G. Garcia Marquez Washington 1976 Paris 1982
Ses grands-parents maternels doña Tranquilina Iguarán Cotes de Marquez et le colonel Nicolás Ricardo Márquez Mejia eurent une influence considérable sur la formation et la vocation du jeune Gabriel Garcia Marquez. Il naît dans leur village à Aracataca [1] le 6 mars 1927 et, quand deux aux plus tard, ses parents partent à Barranquilla ouvrirent une pharmacie, le tout jeune garçon resta avec ses grands-parents.
Le grand-père qu'il appelait "papa Lelo", représentait pour lui une figure emblématique, un "vrai" colonel combattant dans le camp libéral pendant la guerre des mille jours (guerra de los Mil Días), [2] une espèce de héros respecté dans sa communauté. C'était aussi un homme aux fortes convictions qui dénoncera les atrocités commises pendant cette guerre par les deux camps, qui inculquera à son petit-fils ses valeurs morales, lui disant que le plus grand fardeau moral qu'un homme puisse porter sur ses épaules est de supprimer l'un de ses semblables.
Sa grand-mère aussi eut une grande influence dans un tout autre domaine qui a largement influencé son œuvre, à l'origine de ce réalisme magique, [3] base de la conception de ses romans, qui mêle la réalité des événements à un monde onirique et extraordinaire, un univers oximoral. [4] Sa maison regorgeait de fantômes, de superstitions de fantastique, qu'elle traitait de manière parfaitement naturelle et considérait comme autant d'évidences. Il aimait sa façon impassible de raconter les histoires les plus invraisemblables, qu'on retrouve dans maintes nouvelles qui se passent dans le village fictif de Macondo et surtout dans l'un de ses romans les plus célèbres "Cent ans de solitude".
Une autre histoire concernant ses parents l'influence aussi assez fortement. Un pauvre métis, son père Gabriel Eligio, passant de plus pour un fieffé coureur de jupon, était tombé amoureux de la belle Luisa Santiaga et s'était mis en tête d'épouser au-dessus de sa modeste condition, ce qui n'était pas du goût du père de la promise. Mais à force d'entêtement, de sérénades romantiques, mots doux et poèmes d'amour, le père finit par se laisser convaincre et, contre son gré, donna sa fille au prétendant. Un conte de fée d'une histoire tragi-comique qui confinait au réalisme magique. Cette histoire familiale marqua tant leur fils qu'il l'adaptera plus tard pour écrire son roman "L'amour au temps du choléra".
G. Garcia Marquez enfant Fin des années 50 Fin des années 90
Ce grand-père qui a beaucoup compté pour lui, fait une grave chute d'une échelle et meurt 2 ans plus tard en mai 1937. Le jeune garçon part alors vivre avec ses parents à Barranquilla sur la côte caraïbe. Quand en novembre 1939 ses parents s'installent un peu plus loin à Sucre, lui reste à Barranquilla poursuivre ses études au collège San José. En 1943, toujours pour ses études, il part au lycée national de garçons de Zipaquirá [5] puis à la faculté de droit de Bogota. A la suite de la fermeture de l'université, [6] il s'installe dans la ville de Carthagène [7] mais il préfère la littérature au droit et le hasard veut qu'il trouve un emploi de chroniqueur au journal El Universal. De retour à Barranquilla, il fait la connaissance d'un collectif d'écrivains et de journalistes connu sous le nom de groupe de Barranquilla, notamment d'Alfonso Fuenmayor, rédacteur adjoint du journal El Heraldo. [8]
Au début des années 50, il commence à publier, [9] très influencé par l'univers de Faulkner puis s'établit à Bogota où il devient journaliste d'investigation, stigmatisant les autorités au sujet d'un glissement de terrain à Medelin ou l'histoire des marins du bateau de guerre Caldas tombés à la mer lors d'une tempête imaginaire. [10] A la suite de cette affaire, il partira en Europe comme correspondant en décembre 1955, officiellement pour couvrir la conférence qui s'ouvre à Genève sur la paix internationale et la sécurité.
Dans Vivre pour la raconter, son autobiographie, livre sur son enfance et sa jeunesse, il a écrit en exergue : "La vie n'est pas ce que l'on a vécu, mais ce dont on se souvient et comment on s'en souvient."
G. Garcia Marquez à Barranquilla Sa maison de Carthagène
Références bibliographiques
- "Cent ans de solitude" (Cien años de soledad), éditions du Seuil, traduction Claude et Carmen Durand, 437 pages, 1968
- "L'automne du patriarche" (El otoño del patriarca), éditions Grasset, traduction Claude Couffon, 1976
- "Chronique d'une mort annoncée" (Crónica de una muerte anunciada), éditions Grasset, traduction Claude Couffon, 1981
- "L'Amour aux temps du choléra" (El amor en los tiempos del cólera), éditions Grasset, traduction Annie Morvan, 1987
- "Vivre pour la raconter" (Autobiografía,Vivir para contarla), éditions Grasset, 602 pages, octobre 2003
Notes et références
- ↑ Village colombien situé sur le côté caraïbe, à l'entrée du parc national de Santa-Marta, entre Barranquilla sur la côte et la ville de Valledupar vers la frontière vénézuélienne
- ↑ Guerre civile entre conservateurs et libéraux entre 1899 et 1902, guerre très meurtrière qui fit perdre à la Colombie sa province de Panama
- ↑ Courant littéraire de la littérature latino-américaine du XXe siècle faisant cohabiter réalisme et irrationnel, qu'on trouve en particulier chez des écrivains tels que Gabriel Garcia Marquez, les Mexicains Carlos Fuentes et Juan Rulfo ou les Argentins Adolfo Bioy Casares et Julio Cortázar
- ↑ Oximorique : adjectif contenant dans les termes mêmes des éléments antithétiques ou antinomiques comme dans "clair obscur" ou "réalisme magique"
- ↑ Cité au nord de Bogota, surtout connue pour sa cathédrale construite dans les anciennes mines de sel
- ↑ Après l'assassinat du leader Jorge Eliécer Gaitá le 9 avril 1948 et aux graves émeutes qui ont lieu ensuite, l'université est fermée sine die
- ↑ Cité sur la côte caraïbe, au sud de Barranquilla
- ↑ Egalement de Ramon Vinyes, le vieux catalan libraire de Cent ans de solitude
- ↑ En particulier son premier roman Des feuilles dans la bourrasques publié en 1955
- ↑ Publié en 1970 sous le titre Récit d'un naufragé
Voir aussi :
- Octavio Paz au Mexique et Octavio Paz à Paris
- Mario Vargas Llosa et Mario Vargas Llosa à Lima
- Pablo Neruda, Carlos Fuentes
- Gabriel Garcia Marquez Hommage posthume
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