jeudi 28 juillet 2022

Stendhal D'un nouveau complot contre les industriels

 Référence : Stendhal, D'un nouveau complot contre les industriels, éditions du Sonneur, 2011

Ce petit essai de Stendhal publié en 1825 est plutôt considéré comme un pamphlet qui critique de façon ironique les prétentions jugées ridicules des industriels à se faire passer pour des hommes admirables et uniques bienfaiteurs de l'humanité.

               

Il nous donne cet exemple : « Pendant que Bolivar affranchissait l'Amérique, pendant que le capitaine Parry s'approchait du pôle, mon voisin a gagné dix millions à fabriquer du calicot… Mais depuis peu, il fait faire un journal qui me dit tous les samedis qu'il faut que je l'admire comme un bienfaiteur de l'humanité. Je hausse les épaules. »
Alors, haussons les épaules avec lui. Si les patrons d’industrie sont utiles, ce sont surtout des opportunistes qui profitent de leur situation.

             

Stendhal prend aussi comme exemple un président des États-Unis ambitieux (genre Napoléon ou Cromwell dit-il), qui pourra profiter de son crédit pour emprunter une forte somme d’argent pour corrompre l'opinion et se faire nommer président à vie. On peut parier alors que les industriels continueront à le financer, augmentant ainsi son pouvoir, « sans s'embarrasser du sens dans lequel il l'exerce. »

Pour Stendhal, les seuls hommes admirables, qui ne doivent rien aux industriels et qu’ils ne sauraient juger, agissent sans calcul, gardant leur intégrité morale, qu’ils soient inconnus ou considérés comme des génies comme Lord Byron, La Fayette ou Lamartine. Bénéficier de l’estime d’autrui prend racine dans un but noble et désintéressé. Et Stendhal pose la question : « Quels sacrifices ont jamais fait Sébastien Zamet, Samuel Bernard, Antoine Crozat, Etienne-Michel Bouret, etc., les plus riches industriels dont l'histoire ait gardé le souvenir ? »

                   

Pour Stendhal, la réponse va bien sûr de soi. Ces hommes admirables peuvent légitimement prétendre à l’immortalité, contrairement aux prétentieux industriels bien au-dessous de « leur utilité réelle et estimable », soulignant leur ridicule, comme celui qui par cupidité « a fait venir des chèvres du Thibet. »

Si Stendhal visait alors Saint-Simon, on ne peut s'empêcher de faire le parallèle avec des "capitaines d'industrie" actuels comme Elon Musk, Jeff Bezos ou Mark Zuckerberg pour ne citer que quelques spécimens parmi les plus connus . Étonnant Stendhal qui regardait la société de son époque avec son acuité particulière et décodait ses aspects immuables.

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