mardi 4 novembre 2014

Philippe Djian, "Oh..."



Voir aussi : Philippe Djian,"Impuretés"-- Chéri-Chéri --

Référence : Philippe Djian, « Oh… », éditions Gallimard, 236 pages

Portrait contrasté de Philippe Djian l’auteur de « 37°2 le matin, » prix Interallié 2012, qui écrit cette fois une histoire d’amour… et de viol,  avec son allure « rock » et son blouson noir, auteur populaire ou américain selon l’angle de vue…

Le lâché de la première phrase dit-il, conditionne le reste. [1] Au départ, il ne sait rien de l’histoire qui va se nouer, le personnage de Michèle se dégage peu à peu de la gangue de son imagination ; « la langue introduit l’histoire et l’histoire se révèle d’elle-même. » Au début, elle est plutôt sympathique Michèle, bien qu’elle parle durement à ses proches, ridicule son fils dans ses désirs de mariage ou qualifie sa mère de grotesque. Mais en fait, elle les aime et est capable d’une grande affection envers eux, évitant cependant de le montrer. Djian affectionne les caractères doubles, marque d’ambiguïté qui en fait leur richesse et pose plus de questions qu’ils n’ont de réponses.




Elle semble être tombée amoureuse de son violeur mais c’est dans l’ordre des apparences, elle sait très bien que rien n’est possible entre eux malgré l’ambiguïté des sentiments et de la situation. Michèle est aussi quelqu’un qui a bien réussi dans la vie, fondant sa propre maison de production et manageant fort bien ses collaborateurs.

C’est bien la question du lien que Philippe Djian aborde ici, lien inter familial d’abord, entre rupture et lien indéfectible, des parcours chaotiques de ce père assassin que sa femme n’a jamais voulu renier tandis que la fille désirait l’effacer de sa mémoire, ce fils qui veut reconnaître un enfant qui n’est pas le sien, cet ex-mari rejeté mais qui ne devra pas être heureux avec une autre, cet amant de Michèle qui se trouve être le mari de sa meilleure amie et associée… Ce sont des parcours fouillis qui permettent à Philippe Djian de poursuivre encore et toujours l’exploration du champ de la perversité.

La littérature propose une vision du monde à travers son langage, selon une perspective différente, une manière d’emprunter d’autres chemins que ceux de grandes traversées, avec une expérience unique faite pour lui au début de petits boulots puis de voyages après la fac de lettres, et d’une grande proximité avec les écrivains américains. Il y a beaucoup d’exagération et même de fantasmes dans tout ça, reconnaît-il, les petits boulots, l’histoire de l’écrivain rock sont plutôt du domaine d’une « imagerie un peu folklorique ».

Notes et références
 [1] Propos recueillis par Alexis Brocas le 05/11/2012




Citations
* « Le Démon habite t-il un corps vingt-quatre heures sur vingt-quatre ou ne l'investit-il que par instants ? »
* « On se croit toujours plus fort qu'on ne l'est en réalité, et voilà ce qui arrive, dis-je. La réalité se charge de vous remettre à votre place. »

   << Christian Broussas - Divonne-les-bains - 8 juin 2013 - <> © • cjb • © >>

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