1963 est l'année où Eddy Mitchell se sépare des Chaussettes noires et se tourne vers une nouvelle carrière. Il rompt avec le son brut et minimaliste des Chaussettes noires, basé sur un trio guitares-batterie agrémenté souvent d'un saxo pour se tourner vers une diversification des instruments.
Le
style est plus "yé yé", même s'il puise largement dans le répertoire
anglo-saxon et les textes, dont les adaptations qu'il signe, ne sortent
guère des chansons d'amour.
C'est
le cas pour ses deux premiers albums parus en 1963 et c'est encore
largement vrai pour les deux albums suivants parus en 1964 qui
contiennent des titres phares empruntés aux "pionniers" comme 5
adaptations de Chuck Berry [1], 3 d'Elvis Presley, Little Richard et Buddy Holly.
Cette période se clos par le titre phare "Toujours un coin qui me rappelle" bien représentatif de son style d'alors.
Ses tenues évoluent, deviennent "plus sages" et son jeu de scène également. Il disait en particulier dans une interview : « Je pense toucher un public qui aime la variété en général [...] Je ne ressens plus le besoin de me mettre à genoux sur scène, et si j'essayais, ça ne passerait pas. »
Tu n’a rien de tout ça C’est grâce à toi Sentimentale
Eddy évolue ensuite vers le rhythm and blues surtout dans l'album Du rock 'n' roll au rhythm 'n' blues. Ses rythmes subissent l'influence d'Otis Redding et de James Brown, et de la musique soul. En fait, il continue à alterner les chansons françaises, travaillant avec des auteurs-compositeurs comme Mort Schuman (Ma maîtresse d'école, Je défendrai mon amour, Et tu pleureras ), Guy Magenta [2], Jean-Pierre Bourteyre [3] ou Jean Renard (Je t'en veux d'être belle) et les adaptations dont il écrit souvent les textes.
L'épopée du rock & Seul Bye bye prêcheur Fortissimo & De la musique
Les choses vont changer à partir de 1966 quand il va travailler avec deux musiciens qui vont beaucoup lui apporter, Jean-Pierre Bourteyre [3] avec qui il collaborait déjà, et surtout Pierre Papadiamandis, à partir de leurs premiers succès J'ai oublier de l'oublier, Seul et Je ne me retournerai pas. Eddy va aussi désormais structurer ses textes, aborder d'autres thèmes que l'amour et des textes où sa personnalité va pouvoir pleinement s'exprimer. J'ai tendant à dater ce tournant de l'album Perspective 66 avec la chanson, véritable credo qui lui servira d'étendard et fera de lui le représentant essentiel du rock français. Image qu'il peaufinera par la suite avec des chansons comme L'épopée du rock ou ses hommages musicaux à Otis Redding (Otis), James Brown (Mister JB), Jerry Lee Lewis (Le fils de Jerry Lee Lewis)...
Chacun pour soi & Alice Le début de la fin Et s'il n'en reste qu'un
Son parolier Ralph Bernet [2] sur des musiques "rock" de Guy Magenta [2], jouera un grand rôle en confortant cette image de chanteur un peu à part qui défend ses valeurs avec Fortissimo où il faut vivre sa vie "fortissimo", Société anonyme, critique d'une certaine société libérale et dans une certaine mesure Bye, bye prêcheur. Duo créateur malheureusement interrompu par la mort prématurée de Guy Magenta.
L'album suivant, centré sur le duo Eddy Mitchell-Pierre Papadiamandis, atteint des sommets avec des titres phares comme Chacun pour soi ou Alice, et de beaux morceaux tels que Au-delà de mes rêves, Mes promesses ou Le début de la fin.
Je n'aime que toi Otis Miss Caroline et Paul
Les années suivantes sont beaucoup plus difficiles pour Eddy Mitchell qui peine à se renouveler. S'il connaît encore quelques succès comme Je n'aime que toi (Moine, Papadiamandis) ou Otis, hommage à Otis Redding, il subit comme il dit lui-même « sa traversée du désert » qu'il a du mal à expliquer. Même le concours de son compositeur favori Pierre Papadiamandis, ne suffira pas à enrayer la désaffection du public. Les quelques réussites qu'il connaît alors, Miss Caroline et Paul en 1969, Les vieux loups et l'accident l'année suivante ou Alice au pays des amours en 1974, cachent une réalité en demi teinte.
