Petit rappel historique
Née en 1938 en Ukraine dans une ville de garnison, Svetlana Alexievitch a fait ses études en Biélorussie pour devenir journaliste. Son premier livre, La guerre n’a pas un visage de femme (Presses de la Renaissance, 2004), paru en 1985 en Union soviétique, dénoncé comme “antipatriotique, naturaliste, dégradant” mais soutenu par Gorbatchev, a provoqué un énorme scandale et a eu un immense succès.
Chacun de ses livres est un événement : Les Cercueils de zinc (10/18, 1997), Ensorcelés par la mort (Plon, 1995), Derniers témoins (Presses de la Renaissance, 2004), La Supplication (Lattès, 1998)… Elle vit actuellement à Berlin pour fuir le régime de Loukachenko, le président de la Biélorussie.
Référence : Svetlana Alexievitch, La Fin de l'homme rouge ou le temps du désenchantement, traduction Sophie Benech, éditions Actes Sud, septembre 2013
Svetlana Alexievitch est un écrivain qui écrit avec son stylo et son magnétophone. Elle se balade d'interviews en interviews pour conserver la mémoire de ce qu'était ce qu'on appelait alors l'URSS, à travers "la petite histoire d’une grande utopie". « Le communisme avait un projet insensé, dit-elle : transformer l’homme "ancien", le vieil Adam. Et cela a marché… En soixante dix ans et quelques, on a créé dans le laboratoire du marxisme-léninisme un type d’homme particulier, l’Homo sovieticus. »
Cet "homme rouge" représente l'essentiel de son projet : le prototype condamné à disparaître avec l’implosion de l’Union soviétique qui s'effaça sans heurts et sans procès, emportant avec elle les longs cortèges de sacrifiés du régime communiste. Pour retracer cette époque, Svetlava Alexievitch utilise une "technique littéraire polyphonique particulière", qui donne la parole à tous ces témoins anonymes.
« Les gens cherchaient à trouver un sens à tout ce qui se passait, un fil quelconque... Même l'Enfer, les hommes ont envie de le comprendre.»
Des témoins qui sont le plus souvent des humiliés et des offensés, qu'ils soient respectables ou pas, des condamnés du régime, parfois des mères déportées avec leurs enfants, des staliniens sans états d'âme malgré Soljenitsyne et le Goulag, des défenseurs d'une perestroïka qui vira vite à un capitalisme sans états d'âme lui aussi et maintenant après tous ces soubresauts, des résistants à de nouvelles dictatures…
Elle présente ainsi sa façon de procéder : « Je pose des questions non sur le socialisme, mais sur l’amour, la jalousie, l’enfance, la vieillesse. Sur la musique, les danses, les coupes de cheveux. Sur les milliers de détails d’une vie qui a disparu.
« Une balle trouve toujours sa cible.» (page 229)
C’est la seule façon d’insérer la catastrophe dans un cadre familier et d’essayer de raconter quelque chose. De deviner quelque chose... L’histoire ne s’intéresse qu’aux faits, les émotions, elles, restent toujours en marge. Ce n’est pas l’usage de les laisser entrer dans l’histoire. Moi, je regarde le monde avec les yeux d’une littéraire et non d’une historienne.»
------------------------------------------------------------
Quelques commentaires de presse
« L'Homo sovieticus existe : Svetlana Alexievitch l'a rencontré.
Dans cet ouvrage polyphonique, où se mêlent propos de micro-trottoir, conversations rapportées et extraits d'émissions de télévision, chaque voix sonne juste. Un charme fascinant s'en dégage. (…) Ce livre dense et puissant comme un fleuve. » Étienne de Montety, Le Figaro Littéraire
« Svetlana Alexievitch a le don de confesser les hommes. De les faire sortir de leurs gonds. De libérer la verve poétique des uns, l'imagination des autres. (…) De raconter, aussi, de merveilleuses histoires d'amour, antidote à la folie du monde. Là, le miracle se produit : aucune lourdeur, aucune redondance dans cette juxtaposition, mais une musique, un souffle. Le témoin devient personnage, le récit se fait littérature. » Emmanuel Hecht, L'Express
Femmes soviétiques en uniforme
« Elle transforme la vie quotidienne des humbles en morceaux de littérature. (...) Comment choisir parmi toutes ces voix cinglantes et bouleversantes? On se retrouve ici saisi au cœur, parmi des histoires d'amours et de morts, par de petits actes de courage anonymes. (...) La Fin de l'homme rouge peut se lire comme une méditation sans œillères sur la liberté et la responsabilité. » Marie-Laure Delorme, Journal du dimanche
.
* Svetlana Alexievitch, Biographie -- La supplication, Tchernobyl --
<< Christian Broussas – L'homme rouge- 21/04/2019 • © cjb © • >>
Née en 1938 en Ukraine dans une ville de garnison, Svetlana Alexievitch a fait ses études en Biélorussie pour devenir journaliste. Son premier livre, La guerre n’a pas un visage de femme (Presses de la Renaissance, 2004), paru en 1985 en Union soviétique, dénoncé comme “antipatriotique, naturaliste, dégradant” mais soutenu par Gorbatchev, a provoqué un énorme scandale et a eu un immense succès.
