Le prix Nobel de littérature 2000 Gao Xingjian
Gao Xingjian (en chinois : 高行健 ou accentué : Gāo Xíngjiàn en pinyin) [1], à la fois peintre, écrivain et dissident chinois, est né le 4 janvier 1940 à Ganzhou, petite ville de la province de Jiangxi en Chine orientale et qui fut, après sa contestation du régime chinois, contraint de quitter son pays. Après des années de combat, il décide finalement de se réfugier en France. Artiste éclectique, il est également dramaturge, metteur en scène et a obtenu le Prix Nobel de littérature en 2000.
Parcours erratique que celui de cet intellectuel qui s'est opposé à un régime dictatorial aussi dur que le régime chinois.
Gao Xingjian, fils d'une famille de la bourgeoisie -un père banquier, une mère qui s'occupe de théâtre- enfant éveillé et excellent élève, avait tout pour réussir. Mais la réussite ne l'intéressait pas vraiment et sa mère suscita très tôt son intérêt pour le théâtre et la littérature. Tout jeune enfant, il est confronté aux désordres consécutifs à la guerre et à l'invasion japonaise. D'abord élève au lycée américain de Nankin au début des années 50, il se lie avec Yun Zhong Yu, l'un de ses professeurs qui l'initie à la peinture moderne occidentale. Il poursuit avec succès ses études à l'Institut des langues étrangères de Pékin, attiré par la langue française, obtenant son diplôme en 1962 et traduisant en chinois des auteurs qui l'ont beaucoup influencé comme Eugène Ionesco, Antonin Artaud ou Henri Michaux. [2]
Son appétence pour l'esthétique de la littérature française, pour la théorie de l'absurde et les thèses d'Artaud en font déjà un suspect, un dissident en puissance qui passera six années en camp de rééducation pendant la Révolution culturelle entre 1967 et 1973. Dans son discours de réception du prix Nobel à Stockholm, il dira que « c’est la littérature qui permet à l’être humain de conserver sa conscience d’homme. » Il n'a décidément aucun goût pour l'art officiel du réalisme chantant la gloire du peuple, incompatible avec sa liberté d'esprit, ses conceptions théâtrales héritées de Brecht et d'Artaud, et de la littérature qu'il développe dans ses ouvrages Premier essai sur l'art du roman en 1981 et Pour une autre esthétique en 2001.
Si son théâtre de l'absurde rencontre le succès, si des pièces comme Signal d'alarme ou Arrêt de bus obtiennent la faveur du public, sa situation se dégrade peu à peu. Il rompt brutalement avec le milieu pékinois, part sillonner la région du Sichuan et entreprend de descendre le cours du Yang-tsé-Kiang jusqu'à son embouchure. Mais l'année suivante en 1987, il est quasiment expulsé de Chine et choisit la France dont il obtient la nationalité en 1997.
A Paris, c'est d'abord dans un appartement "blanc et dépouillé" que le prix Nobel vit, écrit et peint. "Du thé, de la musique, mais pas de livres, Gao veut se tenir à l'écart des tourbillons du monde." [3] Il s'est établi à Bagnolet, au dix-huitième étage d'une tour "avec une belle vue sur Paris." Puis, tout en conservant Bagnolet où il peint de grands tableaux, il déménage au premier étage d'un bel immeuble du centre de Paris, "cinq pièces de parquet, cheminées en marbre, moulures au plafond et murs blancs." Il a cependant conservé certaines habitudes, thé vert dans la journée et oolong [4] le soir.
"Je travaille par période de quelques mois -période de peinture ou d'écriture- " dit-il en évoquant sa vie à Paris. L'écriture l'oblige à s'isoler, se concentrer, "c'est une fuite, le refus du fracas de la vie quotidienne... c'est aussi un défi pour affirmer l'existence d'un individu, fragile." Cette remarque fait écho à cet échange tiré de sa nouvelle Une canne à pêche pour mon grand-père :
- Tu es seul ? - Oui je crois, dans ce monde.
- Dans quel monde ? - Dans le monde intérieur inconnu des autres.
Gao Xingjian s'adonne aussi à la peinture, même si sa confrontation avec l'Occident a modifié sa vision de l'art pictural, [5] abandonnant l'huile en 1978 pour l'encra dans la tradition de son maître Wang Wei, [6]variant à l'infini les tons du monochrome noir.[7]
On retrouve cependant dans ses tableaux ce qui fait sa spécificité, la
double influence de la technique chinoise du travail à
la plume et des techniques occidentales d'effets de glacis et de
profondeur. Dans ses périodes de nostalgie, il part se ressourcer à Taïwan, bien qu'il ait écrit dans son roman
La montagne de l'âme que "le vrai voyageur ne doit avoir aucun objectif." Mais à Paris, il sait qu’il peut ratifier cette phrase extraite du même roman qui énonce cette
vérité pleine de la sagesse orientale : « Loin de l’empereur, on a plus de liberté. »
Gao Xingjian (en chinois : 高行健 ou accentué : Gāo Xíngjiàn en pinyin) [1], à la fois peintre, écrivain et dissident chinois, est né le 4 janvier 1940 à Ganzhou, petite ville de la province de Jiangxi en Chine orientale et qui fut, après sa contestation du régime chinois, contraint de quitter son pays. Après des années de combat, il décide finalement de se réfugier en France. Artiste éclectique, il est également dramaturge, metteur en scène et a obtenu le Prix Nobel de littérature en 2000.
Parcours erratique que celui de cet intellectuel qui s'est opposé à un régime dictatorial aussi dur que le régime chinois.
