer des histoires, nourri aussi par les contes et les légendes des campagnes chinoises emplies de fantômes que lui racontaient ses grands-parents 
 
Fuyant la misère de la campagne vers l'âge de seize ans, il travaille d'abord dans une usine de coton puis il entre dans l'armée. C'est un jeune homme taciturne et solitaire qui profite de son temps libre pour écrire un premier roman Le Radis de cristal, la vie campagnarde d'un gamin silencieux. Il connaîtra le succès avec son roman Le Clan du sorgho qui traite de la résistance héroïque d'un village l'invasion japonaise, un thème qu'il reprendra souvent. [4] 

Mo Yan s'intéresse beaucoup à l'évolution de son pays vers une relative liberté économique et culturelle, il l'évoque dans La Dure Loi du karma [5] Il lit la littérature occidentale, surtout les classiques français, le Nouveau roman et des auteurs comme Kafka, Faulkner, Garcia Marquez et se dirige vers un style mélangeant le conte et la fable, le réel et le fabuleux. Il dénonce aussi les dérives du communisme, les lourdeurs et l'omnipotence de la bureaucratie comme dans Le Pays de l'alcool en 1993 [6] et connaît quelques ennuis avec la censure avec Beaux seins, belles fesses en 1995, [7] accusé d'avoir réservé le même traitement aux soldats communistes et à ceux du Guomindang. Ses écrits récents traitent surtout de l'évolution de la société chinoise vers une société marchande qui change la nature même de cette société et réduit le rôle de l'écrivain. 

L'œuvre de Mo Yan se rattache au mouvement de la « Quête des racines » [8], partant de l'histoire de sa province natale "le Shandong" et largement autobiographique, avec des romans tels que, outre "Le Clan du sorgho", La Mélopée de l'ail paradisiaque en 1988 ou Le Supplice du santal en 2001. [9]
Sur le fait que beaucoup de ses romans soient assez volumineux, Mo Yan a écrit dans sa préface au recueil de nouvelles "Shifu…" : « la stature d’un écrivain n’est déterminée que par les pensées et les réflexions que révèle son œuvre et non par sa longueur. La place d’un écrivain dans l’histoire littéraire d’une nation ne peut être évaluée par le fait qu’il soit ou non capable d’écrire un livre aussi lourd qu’un pavé ».
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Mo Yan et sa femme Inlan Du,  sa traductrice Chantal Chen-Andro           avec le japonais Kenzaburo Oe

Notes et références
  1. ↑ Les autorités chinoises ont toujours refusé de reconnaître Gao Xinjian, le Prix Nobel 2000, comme un citoyen chinois puisqu'il était naturalisé français
  2. ↑ Mo Yang signifie en chinois « Celui qui ne parle pas ».
  3. ↑ "Shandong" est une province de l'est de la Chine donnant sur la mer Jaune et la mer de Bohai, l'une des provinces les plus peuplées du pays. Gaomi est située du côté de la péninsule du Shandong
  4. ↑ Le cinéaste Zeng Yimou le portera à l'écran sous le titre Le Sorgho rouge, film qui obtiendra l'ours d'or à Berlin, en 1988
  5. ↑ Imposante fable-roman sur la réincarnation d'un homme simple en divers animaux, traitée avec un humour satirique
  6. ↑ Roman parodie de polar avec une histoire de trafic de chair d'enfants et mise en abîme toute rabelaisienne pour dénoncer les mafieux, les cadres du parti et leur tendance à l'alcoolisme.
  7. ↑ Histoire d'une paysanne et de ses neuf enfants, huit filles et un garçon qui refuse de quitter son sein jusqu'à douze ans et finira par diriger une usine de soutiens-gorge.
  8. ↑ Mouvement littéraire chinois contemporain visant à rendre compte des réalités de la Chine profonde en mélangeant les descriptions réalistes, le "réalisme magique", la prose poétique et le fantastique.
  9. ↑ Histoire de famille à Gaomi où le sous-préfet Qian Ding, l'amant de Meinang, une femme superbe, arrête son père Sun Bing. Son mari Petit-Jia assiste le bourreau pour l'exécution de la sentence, tout ceci pour donner satisfaction aux européens qui construisent un chemin de fer.

Repères bibliographiques

 - Le Clan du sorgho (Honggaoliang jiazu), 1986, traduction Pascale Guinot & Sylvie Gentil, Actes Sud, 1993
- Le Pays de l'alcool (Jiu Guo), 1993, traduction Noël & Liliane Dutrait, Le Seuil, 2000. Prix Laure Bataillon 2000 de la meilleure œuvre de fiction traduite en français
- Beaux seins, belles fesses (Fengru Feitun), 1995, traduction de Noël & Liliane Dutrait, Le Seuil, 2004 - La Dure Loi du karma (shēngsǐ píláo), traduction de Chantal Chen-Andro, Le Seuil, 2009
- Le Vieil Homme et le château bleu, nouvelle écrite en 2008 pour Le Figaro (sur le thème d'une phrase de l'Odyssée)
- Le Veau et Le Coureur de fond , deux nouvelles datant de 1998

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Sa maison natale et sa résidence à Gaomi dans la province de Shandong
 
         <><> CJB Frachet - Feyzin - Mo Yan - 21 décembre 2012 - <><> © • cjb •  © <><>  

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