Essoyes ou la palette du bonheur
Passé l’âge de
cinquante ans, Auguste Renoir
découvre Essoyes dans l’Aube,
le village natal de sa femme qui lui plaît tant qu’il y reviendra tous les étés.
Dans la quiétude de ce village, il y trouvera nombre de sujets et de couleurs dont
il se servira dans ses tableaux.
Son atelier
n’est pas loin de la maison, récemment reconstituée et ouverte au public, ce
qui permet de se couler dans la vie et l’œuvre de Renoir.
La maison des jours heureux
La maison
est située au centre du village de quelque sept cents habitants dans la plaine
de Champagne,
à une heure de Troyes. Renoir est
alors un peintre reconnu qui gagne bien sa vie et l’achète 4.000 francs en
1896. Quatre ans auparavant, il a vendu à l’État son tableau intitulé Jeunes filles au piano pour…
pour la même somme.
Quant à la
maison elle-même, les deux corps de bâtiments d’origine seront réunis pour
donner naissance à la configuration que l’on connaît : un rez-de-chaussée pour
les pièces à vivre, un premier étage pour les chambres, les combles aménagés
pour les domestiques. Les autres niveaux sont desservis par une tour
accolée au corps du bâtiment.
Autoportrait Leçon de piano à Essoyes
Autoportrait Leçon de piano à Essoyes
En 2013, la
commune rachète une maison dont il faudra restituer l’ambiance initiale et
faire en sorte que le visiteur puisse se plonger dans la vie quotidienne de Renoir et de sa famille. Pour y
parvenir, on fait appel à l’audiovisuel et la muséographie, à une recherche documentaire
à laquelle contribue entre autres Sophie
Renoir, l'arrière-petite-fille du peintre. On procède à une reconstitution
des meubles et des tapisseries de l’époque, on découvre quelques vestiges de
papiers peints d’origine, aux motifs floraux et très colorés.
L’univers du peintre : le salon
Le salon qu’on visite dès l’entrée, a été pendant dix ans son atelier où ont posé par exemple Gabrielle, la domestique et nourrice de Jean, ou encore Renée Jolivet, nourrice de Coco, l’un des fils de Renoir.
Renoir aimait la vie de famille, recevoir ses amis, la vie tout court en somme. À Essoyes, tout coexistait, les activités artistiques, sociales et familiales, dans une ambiance un peu bohème où les outils du peintre se mêlaient à son quotidien, aux vêtements qui traînaient parfois dans l’atelier... Il aimait aussi beaucoup recevoir. On y voyait souvent les marchands de tableaux Ambroise Vollard et Georges Durand-Ruel, Georges Rivière le critique d’art, des enfants de confrères peintres comme Julie Manet, fille de Berthe Morisot et nièce d’Édouard Manet, Edmond Renoir Jr et Paul Cézanne fils, Martial Caillebotte le fils de Gustave, Henri Matisse ou Aristide Maillol.
Intimité et vie de famille
Le premier étage est celui des chambres. Une pour Renoir (il estimait qu’il fallait être jeune pour vivre « l’un sur l’autre »), une pour Aline sa femme et celles des enfants.
La chambre de Renoir : il reste d’origine le guéridon, la commode, la table et le lit face à la fenêtre où le soleil le réveillait chaque matin.
Malgré sa polyarthrite déformante, il descendait chaque jour prendre son petit déjeuner au rez-de-chaussée, aidé par une domestique et une infirmière qui utilisaient une chaise à porteur.
La chambre d’Aline possède une porte qui donne directement dans la chambre des enfants, sans passer par le couloir.
Dans la chambre des enfants, seuls les lits sont d’origine, le reste, peluches, jouets et livres d’enfants permettent de recréer l’ambiance qui y prévalait alors.
L’aménagement a aussi porté sur les tapisseries, reproduites à partir de fragments trouvés sous des couches de papier peint plus récentes, ou de photographies. L’atelier d’Offard, spécialiste des tapisseries anciennes, a reproduit les motifs d’époque.
La chambre de Renoir La chambre des enfants
L’atelier au fond du jardin
C’est en 1906 que Renoir quitte son atelier-salon pour s’installer dans son nouvel atelier qu’il a fait édifier au fond du jardin car, comme dit sa fille Sophie : « Il ne voulait pas déranger les enfants dans leurs jeux, alors il a décidé d’acheter une nouvelle parcelle, accolée au jardin de la maison, et d’y construire un atelier. »
Au rez-de-chaussée, assez sombre, on trouve le fauteuil roulant qu’il utilisait au quotidien pour se déplacer à la fin de sa vie. Au-dessous, une citation sur sa passion pour la peinture : « Et bien j’aime mieux peindre que marcher. »
Renoir passait des journées entières dans cette pièce très lumineuse. On peut y voir un ensemble de panneaux de bois plat de rectangulaire posé contre un mur à côté d'une fenêtre, qui lui servait à glisser les tableaux qu’i voulait transporter à Paris.
<< •• Christian Broussas <> Renoir Essoyes <> 8/08/2017 <> •• >>
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