Référence :
Theodor Fontane, Effi Briest, 1894 (première édition allemande),
éditions Gallimard avec traduction d'André Coeuroy et préface Joseph
Rovan, mars 2001
Le roman réaliste semble maintenant aussi loin de nous que le modèle social dans lequel évolue Effi Briest. Les sociétés, surtout celle de Guillaume II, devaient être très étouffantes pour de jeunes bourgeoises rêveuses en quête d’absolu et vite déçues par des relations amoureuses, par le mariage comme l’a été Emma Bovary.
Theodor Fontane, comme beaucoup de lecteurs, a lu la longue épopée des Rougon-Macquart - son roman "Nana" est même évoqué dans "Effi Briest". Mais il va seulement lui emprunter le dur regard qu'il porte sur la société en le transposant sur la réalité de la société prussiennes. On en revient ainsi aux bases du réalisme.
Effi Briest correspond bien à cette image, une jeune fille sans histoire menant une vie ordinaire, choyée par ses parents, dans la belle demeure de Hohen-Cremmen, un village situé en Prusse. Et, cerise sur le gâteau, c’est la liesse dans la famille quand le fier baron von Innstetten demande Effi en mariage.
Ce mari est beaucoup plus âgé –il aurait dit-on déjà courtisé la mère d’Effi- est un homme cultivé mais peu présent et la jeune femme tente de se faire à cette nouvelle vie à Kessin, malgré un train de vie moyen et une élite locale assez ennuyeuse et rébarbative à laquelle elle essaie tant bien que mal de s’adapter.
La naissance d’une fille ne modifie pas les relations du couple, Effi s’ennuie et s’éloigne même de son mari. Elle finit par tomber amoureuse de Crampas, un beau militaire avec qui elle a une courte liaison. Puis le couple s’installe à Berlin et Effi a tendance à oublier son adultère.
Mais son passé va finir par la rattraper.
Les mariages entre une jeune fille et un barbon ne sont pas rares à cette époque mais la pression sociale est telle que peu de choses, peu de conflits émergent et sortent du cadre familial. Non-dits et secrets sont fréquents et les rumeurs à la hauteur des silences qui minent les familles.
Images du film de Fassbinder (1974)
Effi et Geert von Innstetten ne dérogent pas à cette tendance. Elle a dix-sept ans et manque sans doute de maturité qui « aime s’amuser avec de jeunes camarades. »
Theodor Fontane sait fort bien décrire l’état d’esprit de la jeune femme, ses déceptions, son ennui, ce mari qui ne sait pas l’aimer, qui reste distant, accaparé par ses obligations professionnels.
Quand son adultère est dévoilé, lui se soucie d’abord des apparences et du qu’en dira-t-on. Il veut donner à leur fille Annie une éducation conforme à son milieu et a tendance à la séparer de sa mère. Il représente bien la mentalité de cette société prussienne hypocrite et frustrante pour l’individu.
Voir aussi mes fiches :
* Les écrivains de langue allemande --
<< Christian Broussas – Fontane Briest - 13/04/2019 < • © cjb © • >>
Le roman réaliste semble maintenant aussi loin de nous que le modèle social dans lequel évolue Effi Briest. Les sociétés, surtout celle de Guillaume II, devaient être très étouffantes pour de jeunes bourgeoises rêveuses en quête d’absolu et vite déçues par des relations amoureuses, par le mariage comme l’a été Emma Bovary.
Theodor Fontane, comme beaucoup de lecteurs, a lu la longue épopée des Rougon-Macquart - son roman "Nana" est même évoqué dans "Effi Briest". Mais il va seulement lui emprunter le dur regard qu'il porte sur la société en le transposant sur la réalité de la société prussiennes. On en revient ainsi aux bases du réalisme.
Effi Briest correspond bien à cette image, une jeune fille sans histoire menant une vie ordinaire, choyée par ses parents, dans la belle demeure de Hohen-Cremmen, un village situé en Prusse. Et, cerise sur le gâteau, c’est la liesse dans la famille quand le fier baron von Innstetten demande Effi en mariage.
Ce mari est beaucoup plus âgé –il aurait dit-on déjà courtisé la mère d’Effi- est un homme cultivé mais peu présent et la jeune femme tente de se faire à cette nouvelle vie à Kessin, malgré un train de vie moyen et une élite locale assez ennuyeuse et rébarbative à laquelle elle essaie tant bien que mal de s’adapter.
La naissance d’une fille ne modifie pas les relations du couple, Effi s’ennuie et s’éloigne même de son mari. Elle finit par tomber amoureuse de Crampas, un beau militaire avec qui elle a une courte liaison. Puis le couple s’installe à Berlin et Effi a tendance à oublier son adultère.
Mais son passé va finir par la rattraper.
Les mariages entre une jeune fille et un barbon ne sont pas rares à cette époque mais la pression sociale est telle que peu de choses, peu de conflits émergent et sortent du cadre familial. Non-dits et secrets sont fréquents et les rumeurs à la hauteur des silences qui minent les familles.
Images du film de Fassbinder (1974)
Effi et Geert von Innstetten ne dérogent pas à cette tendance. Elle a dix-sept ans et manque sans doute de maturité qui « aime s’amuser avec de jeunes camarades. »
Theodor Fontane sait fort bien décrire l’état d’esprit de la jeune femme, ses déceptions, son ennui, ce mari qui ne sait pas l’aimer, qui reste distant, accaparé par ses obligations professionnels.
Quand son adultère est dévoilé, lui se soucie d’abord des apparences et du qu’en dira-t-on. Il veut donner à leur fille Annie une éducation conforme à son milieu et a tendance à la séparer de sa mère. Il représente bien la mentalité de cette société prussienne hypocrite et frustrante pour l’individu.
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