lundi 19 août 2024

William Marx, Un été avec Don Quichotte

 Référence : William Marx, Un été avec Don Quichotte, Éditions des Équateurs, 240 pages, mai 2024

« Oui, avoue le chevalier, je suis peut-être fou, mais à tout prendre je le suis moins que la société où nous vivons  ».

            
Selon William Marx, ce roman, qu’on considère souvent comme le premier véritable roman de la littérature mondiale, serait vraiment le reflet de notre époque. « Si chacun se retrouve dans Don Quichotte, écrit-il, c`est qu`il s`agit de l’œuvre qui, par excellence, nous permet de faire face à un monde privé de sens. » Privé de sens, sans doute parce que ni la religion ni la philosophe ne remplissent plus leur rôle de sublimation de la condition humaine.

Voilà bien l’homme actuel sans projet personnel et qui ne croit plus guère en l’efficience du progrès. Alors comme les enfants, il décide de "faire comme si". Si la réalité n’est plus vivable, il faut lui substituer le pouvoir du rêve et de l’imagination. Il est vrai que les épreuves qu’il s’inflige renvoient à des thèmes actuels comme l’engagement, l’utopie, le virtuel…

 
Le sens de la vie pour Don Quichotte, c’est le combat contre l'injustice, au prix d’utopies et échecs, de lutte contre ces satanés moulins qui n’en sont pas (heureusement que Sancho Panza lui remet parfois les pieds sur terre) parvient (malgré lui) à dépasser ses échecs et à retomber maladroitement sur ses pieds.
L’outrance, l’absurde, le rire, la dérision même [1], sont les ficelles que tire Cervantès pour nous entraîner dans son univers et nous faire réfléchir aux enseignements à tirer des avanies de son héros.

Cet  "Un été avec Don Quichotte" nous emmène au-delà des quelques répliques et autres extraits qu’on nous martèle habituellement, dans une analyse jubilatoire de cette œuvre qui est vraiment indémodable.

Voilà 44 tableaux pénétrants et drôles dont l'originalité "donne envie" de se replonger dans cette œuvre le plus souvent lointaine dans nos souvenirs et dans la folie contagieuse  de ce "chevalier à la triste figure" qui ne peut qu’égayer notre été.
Même si les 1.440 pages de l’édition du Livre de poche peuvent de prime abord rebuter !

 

Interview de William Marx

"Cervantes, pour nous, s'identifie à un chef d'œuvre absolu de la littérature universelle qui est Don Quichotte ou l'ingénieux hidalgo de la Manche et, en même temps, Don Quichotte est le premier personnage qui devient l'auteur de sa propre vie, qui commence à deviner peu à peu qu'il est un personnage, qu'il a été l'objet d'une histoire. Bien sûr, il est question de Cervantes, mais Don Quichotte, c'est vraiment le cœur de cette œuvre."

Notes et références

[1] Par exemple, cette citation : "Don Quijote de la Manche ! Don Quichotte de la Manche, cela en jette, n'est-ce pas ? Pas tant que ça : le Quijote, c'est la pièce d'armure nommée cuissard. Si vous dites en français "seigneur Cuissard de la Manche", tout de suite cela fait un peu moins sérieux. (p. 37)
 

Mes fiches sur la série "Un été avec" :
W. Marx, Un été avec Don Quichotte, 2024 -- C. Fleury, Un été avec Jankélévitch, 2023 --
A. Compagnon, Un été avec Colette, 2022 -- S. Tesson, Un été avec Rimbaud, 2021 -- A. Compagnon, Un été avec Pascal, 2020 --
R. Debray, Un été avec Paul Valéry, 176 pages, 2019 -- P. Boucheron, Un été avec Machiavel, 2017 -- A. Compagnon, Un été avec Baudelaire, 2015 -
L. El Makki, Un été avec Proust, 2014 -

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 < Christian Broussas – Marx Cervantès - 19/08/2024 © • cjb • © > 

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