En 1732 puis en 1740, Jean-Jacques Rousseau fit deux séjours à Lyon. C’était alors pour lui une période difficile pendant laquelle il vécut chichement. Il raconte dans un chapitre des « Confessions » les aventures qui lui arrivèrent et qui le laissèrent assez circonspect sur les mœurs lyonnaises.
Un soir, alors qu’il se trouvait sur la place Bellecour,
« après un très léger souper, rêvant de me tirer d’affaire »,
précise-t-il, un homme l’accoste, engage la conversation et lui propose
de « s’amuser de compagnie ». Expression étrange qui ne fut pas sans
inquiéter Jean-Jacques Rousseau. Son inquiétude grandit
tant et si bien qu’il « se mit à fuir à toutes jambes, croyant avoir ce
misérable à mes trousses », précise-t-il.
Triste fin de journée et piteuse débandade peu digne de la sagesse qu’on prête au philosophe. Jean-Jacques Rousseau avait sans doute oublié cet incident quand il revint à Lyon quelque huit ans plus tard.
Triste fin de journée et piteuse débandade peu digne de la sagesse qu’on prête au philosophe. Jean-Jacques Rousseau avait sans doute oublié cet incident quand il revint à Lyon quelque huit ans plus tard.
Place Bellecour
Lors de ce second voyage à Lyon, et toujours aussi désargenté tant la philosophie avait peine à nourrir son homme, il arrive à Jean-Jacques Rousseau
une nouvelle aventure qui lui rappela la précédente. De quoi lui donner
une piètre idée de la population lyonnaise… ou donner à réfléchir au
philosophe sur les facéties du hasard.
Place Bellecour
Place Bellecour
Cette
fois-ci, il rencontra un abbé à qui il avoua sa grande gêne et qui,
devant sa pauvre mine, l’invita chez lui. Quelle ne fut pas sa déception
quand il s’aperçut qu’en fait, il avait les mêmes penchants que le
précédent. Guère rassuré, il écrit : « Plus instruit que la première
fois, je compris bientôt son dessein et j’en frémis. » Mais cette fois,
point de fuite piteuse par les rues de la ville, il fit le pédagogue
jusqu’au renoncement de son hôte. La puissance de persuasion de son
verbe n’avait d’égal que l’élégance de son style.
Ils
passèrent tous deux dans la chambre un nuit tranquille et au réveil
descendirent prendre leur petit déjeuner à la table de l’hôtesse de
monsieur l’abbé. Quelles ne furent pas la déception et la fureur de Jean-Jacques Rousseau
de constater la mauvaise volonté évidente et la mine rechignée des
trois femmes de la maisonnée qui pensaient sans doute que cet ami de
l’abbé était affligé des mêmes mœurs que lui. Du coup, il n’eut qu’une
idée : s’éloigner le plus vite possible, quitte à refuser la collation
que lui propose benoîtement son hôte.
Rousseau entre Rhône & Saône Quai Jean-Jacques Rousseau à Lyon
Pauvre
philosophe si malmené qui constate que « jamais rien ne m’était arrivé
de semblable à ces deux aventures. » Et de se lamenter, et de considérer
Lyon comme une ville de perdition, une ville « où règne la plus affreuse corruption. »
Références bibliographiques :
" Les Confessions", " Julie ou la nouvelle Héloïse",
" Le contrat social", " L’Émile ou les vertus de l’éducation".
" Les Confessions", " Julie ou la nouvelle Héloïse",
" Le contrat social", " L’Émile ou les vertus de l’éducation".
Voir aussi
J. J. Rousseau aux Pâquis à Genève -- J. J. Rousseau à Lyon --
Site Les Confessions Rousseau --
J. J. Rousseau aux Pâquis à Genève -- J. J. Rousseau à Lyon --
Site Les Confessions Rousseau --
-------------------------------------------------------------------------
<< Ch. Broussas, Rousseau Lyon 20/04/2010 © • cjb • © >>
-------------------------------------------------------------------------
<< Ch. Broussas, Rousseau Lyon 20/04/2010 © • cjb • © >>
-------------------------------------------------------------------------
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire