samedi 7 mars 2015

Antoine Rault Le diable rouge

Une leçon d’administration publique … Éloquent !

Référence : Antoine Rault, "Le diable rouge", pièce de théâtre, 2008

La pièce d'Antoine Rault relate les derniers mois de la vie du cardinal Mazarin, principal ministre du jeune roi Louis XIV qui se meurt en cette année 1661. Assisté de Bernouin, son fidèle premier valet, le cardinal souhaite achever son œuvre en signant la paix avec l'Espagne, contre qui la France est en guerre depuis trente ans et qui a épuisé les finances du royaume. La reine-mère Anne d'Autriche tente de convaincre Louis XIV d'épouser l'infante d'Espagne, afin de mettre un terme à la guerre, malgré sa passion pour Marie Mancini l'une des nièces de Mazarin. Colbert pense surtout à préparer son accession à la surintendance des finances après la mort du cardinal.

Extrait : Dialogue (fictif) entre Colbert et Mazarin

> Colbert :
« Pour trouver de l'argent, il arrive un moment ou tripoter ne suffit plus.
J'aimerais que Monsieur le Surintendant m'explique comment on s'y prend pour dépenser encore quand on est déjà endetté jusqu'au cou… »

> Mazarin : 
« Quand on est un simple mortel, bien sûr, et qu'on est couvert de dettes, on va en prison.
Mais l'État, lui, c'est différent.
On ne peut pas jeter l'État en prison.
Alors, il continue, il creuse la dette ! Tous les États font ça.» 












>
Colbert
:
« Ah oui ? Vous croyez ? Cependant, il nous faut de l'argent.
Et comment en trouver quand on a déjà créé tous les impôts imaginables ?»
 > Mazarin :
« On en crée d'autres. »
> Colbert :
« Nous ne pouvons pas taxer les pauvres plus qu'ils ne le sont déjà. »











> Mazarin :
« Oui, c’est vrai, c'est impossible ! »
> Colbert :
« Alors, les riches ? »
> Mazarin :
« Les riches, non plus. Ils ne dépenseraient plus.
Un riche qui dépense fait vivre des centaines de pauvres ! »
> Colbert :
« Mais alors, comment fait-on ? »

> Mazarin :
« Colbert, tu raisonnes comme un fromage
(ou comme un pot de chambre sous le derrière d'un malade) !
Il y a quantité de gens qui sont entre les deux, ni pauvres, ni riches…
Des Français qui travaillent, rêvant d'être riches et redoutant d'être pauvres !
C'est ceux-là que nous devons taxer, encore plus, toujours plus !
Ceux-là… plus tu leur prends, plus ils travaillent pour compenser;
c'est un réservoir inépuisable. »











Le Diable rouge (2008-2010) au théâtre Montparnasse, avec Claude Rich (Mazarin), Geneviève Casile puis Béarice Agenin (Anne d'Autriche), Alexandra Ansidei (Marie Mancini), Adrien Melin (Louis XIV), Bernard Malaka (Colbert), Denis Berner (Bernouin), mise en scène de Christophe Lidon, édité aux éditions Quatre-vents.

Christian Broussas - Rault - Carnon 7 mars 2015 - © • cjb • ©

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