L'exposition Peintures des lointains
À la rencontre de l’Autre et de l’Ailleurs.
Une première depuis sa création : le Musée du Quai Branly
présente une partie de sa collection de peintures, quelques deux cents œuvres
inédites ciblées sur le regard que portaient les artistes occidentaux
sur les sociétés et peuples "exotiques", plus ou moins lointains selon la dénomination de l’exposition.
Savorgnan de Brazza en tenue de brousse par Henri Jones Thaddeus
En 1931, à l'occasion de l'Exposition internationale, on construit près du parc de Vincennes le palais de la porte dorée. [1]
Jules Ferry et les délégués des colonies, Frédéric Regamay
Destiné
à abriter un musée colonial, avec une façade sculptée qui célèbre
l’empire outre-mer de la France, il accueille dès sa création une
exposition de peintures et dessins sur l’influence de l’exotisme dans
l’art français. Ces tableaux issus d’achats et de dons ont constitué
les premières œuvres du musée. Cette collection, après la fin de la
période de colonisation, est mise en réserve puis rejoint le musée du Quai Branly – Jacques Chirac à sa création en 2006.
1- Bethsabée Femme malgache 1931 par Alcide Liotard
2- Fille kabyle 1850 par Marc Alfred Chataud
Au gré de leurs voyages et de leurs rencontres, des peintres comme Henri Matisse, Paul Gauguin, Émile Bernard
par exemple et plus généralement, des peintres européens des XVIIIe et
XXe siècle, nous renseignent sur la façon dont on pouvait, à une période
ou à une autre, considérer ces populations auxquelles ils étaient
confrontés, avant que les hordes de touristes avides de découvertes et
d’exotisme ne posent à leur tour leurs regards étonnés, intrigués,
réprobateurs ou bienveillants sur elles.
Portrait d’un bourgeois malgache Duco Sangaré, Peuhl
par Louis Raolina par Fernand Lantoine
Si
la collection peut paraître composite, elle a un côté très original et
présente des œuvres largement méconnues, où par exemple l’odalisque d’Ange Tissier côtoie les portraits d’Amérindiens de George Catlin, les scènes de vie quotidienne cairote d’Émile Bernard voisinent avec les estampes et dessins de Tahiti signés Matisse ou Gauguin.
Fête arabe à Tlemcen par André Suréda
Cette
confrontation sur plus de deux siècles révèle aussi l’évolution du
regard porté en occident sur ces sociétés aux pratiques si éloignées des
nôtres et la manière dont est vécue cette culture de la différence.
Portrait de femme noire par Émile Bernard
Elle apporte un œil neuf sur l'approche même du concept d’altérité qui part de la question « Comment représenter "l’autre", l’inconnu(e) ? »
L'idée de la perception de l’autre est vraiment centrale comme fil
directeur d'une exposition qui se veut une promenade philosophique
sur l’exotisme.
La baie d’Along, Lucien Lièvre -- Odalisque par Ange Tissier
L’exposition est construite en trois parties.
- La première et la plus longue est consacrée à la séduction des lointains.
En voyageant, les artistes ont vite été séduits par les paysages
auréolés d’exotisme. On voit apparaître des couleurs vives et une
lumière synonyme d’évasion qui traduisent la découverte de cultures
nouvelles, des foules bigarrées, une nature sauvage qui fascine.
Sentiment ambivalent entre la fierté de se dire civilisé mais aussi une
certaine envie devant cette espèce d’âge d’or de l’humanité qui a un air
de paradis.
1- Le port d’Alger Léon Cauvy
2- Marie Caire Tonoir, Tête de femme de Biskra, 1899-1900
- La deuxième partie de l’exposition, Altérité plurielle,
est basée sur de nombreux portraits faisant ressortir stéréotypes et
particularités ethnographiques. On peut y voir visages et portraits
représentatifs de cultures différentes soulignées par des styles variés.
Sa majesté Sisowath Moniwong Cambodge (détail) par Mascré-Souville
- La troisième partie aborde la célébration du colonialisme et la façon dont les européens se sont approprié les lointains.
Cette conquête s’est reflétée dans la représentation picturale où
l’homme blanc est fier d’être civilisé face à des indigènes restés
primitifs.
Indochine : Portraits extraits d’une fresque de l’expo coloniale de 1931Portait d'amérindien George Catin 1846
Notes et références
[1] Devenu aujourd'hui, le musée de l’Histoire de l’Immigration --
voir aussi
* Présentation vidéo –
Indochine : Portraits extraits d’une fresque de l’expo coloniale de 1931
<< Christian Broussas, Musée Branly - 14/07/2018 © • cjb • © >>
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