Référence : Prosper Mérimée, Carmen, nouvelle 1845, éditions Gallimard, 160 pages, juin 2000, Opéra Bizet 1875, [1]
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Présentation générale
* Sujet : Liberté et
jalousie. Un homme pris entre la passion et le devoir, victime d’un
"crime passionnel". Une femme libre et rebelle, « une force qui va » selon Victor Hugo.
Côté autobio : En 1832 il écrit : « J'allais être amoureux quand je suis parti pour l'Espagne. »
* Carmen signifie "charme" (envoûtement) en latin. Dans une autre nouvelle, La Vénus d’Ille, une terrifiante statue porte cette inscription : « Prends garde à toi si elle t’aime. »
* Dans le courant romantique : "couleur locale", ambiance exotique
dépaysante, recours au pittoresque et aux personnages typés, marginaux,
impression d’authenticité (réalisme). [2]
* Mérimée misogyne ? Épigraphe : « Toute femme est amère comme le fiel ;
mais elle a deux bonnes heures, une au lit, l’autre à sa mort ».
(Palladas)
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Les quatre chapitres
Chapitre 1
Andalousie, Montilla près de Cordoue. Le narrateur-archéologue.
Au cours d’un voyage, le narrateur fait étape avec Antonio son guide dans une auberge tenue par un contrebandier Don José Navarro. Au cours de la nuit, il surprend Antonio qui s’apprête à dénoncer Don José pour 200 ducats. Le narrateur décide d’avertir Don José et se sauve pour éviter l’arrestation.
Chapitre 2
Un soir, une semaine après, il rencontre Carmen,
jeune bohémienne, avec qui il fait plus ample connaissance et qui
l’invite chez elle. Mais c’était un piège pour le dévaliser et le
trucider.
Nouveau rebondissement : il s’agit en fait de Don José qui le reconnaît et le laisse s’enfuir. Lui-même pardonne à Carmen le vol de sa montre et prolonge son voyage jusqu’à Séville.
De retour à Cordoue, il apprend que Don José est en prison pour le vol de sa montre et d’autres délits, risquant jusqu’à la peine de mort. Voulant l’aider, il accepte d’aller à Pampelune porter une médaille à une femme.
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Roberto Alagna & Alexandra kurzak
Mag Kozena & Jonas Kaufmann 2012
Chapitre 3
Le narrateur visite Don José dans sa prison, qui lui raconte toute son histoire. Il s’appelle en réalité Don José Lizarrabengoa, basque et brigadier de cavalerie basé à Séville. Un jour, il rencontre Carmen qui se bagarre avec une femme qu’elle finit par blesser. José est contraint de l’arrêter.
Carmen, très futée, réussit à manipuler le naïf Don José et à se sauver. Emprisonné et dégradé, il paie le prix fort de sa faiblesse. Mais il ira même jusqu’à refuser l’aide de Carmen pour s’évader, synonyme pour lui de désertion. Il se sent doublement prisonnier, coincé entre son amour pour Carmen et son devoir.
À sa sortie de prison, redevenu simple soldat, il s’aperçoit que Carmen,
qu’il aime follement, se livre à de petits trafics et le trompe avec un
officier qu’il tue. Il devient alors un fugitif réfugié à Séville puis un contrebandier au service du Dancaïre. Son destin semble scellé quand il tue Garcia, contrebandier et mari de Carmen.
Peu de temps après, le Dancaïre meurt dans une embuscade où José est blessé. Son corps guérit mais son âme est toujours placée sous le joug de Carmen qui le rend fou de jalousie, surtout dans la relation qu’elle a nouée avec Lucas, un picador. Elle rejette son amour et refuse de le suivre en Amérique, lui avouant même qu’elle ne l'aime pas. Mortifié, désespéré, il la tue à coups de couteau, l'enterre avec la bague qu'il lui avait offerte et se rend à la police.
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Chapitre 4
On passe ici de la narration à des notations pédagogiques sur le milieu des bohémiens,
leurs mœurs, leur langue ou leur religion. Ce dernier chapitre rappelle
le point de vue narratif initial, avec dans le rôle du narrateur, un
scientifique qui relate le drame qu’il a entendu.
Structure générale du récit
- 4 chapitres inégaux, l’amour entre Carmen et Don José surtout traité au chapitre 3.
Récit intégré dans le récit principal -ou- récit enchâssé dit aussi emboîté), avec un narrateur-archéologue est Don José mis en abîme dans le récit principal (ou récit-cadre).
- Les événements que raconte Don José précèdent ceux du récit-cadre (analepse narrative ou flashback/rétroaction).
- Rupture de style au chapitre 4, revenant à celui du chapitre 1 (focalisation interne)
- Mélange de technique : tragédie classique/drame romantique/roman picaresque.
Remarques de Jean Balsamo
* Réalité histoire face aux clichés sur Espagne & romantisme ou fantasmée (Bizet)
* Ses références :
- Calderon où apparaissent gitan, bandit, contrebandier -- Voyages 1840 " Vitoria (p 17)
- Lettres espagnoles : corrida (1), condamné à mort (2), contrebandier (3), superstition (4)
- cf Cervantès La Preciosa, "fausse gitane" des Nouvelles exemplaires (p 40)
- Variation sur Manon Lescaut, Prévost (p 43)
* Variation sur les Lettres + "respiration" sur bio Don Pedre 1er
* Ambiguïté de Carmen-Colomba (p 41)
* Narration : Innocence perdue (Don José) + fatalité (Carmen)
- Don José cruel ou justicier ? plaidoyer : responsable mais pas coupable
* Sa conception du style "Un ouvrage très tendu" (p 36) cf Les Bohémiens de Pouchkine. (mariage, infidélité femme, jalousie mari, meurtre)
La narration
* Ch1 : Dilemme narrateur : dénoncer Don José trahi par le guide, aux autorités ou se taire et trahir son devoir de citoyen;
* Ch2 : Le narrateur se fait piéger par Don José et Carmen mais Don José, reconnaissant, le sauve.
* Ch3 : Dilemme Don José entre hidalgo orgueilleux et la passion-addiction qui le dévore.
- le pain d'Arcola dans la prison : cadeau ou ruse ?
- rencontre chez la bohémienne ( p 97) --> contraste, ELLE rieuse,
décomplexée, "cigale", LUI coincé, renfermé, mutique --> pas faits
l'un pour l'autre (mentalité/éducation --> ELLE libre, LUI soldat
- épisode brèche dans le mur : piège, comédie, défi ?
- paradoxe apparent : "Tu ne m'aimes pas, vas-t-en, " lui dit-elle p 116
Elle comprend qu'il ne l'aime pas assez (trop "hidalgo", égoïste) pour
lui laisser sa liberté; il l'aime pour lui, non pour ce qu'elle est.
Même chose p 126 : "T'aimer encore, c'est impossible. Vivre avec toi, je ne le veux pas".
Mais il n'est pas prêt à entendre son message et pense que les "calés"
sont responsables pour l'avoir élevée ainsi. p 127 (inné & acquis ?)
* Ch4 :
Les Rom ont essaimé dans toute l'Europe, sans attaches véritables,
vivant à part, et n'ont ni superstition ni religion. Mérimée les voit
avec des regards de bête fauve, des voleurs à l'air supérieur et
méprisant (p 133-134) et des femmes moches et sales !
Notes et références
[1] De Mérimée à Georges Bizet, livret de Henri Meilhac et Ludovic Halévy.
[2] cf Dokamo, Carmen --
Voir aussi
* Carmen Description --
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