JMG Le Clézio, Étoile errante

 Référence : JMG Le Clézio, Étoile errante, éditions Gallimard, 352 pages, 1992, Folio, n°2592, mai 1994

  Le Clézio le 6 janvier 2024 à Nice
« Ne renoncer à aucune part de mon identité. »
 

Les destins d’Esther la juive et de Nejma la palestinienne se croisent sans jamais se rejoindre. Histoire d’exil et de déracinement, Esther fuit le nazisme en 1943 dans l’arrière- pays niçois puis en Israël, Nejma est jetée dans un camp de réfugiés.
Il ne restera de leur fugace rencontre qu’un carnet noir et des prénoms échangés.

Été 1943 à Saint-Martin-Vésubie, près de la frontière italienne. [1] L’armée italienne occupe alors le village et les carabiniers surveillent les habitants. Beaucoup de familles juives venues d’Europe ont été regroupées dans la région, réfugiées comme Esther et sa famille.  Son père est devenu résistant, aidant les maquisards menacés d’arrestation à être évacués vers Jérusalem. Il faut bien sûr cacher le fait d’être juif et Esther s’appelle alors Hélène mais son père la surnomme quand même Estrellita, sa petite étoile.

Esther aimait bien Mario, "un jour, il lui avait raconté un peu sa vie. Avant la guerre, il était berger et n'avait pas voulu partir à la guerre, il s'était caché dans la montagne. mais les fascistes avaient  tué tous ses moutons et son chien, et Mario était entré dans le maquis".



Esther (étoile en hébreu), après une vie sereine, vivra la peur, l'humiliation, la fuite dans les montagnes et la mort de son père. Le voyage vers Israël sera très difficile sur un bateau surpeuplé, malmené par les tempêtes, sujet au harcèlement des autorités, même si elle trouvera un certain repos dans la prière. C'est en arrivant en Israël qu'elle croise Nejma, une jeune orpheline, dans une colonne de palestiniens expulsés de leur pays.

Leur destin ne les réunira plus jamais mais le souvenir de ce moment particulier ne les quittera jamais. La guerre les a séparées, ce qu'elles ressentiront comme une injustices. Esther continuera son errance, laissant la guerre et ses espoirs à Jérusalem pour aller refaire sa vie au Canada.[2]

Si Nejma tient un rôle modeste dans ce roman, elle n'en est pas moins toujours présente et Esther dira : « Je pense encore à Nejma, ma soeur perdue il y a si longtemps dans ce nuage de poussière du chemin, et que je dois retrouver ».

Elles savent bien que tant que perdurera la guerre et ses conséquences, tant que la violence ne sera pas éradiquée, les enfants et les plus faibles seront sacrifiés.
Et Esther et Nejma resteront à jamais des "étoiles errantes".
 

 Notes et références
[1]  Voir mon article L'enfant et la guerre --
[2] Voir mon article Le Clézio, voyageur et citoyen du monde --

Voir aussi
* Chanson bretonne -- Le nomade immobile --
* Le Clézio & l’Afrique --  L'itinéraire de Le Clézio --
* Mon Site Le Clézio --

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