Auteur : Éric-Emmanuel Schmitt
Acteurs : Davy Sardou, Alexandre Brasseur, Christelle Reboul, Véronique Boulanger, Zoé Nonn, Thierry Lopez
Metteur en scène : Steve Suissa
Usure du temps et du
mariage. Après quelques années de vie commune, Marianne et Georges
ont de plus en plus de difficultés à se supporter : elle est nostalgique du Georges
amoureux et assez naïf qu'elle a jadis rencontré, et lui voudrait une femme qui
aiguise plus son désir. A travers les expériences
du docteur Galopin, un "magnétothérapeute", ils vont avoir
la possibilité de jouer avec leurs fantasmes... mais chacun devra le cacher à
l'autre ! De là vont naître les problèmes...
Une comédie en hommage à Georges Feydeau, où comme dans les pièces de l’illustre maître du vaudeville, situations inextricables et quiproquos s'enchaînent. D'un appartement parisien jusqu'à l'ambassade du royaume de Batavia, les portes claquent au gré des entres et sorties de six personnages qui se courent après tout en faisant mine de ne pas vouloir se rencontrer. Georges Feydeau selon Éric-Emmanuel Schmitt Selon Éric-Emmanuel Schmitt, les comédies de Feydeau, celui qu'il appelle « un architecte de la pensée théâtrale, » seraient des « tragédies à l'envers. » Il a mis, écrit-il, beaucoup de temps avant de démonter ses mécanismes comiques. S'il reconnaît que Georges Feydeau « n'a pas tracé une seule phrase qui méritât d'être retenue, » il indique que la littérature ne se limite pas à ce seul aspect mais qu'elle englobe aussi un univers et un regard sur la condition humaine. Il fut ensuite surpris de constater que Feydeau était l'auteur français le plus joué dans le monde (avant Molière !) parce que sans doute il était un « déclencheur de rire. » Son secret : La folie, explorer la démence, la perte de la réalité ou, en langage théâtral, le quiproquo ou plutôt les quiproquos qui « démantèlent les évidences. » Peu à peu les personnages s'éloignent de la réalité, progressent dans le trouble et la frénésie, se dirigent vers un chaos absolu, surpassant Néron dans le spectacle de la déliquescence. Georges Feydeau adore éclats et mouvements, l'hypertension des sentiments, le bruit et la fureur qui remettent en cause l'ordre existant. « On a le sentiment qu'en palpant l'incohérence, Georges Feydeau rejoint l'essence même de la vie. » Ses pièces ont souvent trois actes : l'exposition et la réalité, puis la confusion et les coups de théâtre, enfin le dénouement où les choses s'apaisent. Contre sa volonté, il ramenait ses personnages dans l'ordre bourgeois pour ménager une "happy end". La vie de Georges Feydeau pourrait offrir quelques clefs. Lui aussi a cultivé le paradoxe, se perdant dans les jeux d'argent et finissant sa vie dans l'asile de Rueil-Malmaison. Comédie grinçante ou tragédie ? Selon Éric-Emmanuel Schmitt, Feydeau était un pessimiste qui ne croyait guère en l'harmonie universelle comme le philosophe Leibniz que Schmitt lisait aussi à la même époque. Si ses pièces sont comme il disait « des tragédies à l'envers, » elles n'en étaient pas moins construites sur un mode tragique, rappelant le silence assourdissant des pièces de Beckett. Quelques extraits "drolatiques" : - Tiens, une idée me traverse la tête. - Comme elle doit se sentir seule. - On m'a dit qu'il y avait des anthropophages à Batavia. - C'est faux ! Nous avons mangé le dernier il y a un mois. Plus la femme est légère, plus les dépenses sont lourdes. La vérité sur les femmes, ça ne se raconte qu'à un homme. Il n'y a que dans les courts instants où la femme ne pense plus à ce qu'elle dit qu'on peut être sûr qu'elle dit vraiment ce qu'elle pense. - Qu'est-ce qu'il avait ? - Rien. Mais j'ai fini par l'en guérir. Mes articles sur Éric-Emmanuel Schmitt -- -- Éric-Emmanuel Schmitt Entre réel et imaginaire -- Le bruit qui pense -- Un homme trop facile -- Les 2 messieurs de Bruxelles -- L'élixir d'amour -- -- Le cycle de l'invisible -- Biographie -- Georges & Georges --
<<< Christian Broussas – Georges & Georges - Feyzin, 20 mai 2015 - © • cjb • © >>>
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