Le Léman : « Cette magnifique émeraude enchâssée dans des montagnes de neige comme dans une orfèvrerie d'argent.»  Victor Hugo

Ses séjours
Cinq séjours, 1825, 1839 avec Juliette pour 18 jours [1], 1869 à Lausanne puis 1883-84
.
Victor Hugo
(1802-1885) fit plusieurs séjours en Suisse et plus particulièrement dans la région lémanique. Il nous a laissé ce beau lavis à la plume exécuté à Lucerne. (voir ci-dessus)

         

Le premier séjour, à Chamonix avec retour par Genève, fait avec sa famille et celle de Charles Nodier, devait se traduire par un récit qui ne vit jamais le jour et dont Hugo se servira pour un article repris dans Voyage aux Alpes en 1829. Suivront deux voyages avec Juliette Drouet, l'un en automne 1839, de Bâle à Genève, l’autre en octobre 1840, de Schaffhouse aux chutes du Rhin, pour le livre Le Rhin (1841).

  
Images du Congrès - Affiche et À la tribune

En septembre 1869, ce sera Lausanne pour présider le Congrès de la Ligue internationale pour la Paix et la Liberté où il assure le discours d'ouverture et suggère de créer les Etats-Unis d'Europe. Après 30 ans d'absence, il retrouve la ville avec plaisir.  Il y est reçu avec un enthousiasme extraordinaire avançant des idées très progressistes sur les droits des femmes et des enfants (« La femme, cette égale de l'homme ! »), militant pour « l'extinction de la misère au dedans et de la guerre au dehors. » Il réclame un enseignement obligatoire et gratuit et proclame « le socialisme est vaste... Il embrasse la conception sociale tout entière. »

    Villeneuve près de Chillon

Il reviendra en Suisse pour deux courts séjours à l’été 1883 et l’année suivante, après
le décès de trois de ses quatre enfants et la folie d'Adèle. De plus, il était très diminué et encore sous le coup de la mort de Juliette Drouet le 11 mai 1883. Il choisit d'abord l’hôtel Byron, à Villeneuve, au bord du Léman, près de Montreux, pour un séjour de plus de deux mois puis se retira au calme du Grand Hôtel des Salines à Bex. Il joue alors à "l'art d'être grand-père" avec ses deux petits-enfants Georges et Jeanne.

  Beix et Les Dents du midi

Dernier séjour en Suisse à l'automne 1884 dans la station thermale de Ragaz, (Bad Ragaz ou Ragatz) sur la rive gauche du Rhin, dans le canton de Saint-Gall pour un bref séjour, avec sa belle-fille Alice (la femme de son fils Charles), son mari et Jeanne désormais âgée de 15 ans. 
Il devait mourir huit mois plus tard et recevoir des funérailles grandioses.

      Bad Ragaz

Entre Vevey, Lausanne et Chillon
L'intérêt de cet ouvrage assez disparate réside dans les descriptions des villes, en particulier de Vevey, Chillon et Lausanne ainsi que des notes datant du Congrès de la Paix de Lausanne en 1869.

« Je suis à Vevey, écrit-il, jolie petite ville... chauffée par les pentes méridionales du Mont-Chardonne et abritée par les Alpes comme par un paravent. J'ai devant moi un ciel d'été... des coteaux couverts de vignes mûres et cette magnifique émeraude du Léman enchâssée dans des montagnes de neige comme dans une orfèvrerie d'argent. »

De Chillon, il nous dit : « Ce matin je suis allé à Chillon par un admirable soleil. Le chemin court entre les vignes au bord du lac. Le vent faisait du Léman une immense moire bleue ; les voiles blanches étincelaient... Vers Genève l’horizon imitait l’océan. [...] Chillon est un bloc de tours posé sur un bloc de rochers. Tout le château est du douzième et du treizième siècle, à l’exception de quelques boiseries, portes, tables, plafonds, etc., qui sont du seizième. »
Il y retrouve
sur un pilier l'inscription "Byron" que le poète avait gravé avec un vieux poinçon à manche d’ivoire, trouvé en 1536 par les bernois venus délivrer Bonivard.

           
Lausanne, Centre & mairie, le château Saint-Maire

Il termine sa balade par Lausanne dont il nous dit qu'elle se présente comme « un bloc de maisons pittoresques, répandu sur deux ou trois collines, qui partent du même nœud central, et coiffé de la cathédrale comme d’une tiare. [...] Sur l’esplanade de l’église, devant le portail, je voyais le lac au-dessus des toits, les montagnes au-dessus du lac... »

  Le château de Chillon

Entre Aix-les-bains et Genève
Hugo
continue son périple dont il rend compte dans un autre livre Alpes et Pyrénées paru en 1839 où il nous entraîne (entre autres) entre Aix-les-bains et Genève.  
« En sortant du lac de Genève, le Rhône rencontre la longue muraille du Jura qui le rejette en Savoie jusqu’au lac du Bourget. Là il trouve une issue et se précipite en France. En deux bonds il est à Lyon. »
À Genève, il se plaint des travaux réalisés, qui ont plutôt enlaidi la ville et de la "démolition" de la rue des Dômes. « Ils auront beau faire... ils ne pourront jamais gratter le Salève, recrépir le Mont-Blanc et badigeonner le Léman, je suis tranquille. [...] Genève n’en est pas moins une ville admirablement située où il y a beaucoup de jolies femmes. »

    Vue de Genève

Notes et références
[1]
Détail du voyage de septembre 1839 :
6 septembre, arrivée à Bâle, le 8 ils sont à Zurich, le 10 à Lucerne puis Constance et la chute du Rhin. Du 12 au 16, c’est Lucerne et l’ascension du Rigi ; du 17 au 19, c’est Thoune et Berne ; le 19 Fribourg et Bulle puis Vevey le 20, Chillon le 21, Lausanne le 22 et Genève le 23.

Voir aussi
* Lucien Lathion, Victor Hugo et la Suisse, Attinger, 1974

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