1- Présentation générale
Roger Vailland, très politiquement incorrect dirait-on de lui maintenant, comme l’écrivait déjà son biographe Christian Petr dans son livre « Roger Vailland, éloge de la singularité paru aux Éditions Du Rocher en 1995. Tour à tour journaliste et grand reporter, Résistant et communiste qui roulera en Jaguar à la fin de sa vie comme un pied de nez à son époque, drogué, amateur de cyclisme et de balades en montagne, ascète lorsqu’il écrit et libertin incorrigible, voilà déjà une vue éclectique d’un personnage rempli de contradictions. Ses contradictions dont il fera le pain quotidien de son œuvre. On pourrait tout aussi bien rajouter homme de culture féru d’architecture, ami intime du sculpteur Costa Coulentianos, du peintre Pierre Soulages ou du cinéaste Roger Vadim, scénariste de films, ex-surréaliste et adversaire du pape Breton comme du 'sous pape' Aragon, il prônait comme son cher Arthur Rimbaud le "dérèglement de tous les sens" . Pour décrire sa vie, prenons des chemins plus classiques que celui qu’il prend dans son Journal intime.
Cartes postales d'Acy-en-Multien
2- Enfance et jeunesse
En 1925 ce sera Montmorency (13 bis rue de Joigny) quand Roger intègre Louis-le-Grand en classe d’hypokhâgne. Après le départ de la famille à Antibes, Roger resté seul emménage chez sa grand-mère 7 rue Pétrarque à Paris pour préparer une licence de Lettres en Sorbonne. Mais il préfère travailler, être autonome et, grâce à son ami Robert Desnos, il est embauché en 1928 à Paris-Midi et prend une chambre dans un hôtel de la rue Bréa. Il fréquente alors le club du Bar du Château, 54 rue du Château, qui accueille maints artistes comme Prévert, Marcel Duhamel, Péret, Queneau ou Leiris.
Puis en mars 1929, c’est le clash et son exclusion du groupe. Sa vie instable est à l’image de ses nombreux déménagements : en 1931, 1 rue Hautefeuille, face à la place Saint-Michel, un hôtel meublé fin 1933, 22 quai de Passy puis au 38 rue de l’Université avec sa future femme Andrée Blavette, qu’il surnomme Boule, en alternance avec l’hôtel particulier des Blavette, 8 bis villa Léandre à Montmartre, où il reviendra fréquemment jusqu’à la guerre
3- Les années 'grises'
, tout en ayant un appartement au huitième étage de la rue Manin, dans le 19ème.
Après, c’est la débâcle et le journal qui se replie à Lyon fin 1940 où il habite 67 cours Gambetta près du Rhône quand le quartier de la Place du pont. Après une longue période de déprime, il va s’arracher à l’emprise de la drogue et entrer dans la Résistance où il retrouvera en particulier Aragon, lui aussi réfugié à Lyon dans la maison de René Tavernier, rue Chambovet à Montchat, quartier de Lyon dans le 3è arrondissement, aventures dont il se servira pour écrire le roman qui va le révéler au grand public, Drôle de jeu, prix Interallié en 1945.
4- Elisabeth et Meillonnas
Roger et Elisabeth Elisabeth au 1er plan et Roger au fond à droite
Mais cette notoriété soudaine ne le délivrera pas de ses difficultés à vivre, la passion ravageuse qu’il entretient avec sa femme "Boule", qu’il décrira dans son deuxième roman Les Mauvais coups et sa vie de bohème parisienne. Il faudra attendre la rencontre avec sa seconde femme Elisabeth Naldi et son engagement dans son combat communiste pour qu’il retrouve un certain équilibre. L’année 1954 semble une année phase avec la rupture définitive avec son milieu parisien, le mariage avec Elisabeth et leur installation dans un village de l’Ain, Meillonnas près de Bourg-en-Bresse. Mais deux ans plus tard, la rupture avec le communisme sera si douloureuse qu’il aura le plus grand mal à s’en remettre et à trouver un nouvel équilibre.
De Meillonnas son port d’attache, il va faire de nombreux reportages, faire des voyages avec Elisabeth en Italie d’où il va rapporter un roman La Loi qui lui vaudra l’attribution du prix Goncourt en 1957, en Afrique et à l’île de La Réunion en 1958 d’où il tirera un récit publié peu avant sa mort mais se retirera de plus en plus à Meillonnas, loin du bruit et de la fureur des villes et du monde. Il se tournera un moment vers le cinéma, des adaptations et des scénarios sur des œuvres de Sade ou de Laclos avec Les liaisons dangereuses 1960 mais il sen dégagera assez rapidement pour reprendre sa quête personnelle et solitaire à travers ses deux derniers récits-romans La Fête et La Truite, assez courts mais très denses, qui ont souvent été interprétés de façon erronée, y compris du vivant de Vailland qui s’en est souvent plaint.
Roger Vailland meurt le 12 mai 1964 d’un cancer à Meillonnas où il est enterré.
Roger Vailland et Pierre Soulages
Repères bibliographiques
* Roger Vailland, ou un libertin au regard froid, l’imposante biographie d’Yves Courrière, éditions Plon, 1991, 976 pages
* Les Cahiers Roger Vailland, publiés par Le Temps des Cerises, 6 avenue E. Vaillant, 93500 Pantin
* Voir aussi la Médiathèque Élisabeth et Roger Vailland, 1 rue du Moulin de Brou, 01000 Bourg-en-Bresse, qui conserve le fonds Roger Vailland légué par Elisabeth.
* Autour de Roger Vailland : Daumal, Roy, Soulages,AG. Leduc, Meillonnas, élisabeth Vailland, éditions Books LLC, 96 pages, 31 juillet 2010, isbn 1159604797
* Voir aussi Vailland à Meillonnas
Livre de compilation de ses livres Au temps du collage d'affiches
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