Chacun de ses livres est un événement : Les Cercueils de zinc (10/18, 1997), Ensorcelés par la mort (Plon, 1995), Derniers témoins (Presses de la Renaissance, 2004), La Supplication (Lattès, 1998)… Elle vit actuellement à Berlin pour fuir le régime de Loukachenko, le président de la Biélorussie.
Référence : Svetlana Alexievitch, La Fin de l'homme rouge ou le temps du désenchantement, traduction Sophie Benech, éditions Actes Sud, septembre 2013
Svetlana Alexievitch est un écrivain qui écrit avec son stylo et son magnétophone. Elle se balade d'interviews en interviews pour conserver la mémoire de ce qu'était ce qu'on appelait alors l'URSS, à travers "la petite histoire d’une grande utopie". « Le communisme avait un projet insensé, dit-elle : transformer l’homme "ancien", le vieil Adam. Et cela a marché… En soixante dix ans et quelques, on a créé dans le laboratoire du marxisme-léninisme un type d’homme particulier, l’Homo sovieticus. »
Cet "homme rouge" représente l'essentiel de son projet : le prototype condamné à disparaître avec l’implosion de l’Union soviétique qui s'effaça sans heurts et sans procès, emportant avec elle les longs cortèges de sacrifiés du régime communiste. Pour retracer cette époque, Svetlava Alexievitch utilise une "technique littéraire polyphonique particulière", qui donne la parole à tous ces témoins anonymes.
« Les gens cherchaient à trouver un sens à tout ce qui se passait, un fil quelconque... Même l'Enfer, les hommes ont envie de le comprendre.»
Des témoins qui sont le plus souvent des humiliés et des offensés, qu'ils soient respectables ou pas, des condamnés du régime, parfois des mères déportées avec leurs enfants, des staliniens sans états d'âme malgré Soljenitsyne et le Goulag, des défenseurs d'une perestroïka qui vira vite à un capitalisme sans états d'âme lui aussi et maintenant après tous ces soubresauts, des résistants à de nouvelles dictatures…
Elle présente ainsi sa façon de procéder : « Je pose des questions non sur le socialisme, mais sur l’amour, la jalousie, l’enfance, la vieillesse. Sur la musique, les danses, les coupes de cheveux. Sur les milliers de détails d’une vie qui a disparu.
« Une balle trouve toujours sa cible.» (page 229)
C’est la seule façon d’insérer la catastrophe dans un cadre familier et d’essayer de raconter quelque chose. De deviner quelque chose... L’histoire ne s’intéresse qu’aux faits, les émotions, elles, restent toujours en marge. Ce n’est pas l’usage de les laisser entrer dans l’histoire. Moi, je regarde le monde avec les yeux d’une littéraire et non d’une historienne.»
------------------------------------------------------------
Quelques commentaires de presse
« L'Homo sovieticus existe : Svetlana Alexievitch l'a rencontré.
Dans cet ouvrage polyphonique, où se mêlent propos de micro-trottoir, conversations rapportées et extraits d'émissions de télévision, chaque voix sonne juste. Un charme fascinant s'en dégage. (…) Ce livre dense et puissant comme un fleuve. » Étienne de Montety, Le Figaro Littéraire
« Pendant
vingt ans, l'écrivain-journaliste Svetlana Alexievitch a recueilli le
témoignage de centaines d'anonymes de l'ex-URSS. Résultat : l'impressionnant Fin de l'homme rouge. Extraordinaire. (...) Tous ceux qui s'expriment dans ces quelque 500 pages, derniers spécimens de ce qu'elle appelle l'"Homo sovieticus", nous passionnent. » Baptiste Liger, Lire
.
.
« Découverte en 1991 avec Les cercueils de zinc,
où elle faisait raconter leur guerre à des soldates soviétiques rentrés
d'Afghanistan, Svetlana Alexievitch récidive avec ce livre capital,
bouleversant d'humanité et, politiquement, intransigeant récit de la
détresse qui suivit la chute de Gorbatchev. » Michel Schneider, Le Point
.
.
« Svetlana Alexievitch a le don de confesser les hommes. De les faire sortir de leurs gonds. De libérer la verve poétique des uns, l'imagination des autres. (…) De raconter, aussi, de merveilleuses histoires d'amour, antidote à la folie du monde. Là, le miracle se produit : aucune lourdeur, aucune redondance dans cette juxtaposition, mais une musique, un souffle. Le témoin devient personnage, le récit se fait littérature. » Emmanuel Hecht, L'Express
Femmes soviétiques en uniforme
« Elle transforme la vie quotidienne des humbles en morceaux de littérature. (...) Comment choisir parmi toutes ces voix cinglantes et bouleversantes? On se retrouve ici saisi au cœur, parmi des histoires d'amours et de morts, par de petits actes de courage anonymes. (...) La Fin de l'homme rouge peut se lire comme une méditation sans œillères sur la liberté et la responsabilité. » Marie-Laure Delorme, Journal du dimanche
.
La guerre en Afghanistan
.
Voir aussi mes fiches : .
* Svetlana Alexievitch, Biographie -- La supplication, Tchernobyl --
<< Christian Broussas – L'homme rouge- 21/04/2019 • © cjb © • >>
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire