Biographie de l'écrivain japonais Yasunari Kawabata
La jeunesse de Kawabata dans la région d'Osaka
Kawabata en 1917
C'est à Osaka qui naquit Yasunari Kawabata le 14 juin 1899 pendant l'ére Meiji, dans une famille bourgeoise et cultivée. L'enfant né prématurément à sept mois restera fragile toute sa vie. Ses parents auraient pu jouer un rôle important dans sa vie, sa mère Gen issue d'une famille fortunée et surtout son père Eikichi grand amateur de poésie et de peinture, mais ils rapidement décéder tous les deux de tuberculose. Dès l'âge de trois ans, l'enfant est orphelin.
Yasunari Kawabata part vivre dans le village natal de sa mère à Tyosato dans la banlieue d'Osaka puis un peu plus loin à Toyokawa avec ses grands-parents paternels. Il s'adapte facilement à sa nouvelle vie et, à l'école primaire de Toyokawa, est considéré comme un brillant élève. Mais son grand-père Kawabata Sanpachiro, un notable local qui a vendu ses terres, fait des placements aventureux qui précipitent sa ruine. Le sort semble s'acharner sur cette famille puisqu'en 1919 l jeune garçon alors âgé de dix ans perd d'abord sa sœur Yoshiko, cette sœur dont il a dit "qu'il n'a gardé au fond du cœur aucune image," puis sa grand-mère en septembre.
Resté seul avec son grand-père, il entre en avril 1912 au collège d'Ibaraki. C'est à cette date que se dessine sa vocation d'écrivain, mêlant une grande soif de lecture à ses premiers écrits. Il vivra huit années avec ce grand-père qui peu à peu s'affaiblit et devient aveugle. A son décès, il retourne à Toyosato chez un oncle maternel. Sa douloureuse expérience de jeune garçon confronté très tôt à la mort des siens marquera son œuvre avec ce rapport obsessionnel à la solitude et à la mort, qu'on retrouve dès 1916 dans Ramasser des ossements, au titre significatif, puis Les sentiments d'un orphelin ou encore Voiture funéraire dans les années vingt.
Son rapport aux autres est déterminé par l'image négative qu'il se fait de lui-même, complexé par un aspect malingre et un physique ingrat, il sera toujours tiraillé par une homosexualité refoulée qui lui fera d'abord aimer Kiyono l'un de ses condisciples au lycée de Ibaragi, jeune homme plutôt androgyne, aux traits gracieux et efféminés. Alors âgé de 19 ans, lors d'un séjour à Yugashima, station thermale dans la péninsule d'Izu, il ressent une "puissante émotion esthétique" pour une danseuse filiforme qui n'est pas sans lui rappeler Kiyono, et deviendra la source de son premier roman La danseuse d'Izu publié en 1926.
Cet épisode qui l'influencera tant qu'il retournera de temps en temps à Izu pendant une dizaine d'années, est récurrent dans son œuvre, depuis ses Souvenirs de Yugashima en 1922 jusqu'à des ouvrages plus connus comme Le grondement de la montagne ou Les belles endormies au début des années soixante.
Son fantasme de la femme éternelle va s'incarner dans une toute jeune fille de 14 ans Itō Hatsuyo, qu'il rencontre avec des amis puis revoit de temps en temps avant de subitement la demander en mariage. Ce qu'elle finira par refuser, le laissant désespéré, hantant longtemps son esprits et ses écrits. Ni ses succès littéraires, ni même la notoriété du prix Nobel [1] qui viendra couronner son œuvre en 1968, ne le délivreront de ses angoisses, de ses démons et du poids du passé. Il entamera avec son contemporain Yukio Mishima [2] un dialogue épistolaire plein d'enseignements sur leur génération, reflétant le déchirement d'un Japon écartelé entre le rejet du passé de leur jeunesse et le poids de la modernité.
Homme complexe et complexé, secret et plein de contradictions, se voulant à la fois en phase avec son époque et ancré dans ses traditions culturelles, patriote mais aussi féru de littérature occidentale, Yasunari Kawabata parviendra à transcender ce sentiment tragique de la vie qui l'habite, dans des nouvelles d'un style vif, alerte et épuré, courts récits qu'il appelait Tenohira non shōsetsu, les récits qui tiennent dans la paume de la main.
En 1972, Yasunari Kawabata est hospitalisé et sa santé devient de plus en plus précaire. Il choisit de mettre fin à ses jours le 16 avril dans le petit appartement qu'il habite parfois, au bord de la mer à Zushi, à proximité de Kamakura où il est enterré.
Dans sa maison de Kamakura en 1946 Avec Mishima en 1946
Repères bibliographiques
"Les belles endormies"
Autres fiches à consulter :
- Yukio MISHIMA à Tokyo
- Alexandra DAVID-NEEL à Paris, Toulon, Digne et en Asie
- Marguerite Yourcenar : Yukio Mishima
Références
La jeunesse de Kawabata dans la région d'Osaka
Kawabata en 1917
C'est à Osaka qui naquit Yasunari Kawabata le 14 juin 1899 pendant l'ére Meiji, dans une famille bourgeoise et cultivée. L'enfant né prématurément à sept mois restera fragile toute sa vie. Ses parents auraient pu jouer un rôle important dans sa vie, sa mère Gen issue d'une famille fortunée et surtout son père Eikichi grand amateur de poésie et de peinture, mais ils rapidement décéder tous les deux de tuberculose. Dès l'âge de trois ans, l'enfant est orphelin.
