Référence : Érik Orsenna, "L'origine de nos amours", éditions Stock, 288 pages, mars 2016
« J'avais envie de raconter cette relation particulière avec mon père. » Érik Orsenna
Dialogue à distance entre un père et son fils, fascinés par les femmes, aimant la vie, les histoires et les légendes. [1]
Figurez-vous qu’ils ont divorcé la même semaine, pour un peu ils auraient pris un avocat commun, le fils de sa première femme et le père de la mère du fils. Le divorce, ça incite à parler d’amour, ce qu’ils ne vont cesser de faire. Au centre de la discussion, cette question obsédante d’une vie qui serait réussie sans leurs fiascos amoureux.
Seraient-ils porteurs, se demandent-ils avec inquiétude, d’un gène propre à leur famille installée à Cuba pour un bon siècle, l’île en quelque sorte berceau de la famille. Ils se rejoignent tous les deux dans ces moments de questionnement sur leur devenir, le sens à donner à leur vie. Le père poussa même le tact jusqu’à disparaître le lendemain du mariage de son fils pour éviter que cette fatalité familiale ne s’abattît de nouveau sur son fils. [2]
Ils finirent par remonter jusqu’à cet aïeul Augustin, tailleur de profession, pianiste à ses heures, attiré par l’exotisme et les femmes de Cuba. Ce serait donc lui, il y a quelque cent cinquante ans, qui serait à l’origine de la malédiction familiale touchant les hommes, son existence extrêmement romanesque.
Lui préfère l’île de Bréhat où il aime aller se ressourcer quand il en éprouve le besoin : « Je suis parti seul me refaire une santé dans notre île de Bréhat. Pour retrouver des forces, rien ne vaut la proximité de la mer. Peut-être parce que toute vie vient d'elle. Il doit nous rester une très lointaine mémoire de cette énergie première. »
Érik Orsenna estime qu’il a eu la chance d'être né dans une famille qui lui a fait découvrir l'amour des mots. Ce qui constitue un privilège. Selon lui, il faudrait dire à tout les parents « qu'il y a plus de possibles qu'ils ne le croient dans la vie. En matière d’éducation, les hommes politiques ont pourtant les coudes franches, « ils ont un pouvoir, mais ils ne vont pas au bout », se plaignant que trop d’enfants maîtrisent mal la langue française, encore aujourd’hui.
« Les mots permettent de se défendre, de s’émerveiller. » (interview à France 2)
Mais au fait, notre charmant écrivain ne serait-il pas porteur d'un "chromosome narratif" qui guide la main qui court sur la feuille blanche ?
Ainsi commence sa narration : « Un jour, je me suis remarié. Le lendemain, mon père quittait son domicile. Entre les deux événements, personne dans la famille n’a fait le lien. Et pourtant, mon frère est psychiatre. J’avais ma petite idée mais j’ai préféré la garder pour moi. Mon père, je le connaissais mieux que personne. Pour une raison toute simple : nous avions divorcé ensemble. Lui de ma mère, moi de ma première femme. Lui le lundi, moi le mercredi, de la même fin juin 1975. Et rien ne rapproche plus qu’un divorce en commun. »
Ainsi se poursuit le long dialogue pudique entre un père et son fils, émerveillés par les femmes, gourmands de la vie, passionnés par les histoires et les légendes. « Cet été là, nous avons commencé à parler d’amour, mon père et moi. Nous n’avons plus cessé. » Même son frère psychanalyste est hors circuit, trop impliqué sans doute… ou le nez dans le guidon comme Fabrice del Dongo à Waterloo.
Après les premières phrases, tout s’est enchaîné avec fluidité. [2] Il estime qu’il n’existe pas d’amour sans imagination, et de citer Paul Valéry affirmant « que serions-nous sans le secours de ce qui n’existe pas. » Le vécu plongeant d’abord dans l’imaginaire, pense Érik Orsenna , « enjoliver la vie, s’est s’enjoliver soi-même… car si l’écrivain est là pour prêter sa voix aux autres, ceux qui ne savent pas ou qui ne peuvent plus. » Comme son père disparu depuis.
Critiques et commentaires
* « Érik Orsenna publie l'un de ses livres les plus personnels. » RTL
* « Pourquoi certains d’entre nous réussissent-ils leurs amours et d’autres pas ? Cette question est au cœur du nouveau roman d’Erik Orsenna de l'Académie Française.Un livre ensorcelant qui mêle la magie de la Bretagne et de Cuba. » France Info
* « Érik Orsenna a le gène des amours impossibles. » La grande librairie
Notes et références
[1] Ce roman est né d’un dialogue très personnel entre Érik Orsenna et son père décédé il y a 3 ans, avec qui il a eu une relation particulière et tardive autour du thème de l'amour.
