mardi 29 mai 2018
Le mémorial de Rivesaltes
Rivesaltes fait partie des sites choisis pour recevoir tous les gens dont en fait on ne savait que faire, dont on ne voulait pas sur le territoire français, que ce soit les Espagnols fuyant leur pays, les juifs parqués dans ces ghettos, les prisonniers de guerre allemands avant qu’ils ne soient affectés à différents travaux, les harkis dont le calamiteux destin est mieux connu, les militaires guinéens fidèles à la France et après 1985, les immigrés en situation irrégulière reconduits à la frontière.
On y a aussi entassé les indésirables espagnols et tsiganes pendant la guerre, des suspects de collaboration à la Libération, centre pénitentiaire pour les nationalistes algériens à la fin de la guerre d’Algérie…
Tous ces statuts illustrent bien un phénomène durable, massif, protéiforme, qui touche des groupes divers frappés par des politiques d’urgence ou d’exclusion, d’internement ou de relégation. Mais si leurs mémoires demeurent plurielles et singulières, les histoires de ces populations victimes de déplacements forcés, enracinées sur un même espace, ouvrent la possibilité d’un récit commun et d’une mémoire partagée.
Le Barcarès et Saint-Cyprien, tout près de Rivesaltes, reçurent eux aussi leur camp dont il ne reste aujourd’hui aucune trace. Rivesaltes est le dernier témoignage de ce parcage de populations, même si les baraquements encore debout sont très délabrés, étayés pour nombre d’entre eux, seul un petit nombre ont fait l’objet d’une rénovation sommaire permettant de les préserver dans leur état actuel.
Le mémorial est né de la volonté du Conseil départemental de contribuer ainsi à pérenniser le souvenir des événements qu’il retrace et satisfaire ainsi au "devoir de mémoire".
Le titre donne le ton : Rivesaltes, les plaies de l’Histoire.
On peut situer l’utilisation du camp entre au départ en 1939 l’arrivée des républicains espagnoles rejetées en France par les armées franquistes et l’hébergement de la population harkie en 1962, après l’indépendance de l’Algérie.
Quelques vues des baraquements tels qu’on peut les voir en faisant le tour du mémorial
Le XXème siècle, siècle des camps
Jamais les camps n’auront été aussi nombreux qu’au XXème siècle, sur tous les continents et sous tous les régimes. Jamais ils n’auront pris de formes aussi différentes, du camp d’internement fait pour exclure au camp de concentration marqué par le travail forcé et la volonté de déshumaniser, jusqu’aux centres d’extermination conçus pour assassiner en masse.
Arrivée à Rivesaltes
C’est la conséquence d’un siècle de combats idéologiques et de guerres, marqué par deux conflits mondiaux et par les affrontements de la décolonisation. C’est la volonté de régimes autoritaires et totalitaires pour lesquels les camps sont un fondement de leur société nouvelle, un outil de terreur. C’est le résultat d’une radicalisation sans précédent des violences contre les civils.
Conditions de vie précaires dans le camp : l’arrivée avec juste une valise, un peu d’eau dans cette espèce de jerrican placé en hauteur, emmitouflés pour conjurer le froid
Pour prendre le seul cas de la France des années noires, des centaines de milliers de personnes se retrouvent internées par mesure administrative. En ce sens, Rivesaltes illustre bien le régime d’exclusion voulu par Vichy. Le camp d’abord militaire devient un camp d’internement conçu pour enfermer les indésirables pour la seule raison qu’ils représentent un danger potentiel pour l’État, hors de tout crime et délit.
Le camp se transforme ensuite en un centre de transit dans le cadre du génocide des Juifs d’Europe.
Caractéristique des évolutions de ce siècle, au moment de la décolonisation, Rivesaltes est un camp pour les harkis contraints de quitter l’Algérie. Le XXème siècle est aussi celui des déplacements forcés de population.
Les premiers prisonniers de guerre allemands arrivent à Rivesaltes le 7 novembre 1944
<< Ch. Broussas – Rivesaltes - 14/05/2018 - maj 2018 © • cjb • © >>
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