jeudi 27 novembre 2014

Le roman historique

Un prix pour le roman historique : le grand prix Palatine

 

Depuis 2008, la Banque Palatine en collaboration avec le musée Carnavalet, a mis en place le Grand prix Palatine du roman historique qui récompense chaque année l'ouvrage qui allie à la fois une grande rigueur historique ainsi qu'une excellente qualité romanesque et littéraire, selon un jury composé d'une dizaine de personnalités.

Voici jusqu'à présent, la liste des lauréats couronnés par le jury :
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Bison de Patrick Grainville

Patrick Grainville, grand amateur de peinture, est l'auteur de nombreux textes consacrés à cet art et a déjà publié un roman L'Atelier du peintre [1] où le personnage central est un peintre qui se nomme Le Virginal. (anagramme de Grainville)

Cette fois, c'est le peintre américain George Catlin dont il est question dans ce roman, qui lors d'un voyage en Europe, est venu en France présenter au roi Louis-Philippe ses toiles ainsi que des objets indiens, sous l'œil intéressé de George Sand et de Charles Baudelaire qui saluera la dominante des rouges et des verts dans ses tableaux. Patrick Grainville s'st évertué à reconstituer son séjour chez les Sioux qui le fascinaient particulièrement, surtout les Indiens des Plaines [2] qu'il a largement contribué à faire connaître.

Notes et références
[1] L'Atelier du peintre
a été publié en 1988.Dans un atelier de verre de Los Angeles à Venice, Le Virginal dirige un atelier de peinture constitué d'élèves qui sont des délinquants en réinsertion. Mais au lieu de fresques des rues, il leur impose comme thème de peindre le célèbre tableau de Jan van Eyck, Les époux Arnoldfini. Une compétition féroce oppose les deux camps d'élèves, faite de haines, de jalousies et ponctuée de complots.
[2] Les Indiens des Plaines occupaient les grandes plaines d'Amérique du Nord. Ces tribus possédaient en commun un mode de vie basé sur la chasse au bison (au moins, jusqu'au début des années 1880) et leur lutte contre les blancs leur ont valu d'être le prototype du mauvais Peau-rouge des westerns.


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Le Terroriste noir de Tierno Monénembo

« On fleurit les tombes, on réchauffe le Soldat inconnu, Vous, mes frères obscurs, personne ne vous nomme. » Léopold Sédar Senghor.

Entre fiction et réalité, Le Terroriste noir est basé sur l'histoire vraie, même si elle est restée très longtemps méconnue, d’Addi Bâ. C'est un jeune Guinéen adopté par des français à l’âge de 13 ans, affecté pendant la Seconde Guerre mondiale, dans les tirailleurs sénégalais. Fait prisonnier à la bataille de la Meuse, Addi réussit à s'évader, s'enfuit dans des forêts et fi nit par être recueilli par le maire du village de Romaincourt. Il ne passe pas inaperçu, autant par son type africain que par son style à la fois sérieux et charmeur. Début 1942, il entre en contact avec la Résistance et crée le premier maquis des Vosges. C’est à cette période qu'il est surnommé « le terroriste noir » par les Allemands.

Parcours mystérieux d'un homme qui est ensuite tombé dans l'oubli, n'était le récit d'une jeune fille d'alors chez qui Addi Bâ venait écouter Radio-Londres, prenait ses repas et faisait laver son linge. Le mystère s'épaissit quand on sait qu'Addi Bâ fut trahi, on ne sait par qui, un collabo infiltré, l'une de ses amantes ou une embrouille, conséquence de la haine tenace entre les familles Tergoresse et Rapenne ? Ce  qu'on ne sait que trop en revanche, c'est qu'il n’a reçu la médaille de la Résistance qu’en 2003, 60 ans après son exécution.


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Le roman de Raspoutine de Vladimir Federovitch

 Ce soi-disant roman (si l'on s'en tient à son titre) de l'écrivain russe Vladimir Federovitch est surtout une biographie du mystérieux (et détestable) Raspoutine qui a aussi le mérite (bien historique celui-là) de plonger (ou replonger) le lecteur dan le contexte de l’époque, les dernières années de la Russie tsariste et à son déclin inexorable, à l'inconscience de cette dynastie des Romanov, à cette espèce de mysticisme qui gagne la tsarine et permet à Raspoutine d'exercer sur elle son emprise, à la prise du pouvoir par les bolcheviks, aux tensions, aux alliances politiques qui précipite l'Europe dans la première guerre mondiale.

 C'est sa mort qui va lui permettre d'entrer dans la légende. Au soir du 29 décembre 1916, après avoir avalé une énorme dose de poison capable de tuer un  éléphant, dit-on, n'a pas les effets escomptés le jeune prince de 19 ans Felix Ioussoupov va devoir l'achever à coups de révolver. Malgré tout, cette force de la nature qu'est Raspoutine résiste toujours, il respire encore et on jette dans le fleuve sans doute encore vivant où finalement, il se serait noyé... comme la Russie tsariste allait elle aussi se noyer dans le sang de la guerre mondiale.