[2] Interview sur RTL par Yves Calvi (voir RTL Calvi) – Voir aussi son Interview dans l’émission La grande librairie -
Mes fiches sur Éric Orsenna
* Erik Orsenna et son oeuvre : article de synthèse comprenant L'exposition coloniale, L'entreprise des Indes, Voyage au pays du coton et Sur la route du papier
* Madame Bâ -- Mali ô Mali --
* L'avenir de l'eau , Princesse Histamine, La fabrique des mots
* Sur la route du papier -- Les chevaliers du subjonctif --
* L'origine de nos amours --
< • Christian Broussas – Orsenna 2016 - 28/03/2016 -© • cjb • © >
« J'avais envie de raconter cette relation particulière avec mon père. » Érik Orsenna
Dialogue à distance entre un père et son fils, fascinés par les femmes, aimant la vie, les histoires et les légendes. [1]
Figurez-vous qu’ils ont divorcé la même semaine, pour un peu ils auraient pris un avocat commun, le fils de sa première femme et le père de la mère du fils. Le divorce, ça incite à parler d’amour, ce qu’ils ne vont cesser de faire. Au centre de la discussion, cette question obsédante d’une vie qui serait réussie sans leurs fiascos amoureux.
Seraient-ils porteurs, se demandent-ils avec inquiétude, d’un gène propre à leur famille installée à Cuba pour un bon siècle, l’île en quelque sorte berceau de la famille. Ils se rejoignent tous les deux dans ces moments de questionnement sur leur devenir, le sens à donner à leur vie. Le père poussa même le tact jusqu’à disparaître le lendemain du mariage de son fils pour éviter que cette fatalité familiale ne s’abattît de nouveau sur son fils. [2]
Ils finirent par remonter jusqu’à cet aïeul Augustin, tailleur de profession, pianiste à ses heures, attiré par l’exotisme et les femmes de Cuba. Ce serait donc lui, il y a quelque cent cinquante ans, qui serait à l’origine de la malédiction familiale touchant les hommes, son existence extrêmement romanesque.
Lui préfère l’île de Bréhat où il aime aller se ressourcer quand il en éprouve le besoin : « Je suis parti seul me refaire une santé dans notre île de Bréhat. Pour retrouver des forces, rien ne vaut la proximité de la mer. Peut-être parce que toute vie vient d'elle. Il doit nous rester une très lointaine mémoire de cette énergie première. »
Érik Orsenna estime qu’il a eu la chance d'être né dans une famille qui lui a fait découvrir l'amour des mots. Ce qui constitue un privilège. Selon lui, il faudrait dire à tout les parents « qu'il y a plus de possibles qu'ils ne le croient dans la vie. En matière d’éducation, les hommes politiques ont pourtant les coudes franches, « ils ont un pouvoir, mais ils ne vont pas au bout », se plaignant que trop d’enfants maîtrisent mal la langue française, encore aujourd’hui.
« Les mots permettent de se défendre, de s’émerveiller. » (interview à France 2)
Mais au fait, notre charmant écrivain ne serait-il pas porteur d'un "chromosome narratif" qui guide la main qui court sur la feuille blanche ?
Ainsi commence sa narration : « Un jour, je me suis remarié. Le lendemain, mon père quittait son domicile. Entre les deux événements, personne dans la famille n’a fait le lien. Et pourtant, mon frère est psychiatre. J’avais ma petite idée mais j’ai préféré la garder pour moi. Mon père, je le connaissais mieux que personne. Pour une raison toute simple : nous avions divorcé ensemble. Lui de ma mère, moi de ma première femme. Lui le lundi, moi le mercredi, de la même fin juin 1975. Et rien ne rapproche plus qu’un divorce en commun. »
Ainsi se poursuit le long dialogue pudique entre un père et son fils, émerveillés par les femmes, gourmands de la vie, passionnés par les histoires et les légendes. « Cet été là, nous avons commencé à parler d’amour, mon père et moi. Nous n’avons plus cessé. » Même son frère psychanalyste est hors circuit, trop impliqué sans doute… ou le nez dans le guidon comme Fabrice del Dongo à Waterloo.
Après les premières phrases, tout s’est enchaîné avec fluidité. [2] Il estime qu’il n’existe pas d’amour sans imagination, et de citer Paul Valéry affirmant « que serions-nous sans le secours de ce qui n’existe pas. » Le vécu plongeant d’abord dans l’imaginaire, pense Érik Orsenna , « enjoliver la vie, s’est s’enjoliver soi-même… car si l’écrivain est là pour prêter sa voix aux autres, ceux qui ne savent pas ou qui ne peuvent plus. » Comme son père disparu depuis.
Critiques et commentaires
* « Érik Orsenna publie l'un de ses livres les plus personnels. » RTL
* « Pourquoi certains d’entre nous réussissent-ils leurs amours et d’autres pas ? Cette question est au cœur du nouveau roman d’Erik Orsenna de l'Académie Française.Un livre ensorcelant qui mêle la magie de la Bretagne et de Cuba. » France Info
* « Érik Orsenna a le gène des amours impossibles. » La grande librairie
Notes et références
[1] Ce roman est né d’un dialogue très personnel entre Érik Orsenna et son père décédé il y a 3 ans, avec qui il a eu une relation particulière et tardive autour du thème de l'amour.
[2] Interview sur RTL par Yves Calvi (voir RTL Calvi) – Voir aussi son Interview dans l’émission La grande librairie -
Mes fiches sur Éric Orsenna
* Erik Orsenna et son oeuvre : article de synthèse comprenant L'exposition coloniale, L'entreprise des Indes, Voyage au pays du coton et Sur la route du papier
* Madame Bâ -- Mali ô Mali --
* L'avenir de l'eau , Princesse Histamine, La fabrique des mots
* Sur la route du papier -- Les chevaliers du subjonctif --
* L'origine de nos amours --
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