En un temps où ce mot est quelque peu galvaudé, l'essayiste et romancier Charles Dantzig s'y essaie dans un livre intitulé À propos des chefs-d'œuvre, en tentant à travers peinture et littérature, de cerner cette notion. [1]
L’avantage de la littérature, c’est qu’elle offre des facilités d’accès par rapport aux autres disciplines artistiques. Pour la peinture, il est quasiment impossible de voir L'Angelus de Millet en même temps que l'Olympia de d’Edouard Manet ou l'Autoportrait sur fond bleu de Van Gogh.
Contrairement aux arts plastiques, le livre ne s'expose pas dans des musées. Comment déceler le chef-d'œuvre quand paraît Du côté de chez Swann, le premier livre de Marcel Proust, en 1913 Ulysse de James Joyce ? Même si a priori, c'est un événement. Autrefois, Le Louvre ne présentait que des artistes morts, seul le salon donnait une résonance aux œuvres de poids dont on parlait comme par exemple, Le Radeau de la Méduse de Géricault en 1819 ou plus tard Edouard Manet et les courant des impressionnistes. [2]
Ce qu’on peut affirmer, c’est l’intention de l’auteur, l’ambition inhérente à tout chef-d’œuvre qui crée lui-même son propre critère de référence, bien que l’art repose aussi sur les classifications que l’on a créées. C’est aussi sa richesse qui fait qu’on découvre constamment de nouveaux angles, de nouvelles façons de la voir. Relire par exemple Guerre et paix de Tolstoï conduit au besoin de le relire et à une vision différence de certains de ses aspects. On voit ainsi que le regard porté sur une œuvre, la profusion de la profondeur de son analyse dépend des conditions de sa lecture et de la manière dont on l’aborde dans le temps, l’âge du lecteur et son état d’esprit à un moment, à une époque donnés.
L’avantage de la littérature, c’est qu’elle offre des facilités d’accès par rapport aux autres disciplines artistiques. Pour la peinture, il est quasiment impossible de voir L'Angelus de Millet en même temps que l'Olympia de d’Edouard Manet ou l'Autoportrait sur fond bleu de Van Gogh.
Contrairement aux arts plastiques, le livre ne s'expose pas dans des musées. Comment déceler le chef-d'œuvre quand paraît Du côté de chez Swann, le premier livre de Marcel Proust, en 1913 Ulysse de James Joyce ? Même si a priori, c'est un événement. Autrefois, Le Louvre ne présentait que des artistes morts, seul le salon donnait une résonance aux œuvres de poids dont on parlait comme par exemple, Le Radeau de la Méduse de Géricault en 1819 ou plus tard Edouard Manet et les courant des impressionnistes. [2]
Ce qu’on peut affirmer, c’est l’intention de l’auteur, l’ambition inhérente à tout chef-d’œuvre qui crée lui-même son propre critère de référence, bien que l’art repose aussi sur les classifications que l’on a créées. C’est aussi sa richesse qui fait qu’on découvre constamment de nouveaux angles, de nouvelles façons de la voir. Relire par exemple Guerre et paix de Tolstoï conduit au besoin de le relire et à une vision différence de certains de ses aspects. On voit ainsi que le regard porté sur une œuvre, la profusion de la profondeur de son analyse dépend des conditions de sa lecture et de la manière dont on l’aborde dans le temps, l’âge du lecteur et son état d’esprit à un moment, à une époque donnés.
Centre Pompidou Metz
Les auteurs n’offrent pas seulement des histoires linéaires ou qui s’enchevêtrent, un thème narratif ancré dans une famille dans une époque mais avant tout les mondes qu’ils portent en eux, parfois une rupture avec des modes de pensé ou des façons d’écrire. De ce point de vue, il est plus facile d’appréhender les chefs-d’œuvre du passé, pas seulement parce qu’ils sont reconnus mais qu’ils correspondent à des canons littéraires qui ont fini par s’imposer.
L’époque contemporaine se sépare en ceci des précédentes en ce sens qu’elle est plus foisonnante et offre peu de prises à la décantation de chefs-d’œuvre. Il est difficile d’employer ce terme sans rendre sceptique son entourage ou sans penser que ce terme est trop fréquent, usé, galvaudé.
L’avantage est que les certitudes s’estompent sur la dominance de tel ou tel courant littéraire, le danger s’éloigne d’aimer ce qui est déjà reconnu, de banaliser ou de sacraliser ce qui correspond à un genre qui semble s’imposer comme la référence à des canons littéraires et qui échappe ainsi à une réflexion de fond. Le fait par exemple de faire des séjours à l’étranger évite de se focaliser sur une vue trop hexagonale de la production littéraire. Entre autres exemples, la réputation de Louis-Ferdinand Céline est moindre à l’étranger alors que Jules Laforgue est beaucoup plus apprécié en Amérique.
Le long terme fait aussi apparaître les fractures, révèle les engouements pour des œuvres picturales comme celles du peintre William Bouguereau ou littéraires comme L’Astrée d’Honoré d’Urfé, encensées à leur époque à l’égal d’un Proust et totalement tombées dans l’oubli, comme Charles Dantzig qui prédit le déclin rapide d’auteurs comme Kafka ou Faulkner.
Reconnaître un chef-d’œuvre, c’est savoir qu’il se démarque de ce qui l’a précédé. Des œuvres telles que Richard III de Shakespeare, Une saison en enfer, de Rimbaud, ou Les Poésies d'Alvaro de Campos de Pessoa. [3] Il faut aussi éviter de rechercher absolument un chef-d’œuvre, celui qui a marqué son siècle, l’incontournable Cervantès ou le nouveau Molière, trop lourde tâche pour tous les devins en mal de littérature.
L'essayiste et romancier Charles Dantzig (à droite) et Guy Cogeval, président du Musée d'Orsay dialoguent devant l'Olympia de Manet (1863). © F. Bouchon
Notes et références
[1] Auteur du Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig est l'un des commissaires de l'exposition «Chefs-d'œuvre» au Centre Pompidou-Metz pour le domaine littéraire.
[2] Interview « Art, littérature... Qu'est-ce qu'un chef-d'œuvre en 2013 ? », dialogue entre Charles Dantzig et Guy Cogeval, Le Figaro du 17 janvier 2013
[3] Interview de Charles Dantzig dans Le Figaro du 2 mai 2010
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire