Référence : Matylda Hagmajer, Voyages de non retour, éditions Slakine, 390 pages, avril 2022, Prix des bienveillantes 2022
« On
ne va jamais aussi loin que lorsqu'on ne sait pas où l'on va. » Christophe Colomb
Matylda Hagmajer [1] nous emmène dans un voyage initiatique au long cours en compagnie de trois jeunes marseillais Violaine Ortolano et les frères Henri et Guillaume Montferré. Il se déroule pendant le règne de Louis XIV, entre 1682 et 1692.
Violaine fuit l'orphelinat pour échapper à la vie de misère qui l'attend très sûrement. Pleine d'espoirs, elle
s'embarque pour les Indes orientales. [2] Les jumeaux Guillaume et Henri, sous l'injonction du père [3],
entreprennent eux aussi ce long et périlleux voyage, afin de se former
au commerce des indiennes. Leur route à travers routes et océans, l'Empire
ottoman et la Perse, Pondichéry puis jusqu'à Genève, va croiser celle de la jeune
femme. Une épopée d'aventures et de découvertes.
Aussi partiront-ils, Henri par la voie terrestre via la Méditerranée jusqu'à Ispahan et Guillaume par la voie maritime via le cap de Bonne Espérance et Madagascar, sous le prétexte fallacieux que la Compagnie puisse les comparer.
C'est d'abord pour leurs parents une excellente façon d'apprendre sur le terrain en quoi consiste le commerce des indiennes. [4]
Au XVIIème siècle, les voyages représentent une véritable aventure qui ne se termine pas toujours bien. Le contexte de l'époque va aussi impacter la situation des trois protagonistes, comme la Révocation de l'Édit de Nantes le 18 octobre 1685 et l'Édit du 26 octobre 1686 interdisant commerce et port des indiennes, des décisions politiques plutôt néfastes sur le plan économiques. Mais de toute façon, « qu'importe ce qui est inéluctable. Ce qui compte, ce sont les choix que l'on fait pour soi. »
Les personnages - les Montferré & Violaine
- le père psychorigide qui punit ses enfants -
- les malheurs de Violaine à Ispahan : se déguise et est enlevée : saga romanesque.
Le commerce des indiennes
- relations commerciales complexes, rigides (p 191-92) -
- la teinturerie (p 187) : pastel/indigo - grenade - garance+alun+bois de sappan -
- Critique de la politique Colbert/Louis XIV (1685 - les indiennes)
Mme de Pompadour p 317 ?
La société indienne
- Société figée et inégalitaire : visite du Grand Moghol devant une foule sous influence --> contraste opulence/misère (p 203-04) - pratique de la sati, les castes -
- Différences mentalités & modes de vie entre européens & indiens - chap 25-26, p 155
- Georges Roques & le commerce des indiennes p 170
« Les Indes vous enseignent que tout est mouvant. » (p 207 )
Contenu et forme
- Guillaume=journal, Henri= descriptif (perd un œil p 107)
- belle description des cotonnades de Melquitar (p 86-88)
- parallèle intéressant entre voyages maritime et terrestre .
- Recours apprécié aux supports historiques et témoignages sur le commerce, les indiennes...
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Vue de Pondichéry |
Notes et références
[1] Née
à Varsovie, Matylda Hagmajer vit à Genève depuis 1980. Historienne de
l'art de formation, elle signe avec Voyages de non-retour son troisième
roman fondé, comme les deux premiers, sur de solides recherches
historiques.
[2] La Compagnie des Indes orientales créée par Colbert
avait d'abord pour objet de rivaliser commercialement avec les
Anglais. Pondichéry a été son premier
comptoir en Inde.
[3] Voyage imposé par ce que leurs parents ont pudiquement appelé « une sordide situation » créée par l'un des jumeaux.
[4] Ce sont des cotonnades illustrées, où les couleurs dominantes sont le rouge et le bleu.
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