Les vieux loups, L'accident C'est facile Alice au pays des amours
Cette
difficile période peut aussi s'expliquer par la disparition à la fin
des années 60 de trois de ses principaux auteurs-compositeurs, Jean-Pierre Bourteyre [3], Guy Magenta [2] et Ralph Bernet [2],
créateurs expérimentés difficiles à remplacer rapidement. Les nouveaux
auxquels il s'adresse seront sans doute trop nombreux pour donner une
unité à l'ensemble.
Le déclic viendra sans doute de la tournée qu'on lui propose pour renouer avec le temps des Chaussettes noires. Pour lui, pas question mais ça lui donne l’idée de repartir sur ses fondamentaux, le rock, la country… avec Pierre Papadiamandis.
C'est un rocker
1974, c'est le renouveau avec l'album Rocking in Nashville, la rencontre avec Charly mc Coy et la reprise de 4 Chuck Berry dont C'est un rocker et À crédit et en stéréo puis avec l'album suivant Made in USA qui contient Je vais craquer bientôt (Eddy-Papadiamandis) et Je ne sais faire que l’amour (Eddy-Mc Coy).
Dès lors, Eddy va enchaîner les succès avec le couple moteur Mitchell-Papadiamandis qui compose en particulier les 3 grands succès que furent La fille du motel (1976), La dernière séance et Il ne rentre pas ce soir (1978).
Les adaptations choisies par Eddy, qui en signe aussi les textes, complètent ce panorama avec bonheur avec notamment Sur la route de Memphis, Pas de boogie woogie, Et la voix d’Elvis, Tu peux préparer le café noir.
La décennie suivante sera au diapason, avec une stratégie quelque peu différente qui sera désormais la marque de sa différence : des textes très travaillés qu'Eddy écrit sur des musiques le plus souvent de Pierre Papadiamandis, au fil de leur collaboration une véritable osmose se crée entre eux, parfois avec d'autres musiciens.
Désormais,
les adaptations qui avaient largement contribué à son succès de ses
débuts, deviennent beaucoup plus rares. Les "pionniers du rock"
s'éloignent pour donner naissance à un grand équilibre entre le texte et
la musique. Le parolier Claude Moine s'affirme ainsi et se hisse à la hauteur du chanteur Eddy Mitchell.
Les années 1980 seront très prolifiques d'où émergeront dans chaque album quelques titre phare comme Couleur menthe à l’eau et Happy birthday en 1980, Le cimetière des éléphants et Elle ne rentre pas ce soir en 1982, Comme quand j’étais môme, Le blues du blanc, Nashville ou Belleville en 1984, Manque de toi, Oldie but goodie, Vieille canaille en 1986, La peau d’une autre, 60-62, M’man en 1987 et Lèche-bottes blues, Under the rainbow en 1989.
Pour les années 1990, seulement trois albums pourrait-on dire mais Mr Eddy part chanter en Arabie saoudite pour les soldats français, un concert finalement annulé par les saoudiens puis en 1993-94 il se produit dans quatre salles parisiennes [4], terminant par un concert-synthèse à Bercy.
Il participe à la bande originale du film Rock-o-rico dont il enregistre 4 chansons adaptées par son compère Boris Bergman. Il se tourne aussi largement vers le cinéma, tournant dans 7 films dont le fameux Le bonheur est dans le pré d'Étienne Chatilliez. [5]
Rio Grande Un portrait de Norman Rockwell
En tout cas, la qualité est toujours au rendez-vous avec des succès comme Rio Grande et 18 ans demain en 1993, Un portrait de Norman Rockwell et Mister JB (son hommage à James Brown) en 1996, J’aime pas les gens heureux et Décrocher les étoiles en 1999.
