Référence : Jean-Christophe Rufin Check-point, éditions Gallimard, collection Blanche, 387 pages, 2015
Un check-point
« Dieu a créé des hommes forts et des hommes faibles. Je les ai rendus égaux. » Samuel Colt
Maud, jeune femme de vingt-et-un ans, s’est engagée dans une ONG pour aller apporter son aide aux populations pendant la guerre de Yougoslavie.
Elle participe à un convoi de deux camions qui vont, dans des conditions difficiles, livrer des produits à des familles réfugiées dans une mine de charbon et cernées par des milices croates.
Entre les cinq participants, l’ambiance est plutôt morose. Marc et Alex, anciens militaires, semblent assez complices mais supportent difficilement l’autoritarisme de Lionel le responsable de l’expédition et de Vauthier qui s’occupe surtout de l’intendance. Les deux camions ont déjà beaucoup vécu, souvent à la peine sur les routes montagneuses de la Bosnie centrale, normalement en route vers l’enclave bosniaque de Kakanj.
Le principal problème semble être de passer sans encombre les nombreux check-points qui parsèment leur parcours. Ils sont si nombreux dans ces contrées aux inextricables enclaves réparties entre les serbes, les croates et les bosniaques, si dangereux parfois, tenus par des miliciens où la peur l’emporte souvent sur la raison et le self-control.
Alex et Max vont être contraints de révéler le véritable objectif de leur mission : livrer des bâtons d’explosifs dissimulés dans plusieurs cartons, pour pouvoir extraire de nouveau du charbon et éviter ainsi que la mine soit inondée et définitivement condamnée. Mais est-ce vraiment l’objectif de cette expédition tiraillée entre les eux ex militaires Alex et Max et Vauthier qui se révélera être une taupe des services spéciaux français.
On assiste alors à un chassé-croisé entre les deux camions à travers des épisodes et des rebondissements qui tiennent le lecteur en haleine. L’absurdité de cette expédition maudite où les objectifs irréconciliables et la haine que se portent certains des participants, finiront par conduire au drame où chacun se sentira floué. Dans cette équipée, tout le monde de retrouve perdant.
Mais ce constat et l’absurdité même des péripéties de cette expédition n’est-elle pas le symbole de l’absurdité de la guerre ?
Postface de l’auteur (extraits)
« D’un point de vue métaphorique, le check-point est aussi devenu le symbole du passage d’un univers à un autre, d’un ensemble de valeurs données à son contraire, de l’entrée dans l’inconnu, le danger peut-être. Nous vivons aujourd’hui en particulier depuis les attentats qui ont ensanglanté la France au moi de janvier 2015, un basculement de cet ordre…
Au Kosovo, en Afghanistan, en Irak, (l’Amérique) s’est mise à bombarder au nom des droits de l’homme… Les victimes désormais, ne sont plus lointaines mais proches. Celui qui souffre, ce n’est plus l’Autre mais nous-mêmes.
De quoi les "victimes" ont-elles besoin : de survivre ou de vaincre ? Que faut-il secourir en elles : la part animale qui demande la nourriture et le gîte, ou la part proprement humaine qui réclame les moyens de se battre, fût-ce au risque du sacrifice ? »
Voir aussi mes fiches :
* Jean-Christophe Rufin, Sauver Ispahan --
* Jean-Christophe Rufin, Immortelle randonnée --
Repères bibliographiques
* L’Abyssin et Sauver Ispahan, éditions Gallimard, collection Blanche, 1997-98
* Rouge Brésil, éditions Gallimard, collection Blanche, 2001, prix Goncourt
* Immortelle randonnée, Compostelle malgré moi, éditions Gallimard, collection Blanche, 2013, prix Pierre Loti
* Le collier rouge, éditions Gallimard, collection Blanche, 2014, prix Littré et M. Genevoix
< • Christian Broussas –Rufin Check-point - 31/08/2017 • © cjb © • >
Un check-point
« Dieu a créé des hommes forts et des hommes faibles. Je les ai rendus égaux. » Samuel Colt
Maud, jeune femme de vingt-et-un ans, s’est engagée dans une ONG pour aller apporter son aide aux populations pendant la guerre de Yougoslavie.
Elle participe à un convoi de deux camions qui vont, dans des conditions difficiles, livrer des produits à des familles réfugiées dans une mine de charbon et cernées par des milices croates.
Entre les cinq participants, l’ambiance est plutôt morose. Marc et Alex, anciens militaires, semblent assez complices mais supportent difficilement l’autoritarisme de Lionel le responsable de l’expédition et de Vauthier qui s’occupe surtout de l’intendance. Les deux camions ont déjà beaucoup vécu, souvent à la peine sur les routes montagneuses de la Bosnie centrale, normalement en route vers l’enclave bosniaque de Kakanj.
Le principal problème semble être de passer sans encombre les nombreux check-points qui parsèment leur parcours. Ils sont si nombreux dans ces contrées aux inextricables enclaves réparties entre les serbes, les croates et les bosniaques, si dangereux parfois, tenus par des miliciens où la peur l’emporte souvent sur la raison et le self-control.
Alex et Max vont être contraints de révéler le véritable objectif de leur mission : livrer des bâtons d’explosifs dissimulés dans plusieurs cartons, pour pouvoir extraire de nouveau du charbon et éviter ainsi que la mine soit inondée et définitivement condamnée. Mais est-ce vraiment l’objectif de cette expédition tiraillée entre les eux ex militaires Alex et Max et Vauthier qui se révélera être une taupe des services spéciaux français.
On assiste alors à un chassé-croisé entre les deux camions à travers des épisodes et des rebondissements qui tiennent le lecteur en haleine. L’absurdité de cette expédition maudite où les objectifs irréconciliables et la haine que se portent certains des participants, finiront par conduire au drame où chacun se sentira floué. Dans cette équipée, tout le monde de retrouve perdant.
Mais ce constat et l’absurdité même des péripéties de cette expédition n’est-elle pas le symbole de l’absurdité de la guerre ?
Postface de l’auteur (extraits)
« D’un point de vue métaphorique, le check-point est aussi devenu le symbole du passage d’un univers à un autre, d’un ensemble de valeurs données à son contraire, de l’entrée dans l’inconnu, le danger peut-être. Nous vivons aujourd’hui en particulier depuis les attentats qui ont ensanglanté la France au moi de janvier 2015, un basculement de cet ordre…
Au Kosovo, en Afghanistan, en Irak, (l’Amérique) s’est mise à bombarder au nom des droits de l’homme… Les victimes désormais, ne sont plus lointaines mais proches. Celui qui souffre, ce n’est plus l’Autre mais nous-mêmes.
De quoi les "victimes" ont-elles besoin : de survivre ou de vaincre ? Que faut-il secourir en elles : la part animale qui demande la nourriture et le gîte, ou la part proprement humaine qui réclame les moyens de se battre, fût-ce au risque du sacrifice ? »
Voir aussi mes fiches :
* Jean-Christophe Rufin, Sauver Ispahan --
* Jean-Christophe Rufin, Immortelle randonnée --
Repères bibliographiques
* L’Abyssin et Sauver Ispahan, éditions Gallimard, collection Blanche, 1997-98
* Rouge Brésil, éditions Gallimard, collection Blanche, 2001, prix Goncourt
* Immortelle randonnée, Compostelle malgré moi, éditions Gallimard, collection Blanche, 2013, prix Pierre Loti
* Le collier rouge, éditions Gallimard, collection Blanche, 2014, prix Littré et M. Genevoix
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