La banque fédérale américaine relève ses taux directeurs après dix ans de baisse ou de statu quo ; ce
qui pourrait signifier qu’elle considère que la crise commencée en 2008
s’éloigne des États-Unis, ce qui n’est d’ailleurs pas forcément gage de
stabilité économique au plan mondial.
Politique de la FED
Pour la première fois depuis une dizaine d’années, la banque fédérale américaine (Fed) relève son taux directeur situé entre 0 et 0,25%. Sa volonté de rendre jusqu’à présent le coût de l’argent quasiment nul permettait de favoriser aussi bien l'investissement que la consommation pour viser le plein emploi et une inflation minimale.
Depuis, les choses ont évolué (dans la bonne direction) permettant de penser que ces objectifs ont été largement atteints : chômage de 5% et croissance de 2% en 2015. La crise, du moins aux États-Unis, serait-elle en passe d’être jugulée ? La réponse est encore timide puisque avec un taux d’inflation faible de quelque 1%, la fourchette de taux s’établit entre 0,25% et 0,50%. D’après des prévisions bancaires à long terme, on serait plutôt dans la configuration de l’après crise de 1929.
Ce qui est plutôt rassurant.
Les taux en question
Plutôt timide la Fed, qui semble encore circonspecte sur le taux à atteindre mais qui ne rejoindra sûrement pas les niveaux antérieurs à la crise. Inflexion encore en discussion car même la présidente de la Fed Janet Yellen n’estime pas nécessaire de mettre en cause sa politique actuelle de taux bas.
En tout cas, la politique des « petits pas » va continuer avec des augmentations successives de 0,25% pour atteindre un taux directeur de la Fed qui devrait évoluer vers les 1,35% fin 2016 estime un dirigeant de l’Union bancaire privée. Passer la barre de 1% n’est pas seulement psychologique mais génère aussi des contraintes monétaires qui auront des répercussions sur la croissance en général mais comporte aussi l’intérêt de dissuader certaines opérations spéculatives.
Siège de la FED
Quelles conséquences prévisibles pour la zone euro
Dans la perspective d’une augmentation du taux directeur de la Fed, on s’oriente immanquablement vers une divergence avec la politique monétaire de la zone euro dont la Banque centrale européenne (BCE) défend des taux très bas pour aider la croissance à redémarrer. Cette politique d’argent bon marché entraîne une dévalorisation de l’euro par rapport au dollar, effet renforcé par cette divergence de politique monétaire entre les États-Unis et l’Union européenne induisant une pression à la hausse sur le dollar sans que la BCE soit obligée d’intervenir.
Pain béni pour l’Union européen puisque dans cette optique, les exportations européennes seraient facilitées, devenant moins chères par rapport à celles de la zone dollar.
Bonne chose pour l’Europe… et naturellement pour la France !
Affaire à suivre (de près).
Ceci dit, cette situation signifie d’abord que la coordination monétaire internationale se porte plutôt mal. La plupart des grands pays ont leur propre stratégie et les banques centrales sont obligées d’assurer une gestion à court terme. Et il n’est pas dit que la BCE puisse résister longtemps à la puissance de la FED même si son président s’est engagé à continuer la même politique. (au moins jusqu’en mars 2017)
Conséquences prévisibles pour les pays émergents
Déjà en septembre 2015, la FED avait différé la baisse de ses taux de peur que la situation internationale et la crise boursière chinoise n’impactent durablement les économies des pays émergents dont les entreprises, très souvent endettée en dollar, peineraient à rembourser leurs dettes.
Finalement, ils en retireraient plus d’inconvénients que d’avantages.
En tout état de cause, la politique de la FED va encore peser lourd sur les décisions économiques de tous les pays qui attendent avec impatience qu’elle donne des signaux clairs sur l’inflexion de sa politique monétaire.
Notes et références
* Qu'est-ce que la FED ?