Yasunari Kawabata part vivre dans le village natal de sa mère à Tyosato dans la banlieue d'Osaka puis un peu plus loin à Toyokawa avec ses grands-parents paternels. Il s'adapte facilement à sa nouvelle vie et, à l'école primaire de Toyokawa, est considéré comme un brillant élève. Mais son grand-père Kawabata Sanpachiro, un notable local qui a vendu ses terres, fait des placements aventureux qui précipitent sa ruine. Le sort semble s'acharner sur cette famille puisqu'en 1919 l jeune garçon alors âgé de dix ans perd d'abord sa sœur Yoshiko, cette sœur dont il a dit "qu'il n'a gardé au fond du cœur aucune image," puis sa grand-mère en septembre.
Resté seul avec son grand-père, il entre en avril 1912 au collège d'Ibaraki. C'est à cette date que se dessine sa vocation d'écrivain, mêlant une grande soif de lecture à ses premiers écrits. Il vivra huit années avec ce grand-père qui peu à peu s'affaiblit et devient aveugle. A son décès, il retourne à Toyosato chez un oncle maternel. Sa douloureuse expérience de jeune garçon confronté très tôt à la mort des siens marquera son œuvre avec ce rapport obsessionnel à la solitude et à la mort, qu'on retrouve dès 1916 dans Ramasser des ossements, au titre significatif, puis Les sentiments d'un orphelin ou encore Voiture funéraire dans les années vingt.
Son rapport aux autres est déterminé par l'image négative qu'il se fait de lui-même, complexé par un aspect malingre et un physique ingrat, il sera toujours tiraillé par une homosexualité refoulée qui lui fera d'abord aimer Kiyono l'un de ses condisciples au lycée de Ibaragi, jeune homme plutôt androgyne, aux traits gracieux et efféminés. Alors âgé de 19 ans, lors d'un séjour à Yugashima, station thermale dans la péninsule d'Izu, il ressent une "puissante émotion esthétique" pour une danseuse filiforme qui n'est pas sans lui rappeler Kiyono, et deviendra la source de son premier roman La danseuse d'Izu publié en 1926.
Cet épisode qui l'influencera tant qu'il retournera de temps en temps à Izu pendant une dizaine d'années, est récurrent dans son œuvre, depuis ses Souvenirs de Yugashima en 1922 jusqu'à des ouvrages plus connus comme Le grondement de la montagne ou Les belles endormies au début des années soixante.
Son fantasme de la femme éternelle va s'incarner dans une toute jeune fille de 14 ans Itō Hatsuyo, qu'il rencontre avec des amis puis revoit de temps en temps avant de subitement la demander en mariage. Ce qu'elle finira par refuser, le laissant désespéré, hantant longtemps son esprits et ses écrits. Ni ses succès littéraires, ni même la notoriété du prix Nobel [1] qui viendra couronner son œuvre en 1968, ne le délivreront de ses angoisses, de ses démons et du poids du passé. Il entamera avec son contemporain Yukio Mishima [2] un dialogue épistolaire plein d'enseignements sur leur génération, reflétant le déchirement d'un Japon écartelé entre le rejet du passé de leur jeunesse et le poids de la modernité.
Homme complexe et complexé, secret et plein de contradictions, se voulant à la fois en phase avec son époque et ancré dans ses traditions culturelles, patriote mais aussi féru de littérature occidentale, Yasunari Kawabata parviendra à transcender ce sentiment tragique de la vie qui l'habite, dans des nouvelles d'un style vif, alerte et épuré, courts récits qu'il appelait Tenohira non shōsetsu, les récits qui tiennent dans la paume de la main.
En 1972, Yasunari Kawabata est hospitalisé et sa santé devient de plus en plus précaire. Il choisit de mettre fin à ses jours le 16 avril dans le petit appartement qu'il habite parfois, au bord de la mer à Zushi, à proximité de Kamakura où il est enterré.
Dans sa maison de Kamakura en 1946 Avec Mishima en 1946
Repères bibliographiques
- Pays de neige, traduit par Fujimori Bunkichi, texte français par Amel Guerne, 1960, Édition originale
Livre de poche, 1982/Albin Michel, 1996
- Le grondement de la montagne, 1969, Édition originale Livre de poche, 1986/Albin Michel, 1988
- Le maître ou le tournoi de go, Édition originale Livre de poche, 1988/Albin Michel, 1992
- Les belles Endormies, Édition originale Livre de poche, 1982/ Éd. Albin Michel, 1983
- Tristesse et beauté, 1981, Édition originale Livre de poche, 1996/Albin Michel, 2000
- Kawabata-Mishima, correspondance 1945-1970, traduit et annoté par Dominique Palmé, préface de Diane de Margerie – 2000
"Les belles endormies"
Autres fiches à consulter :
- Yukio MISHIMA à Tokyo
- Alexandra DAVID-NEEL à Paris, Toulon, Digne et en Asie
- Marguerite Yourcenar : Yukio Mishima
Références
1.
Il fera à Stockholm lors de la
remise du prix le 12 décembre un discours en forme d'hommage à son pays
intitulé « Utsukushii nihon no watakushi » (Le beau Japon en
moi)
2.
le 25 novembre 1970, Yasunari est
bouleversé par l'annonce du suicide par 'seppuku' de son ami Mishima. Le
24 janvier 1971, il préside la cérémonie des obsèques
publiques de Mishima au temple Tsukiji Honkanji de Tōkyō, et lit un
extrait d'une lettre que son ami lui avait adressée le 4 août 1969 (voir
leur correspondance page 223).
<<< Christian Broussas - Feyzin, 13/06/2012 - << © • cjb • © >>>
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