mardi 16 juillet 2019

Naomi Wood, Mrs Hemingway

Référence : Naomi Wood, Mrs Hemingway, traduction Karine Degliame-O'Keeffe, éditions La Table ronde, 288 pages, mai 2017

             
 
J’avais déjà lu il y a quelques années une biographie de la première femme d’Hemingway, Hadley Richardson parue en édition de poche en 2013, écrite par Paula Mac Lain. On va bien sûr retrouver cette idylle dans le livre de Naomi Wood. Ils se sont connus à Chicago en 1920, il raffole du jazz, elle joue du Rachmaninov. Ils sont faits l’un pour l’autre et partent en bateau pour Paris où c’est la fête et où ils retrouvent entre autres Ezra Pound, James Joyce et les Fitzgerald.

      
Hemingway et Hadley Richardson      et Pauline "Fife", Paris, 1927


Cette fois, Naomi Wood nous propose un Ernest Hemingway vu par « ses » femmes. Quatre femmes, quatre épouses, car quand Hemingway aimait, Hemingway épousait. Un Hemingway vu à travers le regard de Hadley, Pauline Pfeiffer (qu'on surnomme Fife), Martha Gellhron et Mary Welsh.

Quatre témoignages sur celui qui, avec l’âge, va devenir de plus en plus dépressif avec beaucoup d’alcool à la clé. Mais il s’agit là d’histoires d’amour, d’histoires de quatre femmes qui se sont battues pour lui, pour le garder. Ce roman nous entraîne d’abord de Paris à Antibes puis de Cuba à Key West et Ketchum dans l'Idaho, la Floride des années trente et l’Espagne de la guerre civile qu’il vivra intensément, chaque fois rattrapé par ses démons dont toutes, elles voudront le sauver…

     
Hemingway et Martha Gellhron         Avec Martha en 1940   


Il est « l'homme de trop de femmes » où derrière chaque nouvel amour se profilait l’ombre de la femme précédente. D’abord Hadley qu’on disait tendre et réservée, bientôt supplantée par celle qu’on surnommait Fife, qui a beaucoup souffert de la situation puis Martha, celle qui résiste, qui se bat, celle qui le quitte aussi, la seule qui eut ce courage, et enfin la journaliste Mary Welsh, si tendre et dévouée.

  Ernest Hemingway et Mary Welsh

Ce séducteur impénitent, homme à femmes a toujours épousé ses maîtresses, les mettant en scène, en pleine lumière avec un immense plaisir.
Elles l’ont toutes aimé avec passion, lui si beau, si ouvert, si révéré, médiatique dirait-on maintenant, mais derrière la face de la passion se dessinaient aussi mensonges et tromperie, et « où l'alcool coule toujours à flots. »

   Ernest Hemingway et Mary Welsh

Voilà un magnifique quatuor que n’aurait pas renié la musicienne Hadley mais dont les partitions ont tendance à se répéter dans les séquences d’emballement  de l’amour qui s’enflamme puis peu à peu se lasse dans l’usure du quotidien, les querelles et l’éloignement de l’inconstant écrivain.

Dans un style plein de verve, Naomi Wood a su créer un climat spécifique à chaque situation, qui traduit bien la relation entretenue avec chacune de ces quatre femmes, les sentiments complexes, amoureux et conflictuels, qui les ont traversées lors de chaque séquence de leur vie.


Ernest Hemingway, sa mère et ses quatre femmes


Voir aussi
*
Hemingway, Paris est une fête – Paula Mc Lain, Madame Hemingway --

* Jim Fergus, Chrysis – Francis Scott Fitzgerald, Gatsby le magnifique --
* Entretien avec Naomi Wood --


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