* Le "Quantitative Easing" des banques centrales
Voir aussi mes articles :
* A propos de l'économie... et des économistes --
* Big brother piégé à son tour -- Routes de la soie & mondialisation --
<<< Christian Broussas – La FED, 19 décembre 2015 - << © • cjb • © >>>
Politique de la FED
Pour la première fois depuis une dizaine d’années, la banque fédérale américaine (Fed) relève son taux directeur situé entre 0 et 0,25%. Sa volonté de rendre jusqu’à présent le coût de l’argent quasiment nul permettait de favoriser aussi bien l'investissement que la consommation pour viser le plein emploi et une inflation minimale.
Depuis, les choses ont évolué (dans la bonne direction) permettant de penser que ces objectifs ont été largement atteints : chômage de 5% et croissance de 2% en 2015. La crise, du moins aux États-Unis, serait-elle en passe d’être jugulée ? La réponse est encore timide puisque avec un taux d’inflation faible de quelque 1%, la fourchette de taux s’établit entre 0,25% et 0,50%. D’après des prévisions bancaires à long terme, on serait plutôt dans la configuration de l’après crise de 1929.
Ce qui est plutôt rassurant.
Les taux en question
Plutôt timide la Fed, qui semble encore circonspecte sur le taux à atteindre mais qui ne rejoindra sûrement pas les niveaux antérieurs à la crise. Inflexion encore en discussion car même la présidente de la Fed Janet Yellen n’estime pas nécessaire de mettre en cause sa politique actuelle de taux bas.
En tout cas, la politique des « petits pas » va continuer avec des augmentations successives de 0,25% pour atteindre un taux directeur de la Fed qui devrait évoluer vers les 1,35% fin 2016 estime un dirigeant de l’Union bancaire privée. Passer la barre de 1% n’est pas seulement psychologique mais génère aussi des contraintes monétaires qui auront des répercussions sur la croissance en général mais comporte aussi l’intérêt de dissuader certaines opérations spéculatives.
Siège de la FED
Quelles conséquences prévisibles pour la zone euro
Dans la perspective d’une augmentation du taux directeur de la Fed, on s’oriente immanquablement vers une divergence avec la politique monétaire de la zone euro dont la Banque centrale européenne (BCE) défend des taux très bas pour aider la croissance à redémarrer. Cette politique d’argent bon marché entraîne une dévalorisation de l’euro par rapport au dollar, effet renforcé par cette divergence de politique monétaire entre les États-Unis et l’Union européenne induisant une pression à la hausse sur le dollar sans que la BCE soit obligée d’intervenir.
Pain béni pour l’Union européen puisque dans cette optique, les exportations européennes seraient facilitées, devenant moins chères par rapport à celles de la zone dollar.
Bonne chose pour l’Europe… et naturellement pour la France !
Affaire à suivre (de près).
Ceci dit, cette situation signifie d’abord que la coordination monétaire internationale se porte plutôt mal. La plupart des grands pays ont leur propre stratégie et les banques centrales sont obligées d’assurer une gestion à court terme. Et il n’est pas dit que la BCE puisse résister longtemps à la puissance de la FED même si son président s’est engagé à continuer la même politique. (au moins jusqu’en mars 2017)
Conséquences prévisibles pour les pays émergents
Autre conséquence, les pays "émergents"
comme on dit, risquent d’en être fragilisés. Si de façon mécanique
leurs exportations peuvent en être améliorées, la perte de confiance
risque d’entraîner une fuite des capitaux et une capacité
d’investissement amoindrie.
Déjà en septembre 2015, la FED avait différé la baisse de ses taux de peur que la situation internationale et la crise boursière chinoise n’impactent durablement les économies des pays émergents dont les entreprises, très souvent endettée en dollar, peineraient à rembourser leurs dettes.
Finalement, ils en retireraient plus d’inconvénients que d’avantages.
En tout état de cause, la politique de la FED va encore peser lourd sur les décisions économiques de tous les pays qui attendent avec impatience qu’elle donne des signaux clairs sur l’inflexion de sa politique monétaire.
Notes et références
* Qu'est-ce que la FED ?
* Le "Quantitative Easing" des banques centrales
Voir aussi mes articles :
* A propos de l'économie... et des économistes --
* Big brother piégé à son tour -- Routes de la soie & mondialisation --
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