mardi 7 octobre 2014

Frédéric Beigbeder Oona & Salinger

Référence : Frédéric Beigbeder, "Oona & Salinger", 336 pages, août 2014, gencod 978 2 246 77701 4


La tonalité de ce roman est bien dans le style de Frédéric Beigbeder : « Ils ne se marièrent jamais et n’eurent aucun enfant. » Nous voilà avertis. Déjà dans son précédent roman paru en 2012, il nous avait déjà mis en garde en affirmant que « l'amour ne dure que trois ans. » [1] Alors, de toute façon, dans ces conditions ...
Déjà en 2009, dans « Un roman français, » [2] il nous contait -entre autres- « l’histoire d’une Emma Bovary des seventies, qui a reproduit lors de son divorce le silence de la génération précédente. » Mais on sait bien que son « égoïste romantique » [3] est « lâche, cynique et obsédé sexuel ».



Il est des périodes dans l'histoire où il vaut mieux avoir la mauvaise idée de vouloir être heureux comme de tomber amoureux. Mais voilà, on ne choisit pas et ce couple qui en principe avait tout être heureux, se rencontre un peu avant le coup de tonnerre de Pearl Harbor.

En 1940, Jerry Salinger est un jeune écrivain âgé de 21 ans qui à New-York fait la connaissance d'une gamine de 15 ans, Oona O’Neill, la fille de celui qu'on considère comme le plus grand dramaturge américain de sa génération. Leur idylle ne commence vraiment que l'été suivant mais la guerre va vite les rattraper, Jerry Salinger part combattre en Europe tandis que la belle Oona O’Neill va tenter de séduire Hollywood.

Bien sûr avec Beigbeder, rien n'est vraiment faux mais rien n'est totalement vrai dans cette histoire d'amour fugace mais trop belle pour n'être qu'une biographie. Cette courte love story qui resta sans doute platonique, trouve son acmé dans la fuite de Salinger, qui en a sans doute eu marre des atermoiements de la jeune demoiselle, vers les terres inhospitalières de l'Europe en guerre. Il préfère la quitter et abandonner la viduité de de la jeunesse dorée new-yorkaise pour aller là où se joue le sort du monde, là où il peut avoir prise sur l'événement.

Jerry Salinger

Frédéric Beigbeder tentera de contacter Jerry Salinger et même d'avoir accès à sa correspondance avec Oona O'Neill, mais rien n'y fera et il devra "inventer" leur contenu.  [4] Il imagine aussi cette scène à la fin de son roman où Salinger, lors d'un réveillon dans une boîte de nuit en 1980, à Verbier en Suisse, s'écroule sur la table d'une femme « très chic aux cheveux poivre et sel attachés en chignon » qui est bien sûr Oona, accompagnée d'un « petit homme qui ressemblait à un bouledogue en veste de velours rouge » qui n'est autre que l'écrivain Truman Capote.

Là aussi, scène trop belle pour être vraie mais si romantique qu'elle semble plus vraie que nature, mélangeant la nostalgie de l'amour perdu et du temps passé avec le mythe de Truman Capote.

99 Francs Le film     Au secours pardon     L'égoïste romantique  

Notes et références
[1] "L'amour ne dure que trois ans", éditions Grasset, janvier 2012, 240 pages
[2] "Un roman français", éditions Grasset, août 2009, 288 pages
[3] "Un égoïste romantique", éditions Grasset, mars 2005, 414 pages
[4] En 2007, Frédéric Beigbeder a réalisé un documentaire avec Jean-Marie Périer sur J.D. Salinger, L’attrape-Salinger. Dans ce documentaire, Beigbeder se met en scène, cherchant à comprendre et à rencontrer J.D. Salinger. Il clôture son documentaire devant le portail de la maison de J.D. Salinger.

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