Écrivain atypique s'il en est, Alain Damasio né à Lyon en 1969, se classe dans le genre science-fiction et fantasy. Ses romans sont basés sur ce qu'on appelle des dystopies
politiques, romans engagés qui mettent en scène des personnages sous
l'influence de sociétés hyper techniques et hyper libérales qui
fonctionnent sous couvert de systèmes démocratiques. On peut dire que
ses œuvres sont des récits d’anticipation, imaginant des mondes
futuristes et fantastiques.
« Créer une pluralité d’îlots, d’archipels, est la seule manière de retourner le capitalisme. » A. Damasio
Alain Damasio en 2019
Il s'est fait connaître par son ouvrage La Horde du Contrevent [1] qui remporte le Grand prix de l'Imaginaire en 2006. Deux ans plus tard, il remporte le prix dans la catégorie "Nouvelle francophone" avec sa nouvelle Serf-Made-Man ? ou la créativité discutable de Nolan Peskine extraite de son recueil Au bal des actifs. Demain le travail.
Ce romancier d'univers hyper urbanisés vit dans des endroits plutôt retirés, d'abord dans le Vercors puis à Nonza, en Corse.
« En France, tout a été construit autour d'une infantilisation maximale des citoyens. »

Interview du média Blast Avec Esther Szac, graphiste
Outre La Horde du Contrevent, le romancier a aussi écrit un roman d'anticipation, La Zone du Dehors , sur la notion de contrôle croisé dans les sociétés démocratiques, inspiré des idées des philosophes Michel Foucault et Gilles Deleuze. Puis il écrit en 2009 un essai autant politique que poétique intitulé La rage du sage pour le groupe Silver et en 2021 un petit roman pour la jeunesse Scarlett et Novak sur l'impact sur la dépendance des gens aux nouvelles technologies.
Entrer dans la couleur Créateur de l'école du vivant
En 2019, il publie un roman Les Furtifs
où les réseaux sociaux servent de vecteur pour diffuser un système de
contrôle de la société. Il pose la question de savoir comment vivre dans des "villes privatisées",
quand l'attention, la concentration sont contrôlées et excitées
constamment et les corps toujours sous contrôle. Le roman qui se situe
en 2040 voudrait nous faire sortir de nos « techno-cocons », à passer à des nouvelles pratiques de vivre ensemble et de résister pour être maître de notre destinée.
Ce qui fait la particularité d'Alain Damasio,
c'est d'abord son style et plus largement la construction de ses
ouvrages. Ils utilisant assez souvent de néologismes et d'expressions
spécifiques, créant ou détournant des mots comme "volte" qui renvoie à
"révolte" pour exprimer le fait de lutter contre une société autoritaire
en proposant des modes de vie alternatifs [2] ;
« cosmopolitesse » (respecter d'autres formes de vie ; « furvent »,
« airpailleur » (dans La Horde de Contrevent), « périféérie »,
« radicolo » (dans Les Furtifs).
Écriture et musique
Il
aime par-dessus tout lier univers littéraire et univers musical,
incluant par exemple dans ses romans un support musical dans ses albums. [3] jouant sur la musicalité de l'écriture et utilisant les possibilités du son.
Il s'est aussi fortement investi dans des productions sonores comme dans Les Chrones basé sur des extraits de La Horde du Contrevent, La Sansouïre, une balade sonore sur la plage de Port-St-Louis du Rhône, Phonophore, univers sonore tiré de son roman Les Furtifs
en 2014, Fragments hackés d'un futur qui résiste, un scénario réalisé
par le studio d'arts sonores Tarabust & Phaune radio (Grand prix de
la fiction radio en 2015), [4] Mare perchée, balade sonore parue la même année.
Plus récemment, en 2019 pour la sortie des Furtifs, il crée une bande sonore intitulée Entrer dans la couleur, avec le musicien Yan Péchin avec qui il donne toute une série de concerts-lectures puis en 2021, toujours pour Les Furtifs, il écrit un slam orchestré par Laurent Pernice.
A propos de La Horde du Contrevent (2004)
Avec ce second roman, Alain Damasion signe un livre-univers fondé sur le vent, dont il dit :
« L'idée première m'est venue en lisant une nouvelle de Bradbury intitulée "La pluie".
Je voulais construire un univers entier à partir d'un seul élément,
d'une seule force primordiale qui irriguerait la totalité du livre et
déciderait aussi bien de l'architecture que de la technologie, du mode
de vie, des philosophies et des croyances - mais qui déciderait aussi du
style, du rythme, du souffle épique, qui traverserait toute l'épaisseur
strictement littéraire du roman et c'est ça qui m'a poussé à adopter le
vent. »
Notes et références
[1] On le considère comme l'un des meilleurs romans de la science fiction française , vendu à quelque 400.000 exemplaires
[2] C'est également le nom donné à sa maison d’édition
[3] Ce qui n'est plus le cas pour les éditions parues en livre de poche
[4] Depuis 2013, il écrit et chante dans plusieurs jingles de Phaune radio
Voir également
* Les furtifs, Interview --
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