Gao Xingjian, fils d'une famille de la bourgeoisie -un père banquier, une mère qui s'occupe de théâtre- enfant éveillé et excellent élève, avait tout pour réussir. Mais la réussite ne l'intéressait pas vraiment et sa mère suscita très tôt son intérêt pour le théâtre et la littérature. Tout jeune enfant, il est confronté aux désordres consécutifs à la guerre et à l'invasion japonaise. D'abord élève au lycée américain de Nankin au début des années 50, il se lie avec Yun Zhong Yu, l'un de ses professeurs qui l'initie à la peinture moderne occidentale. Il poursuit avec succès ses études à l'Institut des langues étrangères de Pékin, attiré par la langue française, obtenant son diplôme en 1962 et traduisant en chinois des auteurs qui l'ont beaucoup influencé comme Eugène Ionesco, Antonin Artaud ou Henri Michaux. [2]
Son appétence pour l'esthétique de la littérature française, pour la théorie de l'absurde et les thèses d'Artaud en font déjà un suspect, un dissident en puissance qui passera six années en camp de rééducation pendant la Révolution culturelle entre 1967 et 1973. Dans son discours de réception du prix Nobel à Stockholm, il dira que « c’est la littérature qui permet à l’être humain de conserver sa conscience d’homme. » Il n'a décidément aucun goût pour l'art officiel du réalisme chantant la gloire du peuple, incompatible avec sa liberté d'esprit, ses conceptions théâtrales héritées de Brecht et d'Artaud, et de la littérature qu'il développe dans ses ouvrages Premier essai sur l'art du roman en 1981 et Pour une autre esthétique en 2001.
Si son théâtre de l'absurde rencontre le succès, si des pièces comme Signal d'alarme ou Arrêt de bus obtiennent la faveur du public, sa situation se dégrade peu à peu. Il rompt brutalement avec le milieu pékinois, part sillonner la région du Sichuan et entreprend de descendre le cours du Yang-tsé-Kiang jusqu'à son embouchure. Mais l'année suivante en 1987, il est quasiment expulsé de Chine et choisit la France dont il obtient la nationalité en 1997.
A Paris, c'est d'abord dans un appartement "blanc et dépouillé" que le prix Nobel vit, écrit et peint. "Du thé, de la musique, mais pas de livres, Gao veut se tenir à l'écart des tourbillons du monde." [3] Il s'est établi à Bagnolet, au dix-huitième étage d'une tour "avec une belle vue sur Paris." Puis, tout en conservant Bagnolet où il peint de grands tableaux, il déménage au premier étage d'un bel immeuble du centre de Paris, "cinq pièces de parquet, cheminées en marbre, moulures au plafond et murs blancs." Il a cependant conservé certaines habitudes, thé vert dans la journée et oolong [4] le soir.
"Je travaille par période de quelques mois -période de peinture ou d'écriture- " dit-il en évoquant sa vie à Paris. L'écriture l'oblige à s'isoler, se concentrer, "c'est une fuite, le refus du fracas de la vie quotidienne... c'est aussi un défi pour affirmer l'existence d'un individu, fragile." Cette remarque fait écho à cet échange tiré de sa nouvelle Une canne à pêche pour mon grand-père :
Référence bibliographiques
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- Œuvres théâtrales : Signal d’Alarme (1982), Arrêt d’autobus (1983), L’homme Sauvage (1985), L'Autre rive (1986), La Fuite et Dialoguer interloquer (1992)
- Œuvres théâtrales en français : Au bord de la vie (1993), Le Somnambule (1995), Quatre quatuors pour un week-end (1999), Le Quêteur de la mort (2003), Ballade nocturne (2010)
- Romans et nouvelles : La Montagne de l'âme (roman), 1990, Une canne à pêche pour mon grand-père (nouvelles), 1995, Le Livre d'un homme seul, 2000 (en français)
- Essais : Premier essai sur les techniques du roman moderne, 1981, Pour une autre esthétique, 2001, Au plus près du réel ou la raison d'être de la littérature, 2001, Le Témoignage de la littérature, 2004
- Divers : La Neige en août, 2002 (Opéra), L'Errance de l'oiseau, 2003 (Poésie), La Silhouette sinon l'ombre, 2003 et Après le déluge, 2008 (Films)
- Œuvres théâtrales: voir la revue Trou et le site C. Bernard
-
- Sur ses conceptions artistiques, voir le site [1] et M. draguet
- livre d'un homme seul, Citations
- ↑ Le pinyin (拼音 pīnyīn) est une transcription phonétique en écriture latine du mandarin, langue officielle de la Chine
- ↑ Pour plus de détails sur sa vie, surtout pendant la Révolution culturelle, voir son récit autobiographique Le Livre d’un homme seul.
- ↑ Voir l'article de "Lire" repris dans "l'Express" d'avril 2004
- ↑ Le thé Oolong ou Wulong est un type de thé à oxydation incomplète. On le nomme aussi selon la couleur de son infusion : "Bleu-vert"
- ↑ "Ma première visite à des musées européens en 1978, confesse-t-il dans une interview, a bouleversé mon rapport à l'art. Jamais je n'avais admiré de chefs-d'œuvre à l'huile en original. Quelle luminosité, quelle intensité, quelle onctuosité !"
- ↑ 6. Wáng Wéi (王維)est un écrivain chinois du début du huitième siècle, poète, peintre et musicien chantant la nature et le bouddhisme.
- ↑ Il utilise des matériaux chinois traditionnels tels que le papier de riz et les pinceaux en poil de chèvre
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