Jim Harrison en 2008 et en 1986
« Je me promène dans les champs déserts, les canyons, les bois, mais de préférence près d'un torrent ou d'une rivière car depuis l'enfance j'aime leur bruit. L'eau vive est à jamais au temps présent, un état que nous évitons assez douloureusement. »
"En marge, mémoires"- mai 2003
Jim Harrison, d'origine suédoise par sa mère, a passé sa jeunesse dans le Michigan. Très tôt, il décide de devenir écrivain, aussi bien poète que romancier, « de par mes convictions romantiques et le profond ennui ressenti face au mode de vie bourgeois et middle class » dira-t-il. Deux événements vont particulièrement le marquer :
- À huit ans, il a un œil crevé au cours d'un jeu ;
- En 1962, il perd son père et sa sœur Judith dans un accident de la route.
En 1965, il quitte le Michigan pour enseigner à l’université de New-York mais pour vivre et subvenir à l’éducation de ses deux filles, il écrit des articles et des scénarios. Il racontera sa vie à Boston et à New-York dans son roman Wolf, mémoires fictifs. De retour dans le Michigan, il s'installe dans une ferme sur les rives du Lake Leelanau et comme scénariste, noue une longue amitié avec Jack Nicholson.
Grand admirateur du poète René Char, il nouera également une grande amitié avec son compatriote Jim Fergus [1] et l’écrivain et bibliographe français Gérard Oberlé avec qui il entretiendra une correspondance qui sera en partie publiée sous le titre Aventures d'un gourmand vagabond : le cuit et le cru en 2001.
Il décède en mars 2016 chez lui à Patagonia en Arizona.
Zoom sur son oeuvre
Après un début en poésie marquée par les recueils Lointains et Ghazals (paroles d’amour) en 1971 et Lettres à Essenine (poète russe) en 1973, il se tourne vers la nouvelle et le roman, souvent dominés par le thème de la nature et de l’écologie, ce qu’on appelle aux États-Unis le mouvement Nature writing. Pendant sa période romanesque, dès la fin des années 70 et dans les années 80, outre son plus grand succès Légendes d'automne, [2] il va publier dans cette veine des œuvres comme Sorcier, Faux Soleil et Dalva.
Dans Faux soleil, Le mystérieux Robert Strang, bâtisseur de barrages et aventurier, se donne à sa passion pour la nature et pour les fleuves, excessif, attachant, en proie aux démons de son passé.
Dalva est « le roman des grands espaces » écrira François Busnel, l'histoire d'une indienne et aussi celle de sa famille liée au peuple sioux et d'une Amérique violente.
Viendra ensuite une autre période, le temps du scénariste hollywoodien, où il adapte surtout ses propres œuvres comme Une vengeance ou Wolf. Mais cette collaboration est loin de le satisfaire. Il se retire alors dans une cabane, du côté du lac Supérieur pour écrire une suite à Dalva en 1998 qu’il intitule La Route du retour.
Dans les années 2000, il publiera en particulier Une odyssée américaine en 2009 et Grand Maître : faux roman policier en 2012.
Bibliographie
- Lointains et Ghazals, collection Fictives, éditions Christian Bourgeois, 1999, réédition 10/18, 2003
- Lettres à Essenine, collection Fictives, éditions Christian Bourgeois, 1999, réédition 10/18, 2003
- L'Éclipse de lune de Davenport, Éditions de la Table Ronde, collection Le Petit Vermillon, 1998 et Une heure de jour en moins: poèmes choisis, 1965-2010, Flammarion, 2012
- Wolf : mémoires fictifs, Éditions Robert Laffont, coll. Pavillons, 1991
- Dalva, éditions Christian Bourgois, 1991
- Une odyssée américaine, Flammarion, 2009
- Grand Maître : faux roman policier, Flammarion, 2012
- Péchés capitaux, Flammarion, 2015
- Légendes d'automne (regroupe les nouvelles "Une vengeance", "L'Homme qui abandonna son nom", "Légendes d'automne"), Éditions Robert Laffont, coll. Pavillons, 1981
- Nageur de rivière, (regroupe les nouvelles "Nageur de rivière", "Au pays du sans-pareil"), Flammarion, 2014
Légendes d'automne : le livre et le film avec Brad Pitt et Anthony Hopkins
[1] Voir aussi mon article "Jim Fergus, Chrysis" --
[2] Légendes d'automne (légendes of the fall) : extrait de la préface de Serge Lentz
« Ces trois légendes traitent essentiellement de vengeance, de doute et de rédemption... On prend des événements simples et on les pousse jusqu'à leur plus lointaines extrémités... Bien que ces histoires soient marquées de brutalité et de fracas, chacune à sa manière présente un plaidoyer contre la violence. Pour ses héros, elle est un ultime recours. »
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