samedi 26 mai 2018

Modiano, La petite bijou

 Référence : Patrick Modiano, La petite bijou, éditions Gallimard, collection Blanche, 2001, Folio, 2002, illustration Giorgio de Chirico. Prix Jean-Monnet
3 CD audio, 3h20, lu par Valéry Karsenty et d'autres.

             

Avant d'être l'héroïne de ce roman, "La petite bijou", inspirée d'un personnage réel, était déjà apparue deux fois dans l'œuvre de Patrick Modiano : dans une nouvelle intitulée "La Seine" en 1981 puis dans le chapitre V de son roman "De si braves garçons" paru en 1982.

« Quand j'avais sept ans, on m'appelait la Petite Bijou. [...] Ce n'est pas ce que vous croyez, lui ai-je dit. Moi, c'était mon nom d'artiste. »

Dans son essai biographique sur Modiano intitulé Dans la peau de Patrick Modiano, Denis Cosnard (Fayard, 2011), confirma que l'auteur s'est inspiré d'une histoire vraie et s'interroge sur ses relations avec sa mère : "Les personnages maternels étaient rares ou secondaires. Mais après avoir réhabilité son père avec Dora Bruder, l'écrivain se tourne avec La Petite Bijou, vers le personnage de la mère."

Ne serait-ce pas sa mère, cette femme au manteau jaune aperçue fugitivement dans le métro ? Une femme pourtant morte depuis plusieurs années. Thérèse, la petite bijou, la suit jusque chez elle, rue du Quartier-de-Cavalerie à Vincennes. Troublée, elle repense à cette mère distante et immature que certains appelaient "la boche" et qui l'avait confiée à 8 ans à une institution.
Depuis, elle « recherche des contacts humains » et pense qu'il faut « trouver un point fixe pour que la vie cesse d'être ce flottement perpétuel. »

Sa filature fait émerger des souvenirs enfouis, parfois douloureux qui la perturbent. Elle ne parvient toujours pas à assumer sa vie, en constante recherche des causes de cet abandon et de ses origines.

Comme dans son roman précédent "
Des inconnues", Modiano joue au narrateur neutre qui suit le parcours d'une femme hantée par son passé. [1]


Au cours de sa quête, de la gare de Lyon au bois de Boulogne, de la place Blanche à la rue Coustou où elle habite, elle va croiser le chemin d'un traducteur nommé Moreau-Badmaev et disparaître dans une pharmacie de l'avenue Ledru-Rollin avant d'être raccompagnée chez elle à Pigalle, près du cabaret Le Néant.
 
Malgré une ultime tentative de suicide, elle finira par reprendre goût à la vie et dépasser le traumatisme de sa jeunesse.


Notes et références
[1] Des inconnues (1999), recueil de 3 nouvelles qui met en scène 3 exilées anonymes, 3 femmes "en manque d'existence"
: Une jeune lyonnaise qui quitte tout pour Paris, une annécienne  rejetée par ses parents fuit son pensionnat, une troisième arrive à Paris où elle fréquente un groupe ésotérique.

Voir également
* Mon site Catégorie Modiano -- Modiano interview --
* Chevreuse -- Encre sympathique --


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