« Vous
étiez son foyer, et moi, son échappée. Il faut bien à la fin que
l'enfant quitte la mère avant de revenir. Vous, son point d'attache.
Moi, son escapade. » Hannah
Allemagne, Fribourg-en-Brisgau, 1975
Deux femmes âgées se retrouvent au chevet d'un homme en fin de vie, après avoir lutté un demi siècle pour dominer son cœur, autour de tasses de café qui étirent sans fin, des cigarette qu'Hannah fume les unes après les autres tandis que tombe la nuit sur la ville de Fribourg.
A propos du flirt de Martin avec le nazisme, Hannah préfère parler d'une "escapade" dont Elfride
serait responsable parce qu'elle avait adhéré au parti nazi dès 1920,
donc bien avant lui mais ce n'était sans doute que justifications. (p.
234-235)
Mais le temps a fait son œuvre, elles savent que désormais elles ne seront plus vraiment ennemie.
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Il somnole d'un sommeil traversé de cauchemars tandis que dans la pièce voisine, les deux femmes Elfride la légitime et Hannah l'amante, se jaugent et se jugent, déballant leurs souvenirs dans un temps suspendu, pensant à leurs espoirs évanouis. Catherine Clément
Martin et Hannah :
Lui le professeur connu et reconnu, elle son élève : quelque vingt ans
les séparent, le philosophe "génial" poursuivi par son flirt nazi et
elle la philosophe juive, amante apatride, lucide et amoureuse. Symbole
des sublimes moments volés à la vie et au temps.
Voleuse d'homme, traitresse, elle sera toujours poursuivie par Elfride défendant son bien comme Harpagon sa cassette.
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Martin Heidegger Hannah Arendt
Elfride et Martin :
L'épouse allemande qui défend "son" homme et sa légitimité d'épouse
officielle, avec comme preuve absolue les deux enfants qu'elle lui a
donnés. Symbole de de terre et de la chair, de la force de la durée.
Martin, Hannah, Elfride : dans ce trio sans avenir,
chacun détient une part de vérité, des fragments de la mémoire de
l'autre. Leur rivalité est infinie, et chacune reconnaît quelque part
une certaine complémentarité qui émerge de l'acceptation de l'autre.
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Martin est
trop affaibli pour participer à ce duel de femmes, il n'est là qu'en
filigrane, proie de ces femmes qui voudraient chacune s'emparer de sa
dépouille. Un drame intime, personnel s'il ne s'agissait de deux grands
philosophes de leur époque, Martin Heidegger et Hannah Arendt.
On retrouve ici la Catherine Clément du drame amoureux de La Senora ou de La valse inachevée ou de la fiction philosophique du Voyage de Théo.
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