La conteuse du Val-des-Prés
Émilie Carles Les héroïnes du film
Référence : Émilie Carles, Une soupe aux herbes sauvages, Le Livre de poche
Les Mémoires d’Émilie Carles parues en 1978, Une soupe aux herbes sauvages, fait un tabac, comme on dit couramment. La vieille dame à la peau burinée qui connaît des problèmes de santé, reçoit ses visiteurs chez elle, allongée sur une chaise longue. Chez elle, c’est sa maison du Val-des-Prés dans la vallée alpine de La Clarée du côté de Briançon.
Vallée de la Clarée (1)
Ah, devenir écrivaine à 68 ans, c’est toute une histoire !
Après une lecture de Clochemerle le roman de Gabriel Chevallier, elle décide (avec son mari alors vivant) d’écrire son Clochemerle à elle. Elle écrit des histoires dans des cahiers, repris ensuite sur des cassettes, sans but précis, jusqu’au jour où ses enfants lisent ses textes, en sont enchantés et l’encouragent à persévérer.
Vallée de la Clarée (2)
Et puis se produit dans son petit coin de France un événement qui va bouleverser sa vie : la construction de l’autoroute Marseille-Turin par le col de l’Échelle, détruisant en grande partie "sa" vallée. Réaction immédiate d’Émilie qui sera l’une des plus en vue dans les manifs, maintes fois interviewée. C’est comme ça, de fil en aiguille, que viendra l’idée de publier ses textes.
Elle n’en continue pas moins de suivre l’évolution du dossier "Autoroute Marseille-Turin", certifiant « qu’elle ne se ferait pas… car elle n’est ni viable ni rentable. »
Dans ses récits, elle n’épargne personne, sans concessions, ne cédant rien au réalisme de ses histoires, si bien qu’elle est assez contestée dans son village, les gens n’appréciant pas toujours le réalisme de ses descriptions. Elle confie dans une interview : « Je n’ai pas épargné ma famille » parlant de ses deux oncles « qui se sont tranché la gorge », disant qu’elle ne voit pas en quoi elle serait « responsable de leurs actes. »
Spectacle musical tiré du livre
Mais le livre rencontre vite son public et devient un événement littéraire. Elle est invitée par les plus prestigieux comme Jacques Chancel ou Bernard Pivot. Son slogan à elle, c’est « Vivre, savoir-vivre et laissez vivre. » Elle place au plus haut la dignité sans laquelle tout dialogue est quasi impossible. On sent dans sa pédagogie de la relation, l’approche de l’ancienne institutrice.
Le couple Émilie et Jean Carles dans leur jeunesse
En fait, tout ceci repose sur un malentendu. Émilie Carles n’a pas écrit pour illustrer avec ironie les travers de gens qu’elle a connus ou des histoires de famille mais pour dit-elle « le pacifisme, l’antimilitarisme. Je voudrais un désarmement unilatéral parce que c’est le seul moyen d’obtenir la paix dans le monde. »
Présentation du film "Mes rubans de la St-Claude"
Elle précise d’ailleurs que les deux personnages principaux de son livre sont en fait son père Joseph Allais et son mari Jean Carles, deux hommes qu’elle a admirés, son père dont elle « était très fière » et son mari pour son humanité, sa grande générosité.
Son bonheur en fait n’a pas changé, c’est par exemple au printemps d’aller par les prés qui bordent la Clarée pour cueillir «de l’oseille sauvage, de la drouille, de l’ortie ou barbe à bouc, du pissenlit, de la doucette, du petit chardon des champs ou chonzio, une plante laiteuse le laichuron, du mille-feuilles… »
Une vraie panoplie d’écolo … avant la lettre.
Sa maison du Val des prés
Voir aussi
* Armand Salacrou à Monêtier-les-Bains --
* Émilie Carles et la Clarée --
<< Christian Broussas Émilie Carles - 02/09/2019 • © cjb © • >>
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