 
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Les enfants d'Alexandrie de Françoise Chandernagor
Les tribulations de la dernière des Ptolémés qui ont régné sur l'Egypte.
De ses amours avec César et Marc Antoine, Cléopâtre eut quatre enfants et seule Séléné survécut à sa famille. Elle révélera un caractère bien trempé, apte à relever le défi du destin qui a brisé sa famille. Âgée de dix ans lors de la prise d’Alexandrie, elle vécut en remâchant sa rancœur et son désir de vengeance.

Fançoise Chandernagor a écrit une grande fresque qui embrasse toute cette période de l'apogée de l'Empire romain, sans prendre de libertés avec l'Histoire et en replaçant les personnages historiques dans leur réalité quotidienne. Alexandrie au Ier siècle avant Jésus-Christ est la ville la plus vaste et la plus peuplée qu'on connaisse, une "ville-urbanisme" entre la mer et le désert, bâtie comme une ville moderne en damier avec ses petites maisons blanches à terrasse, dominée par son immense phare, fierté de ses habitants, son jardin botanique...

C'est dans ce cadre magnifique que grandissent es enfants de Marc Antoine et de Cléopâtre avant d'être balayés par le trop réaliste et le trop politique Auguste à qui, bien sûr, de par leur naissance, ils faisaient de l'ombre.

Françoise Chandernagor
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Le Coiffeur de Chateaubriand, l'inspiration d'Adrien Goetz

C'est au musée de Saint-Malo que se trouve le tableau dont il est question ici et qui a inspiré Adrien Goetz Le Coiffeur de Chateaubriand.
Dans cette salle du musé e d'Histoire de Saint-Malo, à côté du fameux portrait d'un Chateaubriand échevelé, peint en 1808 par Girodet, se trouve un tableau fort peu visible et bien moins connu, fixé sous verre qui représente sa chambre natale qui a la particularité d'être constitué de... ses propres cheveux ! C'est son coiffeur Adolphe Pâques (1816-1906) qui a recueilli pieusement les cheveux du vicomte (pendant huit ans, jusqu'à sa mort) avant qu'il ne consacre son temps à cette composition très particulière. A l’œil, le résultat est réussi et on ne s'aperçoit pas tout de suite des éléments retenus par l'artiste-coiffeur, l'ensemble paraissant plutôt relever du pointillisme.

« Finalement, c'est un portrait en creux de Chateaubriand. Tout mon roman est là », précise Adrien Goetz qui aime beaucoup le dénommé Aldophe Pâques, dont il retrace la vie aux côtés de Chateaubriand dans ce court récit qui mélange  mêlant faits historiques à l'époque de la Restauration, gestation des Mémoires d'outre-tombe et liberté de l'écrivain, le tout dans un tourbillon de querelles et d'amours secrètes.

Pour cela, il s'est inspiré de la documentation relative à cet artiste méconnu, que possède le musée Carnavalet, propriétaire du tableau, ainsi que du petit opuscule sur ce sujet qu'avait alors publié Adolphe Pâques à compte d'auteur en 1872. Adrien Goetz dit qu'il a fait de ce personnage « une sorte de Fabrice Luchini du XIXe siècle : à la fois coiffeur et passionné de littérature. » Mais Chateaubriand ne gagnait pas vraiment à être connu et Adolphe Pâques le détesta bien vite, lui reprochant son narcissisme qui le conduira à organiser ses propres obsèques et les mettre en scène sur le rocher du Grand-Bé.


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Les naufragés de l'île Tromelin d'Irène Frain

Cette espèce de Robinson Crusoë collectif serait à l'origine de l'intervention de Condorcet, ému et révolté par ce drame, pour engager le combat pour l'abolition de l'esclavage.

L'histoire se déroule sur un îlot perdu dans l'océan Indien quelque part au large de Madagascar. Balloté entre d'énormes vagues déferlantes et des ouragans, la goélette transportant une cargaison clandestine d'esclaves finit par s'échouer sur cet îlot minuscule et désolé.
Blancs et noirs vont s'allier un temps pour survivre, trouver de l'eau, de la nourriture, de quoi faire du feu... et construire un bateau pour quitter ce lieu. Mais voilà, on ne peut embarquer tout le monde les esclaves restent sur place et malgré la promesse solennelle de venir les chercher. Quinze ans plus tard, on retrouvera seulement huit survivants : sept femmes et un bébé.

Irène Frain est allée sur cet îlot et ce qui l'a frappée dit-elle, c'est l'absence de « végétation, à part les veloutiers, et vous êtes toujours plus grand que tout à Tromelin. Pour le reste, c'est un désert de pierres très âpre, de corail, le sable il est blanc éblouissant, certes, mais c'est grenu. Et vous avez l'impression d'une force supérieure qui vous maudit.» Si les Blancs vont restés une soixantaine de jours, le temps de construire un nouveau bateau, les Noirs vont y rester quinze ans. Irène Frain fait un parallèle avec la situation actuelle de ces 'boats peaple' qui fuit vers l'Italie où on leur a promis l'asile, alors qu'ils se retrouvent parqués dans des camps en Libye. Son but avec ce livre est aussi de laisser des traces, d'avoir aussi, à côté de l'aspect littéraire, une vocation pédagogique.

 
<< Christian Broussas – RH - Feyzin, 27 novembre 2014 - << © • cjb • © >>

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