Référence : Haruki Murakami, "Le Meurtre du Commandeur", éditions Belfond, traduction Hélène Morita, octobre 2018
Tome 1 456 pages et tome 2 480 pages.
« Le Meurtre du Commandeur », histoire fantastique d’un peintre en mal d’inspiration, se double d’une belle réflexion sur les ressorts de la création artistique. » Le Monde
Tome 1 : Une idée apparaît
Sept ans après l’extraordinaire succès de « 1Q84 », Haruki Murakami nous propose un nouveau roman-fleuve déroutant en deux tomes qui, dans la veine du réalisme magique, mélange réel et surnaturel. Il nous offre un conte assez troublant qui s’interroge sur le fonctionnement de la création artistique.
Le mariage avait sonné le glas des ambitions artistiques du narrateur qui était devenu un portraitiste connu certes mais sans grande inspiration. Après six ans de mariage sans problème, sa femme le quitte et lui aussi décide de partir de Tokyo, pour une errance qui va le mener à Odawara dans la maison d'un peintre célèbre, Tomohiko Amada, reconnu dans la peinture traditionnelle japonaise, le nihonga.
Sur cette montagne isolée, il décide de revenir à l'art véritable, celui d’avant son mariage. Mais comment retrouver l’inspiration quand sa vie est aussi perturbée par d’étranges phénomènes : une cloche qui le réveille chaque nuit avec un son lugubre qui finit par l’inquiéter, une idée qui le poursuit et qu’il retrouve sous la forme d’un personnage du tableau…
Et puis, il y a ce curieux voisin portrait Wataru Menshiki qui lui commande son portrait pour une somme très avantageuse. Mais il ne parvient pas à saisir le visage de cet homme. C’est comme une malédiction.
Une nuit, il découvre un tableau dans le grenier, une œuvre d’une grande violence, le meurtre d’un vieillard, comme tirée du Don Giovanni de Mozart. C’est Le Meurtre du Commandeur.
C’est aussi un roman jalonné de mystères : Pourquoi sa femme l’a-t-elle quitté, pourquoi Tomohiko Amada a-t-il dissimulé son tableau du meurtre du Commandeur dans le grenier, qui est cet homme sans visage dont il nous dit: « je savais bien que non, ce n'était pas un rêve. Si c'en était un, ce monde lui-même dans lequel je vivais était également fait de l'étoffe des rêves. » Et ce mystère de la création qui le hante, quand « Une Idée apparaît »…
Une nouvelle fois, Murakami a visé juste : critiques excellentes et lecteurs le plus souvent conquis. Le réalisme magique a encore de beaux jours devant lui, mélangeant réalité du monde et mythologie contemporaine, alliant les descriptions précises du monde dans lequel on vit et un univers onirique. On peut cependant noter la lenteur du rythme, un style qui manque d’inspiration et qui peut lasser si l’on n’est pas emporté par la petite musique si personnelle de l’auteur, avec celle de Mozard qui nous accompagne.
Tome 2 : La métaphore se déplace
« Alors que jusque-là je marchais normalement sur ce que je pensais être mon propre chemin, voilà que soudain celui-ci a disparu sous mes pas, et c’est comme si j’avançais simplement dans un espace vide sans connaître de direction, sans plus aucune sensation. »
Le second tome commence comme un roman policier. La jeune fille dont le narrateur faisait le portrait, a mystérieusement disparu. Elle l’intrigue beaucoup celle qui a « aux yeux comme une flamme gelée » et qui pourrait avoir des liens avec Menshiki. Il va voir le peintre Tomohiko Amada et soudain, dans la chambre d’hôpital, apparaît le Commandeur.
Ce dernier donnerait tout pour que la jeune fille réapparaisse mais pour cela on doit rejouer la scène du tableau où le Commandeur devra être poignardé. Un personnage va surgir d’une trappe ménagée dans un coin de la chambre et conduit le narrateur jusqu’à un passage souterrain
Ce sera lé début d’un parcours semé d’embûches où il sera condamné à combattre les forces du mal.
Voir mes fiches sur Murakami :
* Haruki Murakami et 1Q84 -- Le passage de la nuit --
* L'incolore Ttsukuru Tazaki -- Le meurtre du Commandeur --
<< Christian Broussas – Commandeur - 30/01/2019 < • © cjb © • >>
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