Ils contiennent également de petits bijoux moins connus comme Cœur solitaire, Te perdre ou Destination terre.
J'aime pas les gens heureux Décrocher les étoiles
Début 2000, il participe à l’action caritative Noël Ensemble où il chante le classique Noël blanc en duo avec Véronique Sanson et enregistre une version du Déserteur pour Ma chanson d’enfance dans le cadre d’une autre action caritative.
Paloma dort Je chante pour ceux qui ont le blues
Puis sort l’album Frenchy dont il écrit le texte des 11 chansons sur des musiques de Pierre Papadiamandis, aidé les inséparables Michel Gaucher (Faudrait pas rester là) et Michel Amsellem (Au bar du Lutécia) avec notamment J’aime les interdits, La route 66 et Je chante pour ceux qui ont le blues.
L'album "Franchy" Au bar du Lutétia
Suit l’album Jambalaya conçut sur le même modèle, avec 11 textes écrits par Eddy sur les 12 chansons, pour l’essentiel sur des musiques de Pierre Papadiamandis, où l’on trouve les titres phare On veut des légendes et Ma Nouvelle Orléans. On y trouve aussi trois chansons interprétées en duo avec Johnny, Be bop e lula de Gene Vincent, Elle est terrible d’Eddie Cochrane (avec le concours de Little Richard) et On veut des légendes.
L'album "Jambalaya" L'album "Grand Écran"
Eddy va ensuite enregistrer un album atypique intitulé Grand Écran regroupant 16 de ses chansons de films préférées dont on peut extraire Frappe aux portes du paradis, une belle reprise de Bob Dylan sur des paroles d’Eddy et des chansons connues comme Si toi aussi tu m’abandonnes, Les feuilles mortes, Hier encore d’Aznavour ou Garde-moi la dernière danse de son ami Mort Schuman. [6]
En novembre 2009, Eddy Mitchell annonce simplement : « Ma tournée en 2010-2011 sera la dernière que j'effectuerai, » un an avant la sortie de son nouvel album au titre éloquent Come Back qui, outre ce titre, contient également L’esprit grande prairie composé par ses compères Souchon et Voulzy, Laisse le bon temps rouler qui rappelle Jambalaya et sur la difficulté à Avoir 16 ans aujourd’hui.
L'album "Héros" Le goût des légendes
En octobre 2010, il entame une ultime tournée intitulée Ma dernière séance, dans toute la France et se termine à l’Olympia par trois représentations. Son album Héros sort en novembre 2013 avec les titres Les vrais héros, Le goût des larmes et Léo, un titre inattendu dû à sa femme Murielle, un hommage à Léo Ferré.
On veut des légendes L'esprit grande prairie
En 2013, il participe au concert exceptionnel donné pour les 50 ans de la maison de Radio-France. L’année suivante, il joue avec Johnny dans le film de Claude Lelouch Salaud on t'aime et en novembre c’est le début de l’aventure des Vieilles Canailles avec Johnny et Dutronc.
En octobre 2015, c’est la sortie de Big Band, son trente sixième album studio. En mars 2016, accompagné par un big band de dix-sept musiciens, il renoue avec la scène au Palais des sports de Paris pour 13 spectacles.
Un album au « swing intemporel » dit-on, pointant le superficiel des réseaux sociaux dans « Je n’ai pas d’amis », avec humour certains médecins dans le grinçant « Combien je vous dois ? », une certaine forme de journalisme dans « Journaliste et critique », l’intrusion du monde virtuel dans « Avec des mots d’amour ».
L’Amérique mythique est toujours là avec « Un rêve américain », rendant
hommage à Frank Sinatra dans « Il faut vivre vite », et en adaptant
sa chanson « Promets-moi la lune ». (« Fly Me to the Moon)
Deux ans plus tard, après la fin de la tournée des Vieilles Canailles à Bercy, c’est l’album La Même Tribu, volume 1 dont Le second volume paraîtra en mai 2018, revisitant ainsi en duos quelques uns de ses grands succès.
Voir aussi
Eddy Les
adaptations – Encyclopédisque -- Panorama de ses chansons -
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