Référence : Patrick Modiano, Chien de printemps, éditions du Seuil, 120 pages, octobre 1993, collection Quarto, 2013
Roman dédié à sa femme Dominique Zehrfuss
/image%2F0404379%2F20250207%2Fob_3cccc1_le-paris-de-modiano.jpg)
Le Paris de Modiano
En 1992, un homme retrouve une photo prise il y a une petite trentaine d'années par Francis Jansen, un photographe. « C'était tôt le matin de ce printemps 1964, j'étais avec une amie de l'époque dans un café. Jansen
était attablé un peu plus loin et avait pris cette photo sans que nous
nous en rendions compte. Nous avions lié connaissance et je me suis
retrouvé tout doucement au fil du temps à classer, chez lui, ses photos
entreposées dans trois grandes valises. »
C'est ainsi que le narrateur parle de sa rencontre, trente ans avant, avec Francis Jansen, alors photographe fort célèbre. Dans son atelier de la rue Froidevaux, il se décide à classer les clichés de Jansen, comme si ça signifiait aussi pour lui de mettre de l'ordre dans sa vie. À partir de là, des souvenirs vont peu à peu émerger.
/image%2F0404379%2F20250206%2Fob_4b8a17_chien-de-printemps-1.jpg)
/image%2F0404379%2F20250206%2Fob_f47de9_memery-lane.jpg)
/image%2F0404379%2F20250206%2Fob_b6bdf1_chien-de-printemps-2.jpg)
C’est en fait un jeune homme qui à l'époque cherchait sa voie. Il repense à Francis Jansen, un ami de Robert Capra, son amie Colette Laurent qui connut ses parents dans sa jeunesse. Dans l’entourage de Jensen, on compte aussi Nicole sa maîtresse et son mari le Mime Gil ainsi que et ses riches amis les Meyendorff.
En fait, Jeanson se définit vraiment comme l’archétype des personnages de Modiano : fuyant comme une anguille, allant et venant, laissant le téléphone sonner, semant des bouts d'indices…
Modiano donne toute sa densité au sujet par les manques même que
recèlent certaines photographies : les photographies non répertoriées,
non légendées, ou assorties de légendes qui les rendent encore plus
mystérieuses. Il nous convie à une balade dans les arcanes d'une mémoire
parcellaire qui n’est pas sans rappeler Roland Barthe qui avait aussi choisi la photographie pour évoquer sa mère dans La Chambre claire.
La photographie joue un rôle important ici, elle est comme l'écriture mais dans un autre registre, une espèce de révélateur : « Il
pensait qu'un photographe n'est rien, qu'il doit se fondre dans le
décor et devenir invisible pour mieux travailler et capter -comme il
disait- la lumière naturelle. » En quelque sorte, la recherche esthétique d'un absolu : « Une
photographie peut exprimer le silence. Mais les mots ? Voilà ce qui
aurait été intéressant à son avis : réussir à créer le silence avec des
mots. »
/image%2F0404379%2F20250207%2Fob_7da435_modiano-citation.jpg)
Comme dans tout Modiano,
les personnages représentent souvent des silhouettes justes esquissées,
comme ici un homme qui s’efface derrière ses photos. Le climat général
qui s’en dégage agit comme dans un tableau impressionniste sur l’idée
que s’en fait un lecteur bien obligé de s’en tenir aux bribes de la
réalité que l’auteur lui propose.
* Voir aussi : Mon Site Modiano --
-------------------------------------------------------------------------------------
<< Christian Broussas • P.M. synthèse © CJB ° 06/02/2025 >>
-------------------------------------------------------------------------------------
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire