Éric-Emmanuel Schmitt,
à travers un style à la fois fluide et souvent inventif, aborde les
sujets humains qui lui tiennent à cœur, sous forme de fables ou de
paraboles, posant un regard acéré et lucide sur la société de son temps.
Éric-Emmanuel Schmitt dans sa maison de de Gougnies en Belgique [1] (LP/Sam)
Dans Le Sumo qui ne pouvait pas grossir, il traite des difficultés de l’adolescence dans une société où prime l’apparence et où, en dépit du discours ambiant, la non-conformité à la norme admise est objet de rejet. Ulysse from Bagdad est pour lui l’occasion de parler de tous les déshérités, les déracinés contraints de quitter leur pays pour cause de famine, de guerre… et qui se retrouvent rejetés par le pays où ils ont échoué, prisonnier de leur propre destin.
Il aime aussi traiter des grands thèmes classiques, l’amour et l’amitié, les sentiments mêlés de désirs et de plaisir, comme dans Les perroquets de la place d’Arezzo où il romance les comportements amoureux pris dans les tourbillons de son époque, où il se demande quel rôle peut bien jouer la sexualité dans cette relation complexe.
Ce corbeau qui colporte les messages d’amour est donc en fait une colombe et ils seront reçus très différemment par les gens qui réagiront selon leur conception de la vie. L’amour multiforme, sage ou passionné, par des chemins qui lui sont propres, peut diverger vers la souffrance et le drame mais aussi vers les plus belles révélations. Ce qui intéresse d’abord Éric-Emmanuel Schmitt ici, c’est de donner sa vision du mystère de l’amour et de l’érotisme dans l’existence, la difficulté de s’épanouir dans la sexualité.
Dans La tectonique des sentiments qui part d’une anecdote tirée de Jacques le Fataliste de Diderot [2] –l’un de ses auteurs favoris- il met en scène une femme à qui tout réussi, députée, active, indépendante, qui découvre l’usure de l’amour, la peur d’être trompée et ce désir qui la ronge de se venger et qui, finalement, sera victime de sa propre vengeance.
Si Éric-Emmanuel Schmitt est l'auteur français contemporain le plus connu à l’étranger, on peut penser que ce succès vient de son choix de traiter d’abord des sentiments humains, des aléas de la vie et des façons de les vivre, la puissance de l’argent ou l'usure du sentiment amoureux. Il pose, à sa manière unique d’aborder ces questions, les problèmes métaphysiques fondamentaux, comment puiser dans ses ressources malgré un monde illisible, comment croire en une éthique de moins en moins discernable, comment savoir si on a malgré tout réussi sa vie ? [3]
Éric-Emmanuel Schmitt dans sa maison de de Gougnies en Belgique [1] (LP/Sam)
Dans Le Sumo qui ne pouvait pas grossir, il traite des difficultés de l’adolescence dans une société où prime l’apparence et où, en dépit du discours ambiant, la non-conformité à la norme admise est objet de rejet. Ulysse from Bagdad est pour lui l’occasion de parler de tous les déshérités, les déracinés contraints de quitter leur pays pour cause de famine, de guerre… et qui se retrouvent rejetés par le pays où ils ont échoué, prisonnier de leur propre destin.
Il aime aussi traiter des grands thèmes classiques, l’amour et l’amitié, les sentiments mêlés de désirs et de plaisir, comme dans Les perroquets de la place d’Arezzo où il romance les comportements amoureux pris dans les tourbillons de son époque, où il se demande quel rôle peut bien jouer la sexualité dans cette relation complexe.
Ce corbeau qui colporte les messages d’amour est donc en fait une colombe et ils seront reçus très différemment par les gens qui réagiront selon leur conception de la vie. L’amour multiforme, sage ou passionné, par des chemins qui lui sont propres, peut diverger vers la souffrance et le drame mais aussi vers les plus belles révélations. Ce qui intéresse d’abord Éric-Emmanuel Schmitt ici, c’est de donner sa vision du mystère de l’amour et de l’érotisme dans l’existence, la difficulté de s’épanouir dans la sexualité.
Dans La tectonique des sentiments qui part d’une anecdote tirée de Jacques le Fataliste de Diderot [2] –l’un de ses auteurs favoris- il met en scène une femme à qui tout réussi, députée, active, indépendante, qui découvre l’usure de l’amour, la peur d’être trompée et ce désir qui la ronge de se venger et qui, finalement, sera victime de sa propre vengeance.
Si Éric-Emmanuel Schmitt est l'auteur français contemporain le plus connu à l’étranger, on peut penser que ce succès vient de son choix de traiter d’abord des sentiments humains, des aléas de la vie et des façons de les vivre, la puissance de l’argent ou l'usure du sentiment amoureux. Il pose, à sa manière unique d’aborder ces questions, les problèmes métaphysiques fondamentaux, comment puiser dans ses ressources malgré un monde illisible, comment croire en une éthique de moins en moins discernable, comment savoir si on a malgré tout réussi sa vie ? [3]
« Ma vision de l’amour »
Dans une interview de septembre 2009 intitulée « Ma vision de l’amour » il précise sa pensée, parfois à la lumière de son expérience. Aimer l’Autre, c’est l’aimer totalement, c’est aussi aimer ses défauts car pour être inconditionnel, l’amour n’est jamais pareil alors que la passion sous ses différentes formes, c’est toujours la même chose.
L’amour est acte de confiance qui ne peut se décliner dans la jalousie (« je l’éprouve mais ne la cultive pas » ajoute-t-il), relation unique qui implique un certain degré de liberté car « ce que vit l’autre en-dehors de nous n’est comparable à rien. » Dans le réel, on vit l’instant présent « comme un sacre qui fond dans l’eau » alors qu’ensuite, quand l’imaginaire s’en mêle, les événements prennent leur véritable poids, une densité qui donne de la couleur aux sentiments.
Cet Autre, qu’on ne peut en définitive ni connaître vraiment, ni posséder, a sa part de liberté qu’il faut respecter. L’ego a une infinie plasticité qui transparaît dans nos propres contradictions par exemple, « on est de la glaise à laquelle la vie donne forme ». L’amour s’exerce aussi dans la perte, la maladie et la disparition des êtres chers, qui implique la nécessité de se dépasser pour dépasser sa propre souffrance et, malgré tout, apporter aux Autres, à ceux qui restent, ce qu’on peut de joie et de bonheur de vivre.
Le livre permet pendant un temps de « devenir l’Autre », il crée une plasticité virtuelle qui permet au lecteur de devenir tous ceux qu’il n’a pas le temps d’être, car « écrire, c’est abolir la distance entre l’Autre et nous puisque c’est entrer dans l’intimité d’un personnage. »
Quelques oeuvres d'Éric-Emmanuel Schmitt
A propos de son livre "L'élixir d'amour" : interview à La Presse, mai 2014
« Je crois que le même mot, "amour", recouvre deux territoires différents, le désir et le sentiment. Certes, il y a une frontière commune entre désir et sentiment, c'est là que se produisent les grandes passions, mais la plupart du temps, ce sont des régions distantes: on peut désirer sans aimer, on peut aimer sans désirer. L'attirance physique est parfois le chemin de l'amour mais pas toujours, elle a son autonomie. Et nous éprouvons tous de grands amours pour des êtres que nous ne touchons pas, nos parents, nos enfants, notre fratrie, nos amis. Au fond, la vie devient difficile et passionnante quand amour et désir se mêlent. Mais il y a risque... risque que le désir disparaisse, la plus grande peur des amoureux. »
« "Seule la peau sépare l'amour de l'amitié", dit Adam, qui aime toujours Louise mais la désire moins. Celle-ci, au début du roman, préfère rompre que de passer à l'amitié, elle ne supporte pas la mort du désir d'Adam. Cependant, elle va évoluer: elle va perdre son intransigeance et peut-être accepter, au nom de l'amour, d'être moins désirée mais toujours préférée. Un amour, c'est quelque chose de vivant, qui change, évolue. Ni Adam ni Louise ne l'ont accepté au début et c'est pourquoi ils se séparent. Cependant, ils tiennent absolument l'un à l'autre et n'arrivent pas à couper le lien: Adam écrit continuellement à Louise, Louise le hait passionnément. À l'issue de l'histoire, ils ont auront appris à se rapprocher pour une relation différente; ils auront accepté les métamorphoses de l'amour. »
« Le mensonge est parfois le meilleur moyen de faire surgir la vérité. La manipulation, ici, comprend aussi bien un désir de vengeance qu'un désir de reconquête. Pour moi, tous les sentiments sont ambigus, ils portent une chose et son contraire… »
« Le bonheur est provisoire mais l'on ne sait pas combien dure ce provisoire, parfois il peut durer longtemps. Je dirais même que les moments de bonheur sont ceux où l'on murmure "que ça reste toujours comme ça" parce qu'on sait que ça disparaîtra. Je ne parle pas en pessimiste. Je parle en homme qui savoure, qui goûte l'instant présent tout en aimant les grands sentiments qui donnent une structure à nos vies et une épaisseur à la durée. »
Citations d’Éric-Emmanuel Schmitt sur l’amour et les sentiments
* « Les aventures sentimentales sont plus dangereuses que la guerre : au combat, on n'est tué qu'une fois, en amour, plusieurs fois. » La trahison d'Einstein (2014)
* « Dans l'hôtellerie, à partir de deux mille dollars la nuit, on ignore la concupiscence, on ne juge pas le client, on ne reçoit que des saints. L'argent purifie plus que l'eau de Lourdes. » La femme au miroir (2011)
* « Le coeur de l'homme est comme un oiseau enfermé dans la cage du corps. » Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran (2001)
* « C'est irrationnel d'aimer, c'est une fantaisie qui n'appartient pas à notre époque, ça ne se justifie pas, ce n'est pas pratique, c'est à soi-même sa seule justification. » Petits crimes conjugaux (2003)
* « La souffrance physique, on la subit. La souffrance morale, on la choisit. » Oscar et la dame rose (2002)
* « L'obligation d'orgasme, n'est-ce pas ce qui empoisonne les relations des hommes et des femmes ? Sous pression, ils se contraignent à y parvenir, transformant un moment gratuit, libre, inutile, en une compétition qu'il faut gagner. » Les Perroquets de la place d'Arezzo (2013)
* « Rien ne supprime le chagrin ; mais le vrai coeur le rend utile et bénéfique. » L'Evangile selon Pilate (2000)
* « C'est la seule chose que nous apprend la mort : qu'il est urgent d'aimer. » L'Evangile selon Pilate (2000)
Notes et références
[1] Sa maison de vacances à Gougnies vers Charleroi est une ancienne ferme fortifiée avec une tour du XIe siècle dans le jardin
[2] Voir son ouvrage intitulé "Diderot ou la philosophie de la séduction" publié en 2013
[3] Voir l'analyse de Michel Meyer dans son livre "Eric-Emmanuel Schmitt ou les identités bouleversées", éditions Albin Michel, 168 pages, 2004
Bibliographie
* Accès à la liste de l'éditeur Albin Michel
* Yvonne Y. Hsieh, Éric-Emmanuel Schmitt ou la philosophie de l'ouverture, Birmingham, Summa Publications, 2006
Mes articles sur Éric-Emmanuel Schmitt
-- Éric-Emmanuel Schmitt Biographie -- Le cycle de l'invisible -- Les deux messieurs de Bruxelles -- L'élixir d'amour --
-- Le bruit qui pense -- Un homme trop facile ?
<<<< Christian Broussas – EES - Feyzin, 22 avril 2014 - <<< © • cjb • © >>>>
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