Référence : Fabrice Luchini, « Comédie française, ça a commencé comme ça », éditions Flammarion, 243 pages, mars 2016
« Le répertoire m’a métamorphosé. »
Fabrice Luchini, ô la belle histoire ! C’est un peu comme ces cancres qui réussissent en tapant dans un ballon ou en poussant la chansonnette… la réussite par le sport… ou par la pub style Guy Degrenne… Self made man à l’américaine avec une petite pointe franchouillarde.
Et Fabrice Luchini d'en profiter pour donner un coup de griffe aux marxistes, « Pour eux, quand tu viens d'un milieu modeste tu es niqué. C'est pas vrai du tout. C'est le pays de Beaumarchais, un pays d'immense liberté, un pays de folie de définitions et de formules... »
En 1992 En 2010 En 2013
Jean-Dominique Brierre écrivait déjà en 2007 dans sa biographie de Fabrice Luchini, [1] « la vie de Fabrice Luchini est un roman. Et un mystère. Comment ce petit Montmartrois, fils d'un immigré italien marchand de quatre-saisons, est-il devenu ce comédien chéri des médias qui remplit les théâtres en incarnant les plus beaux textes de la littérature française ? »
Fabrice Luchini est issu d'une famille d'immigrés italiens, marchands de fruits et légumes, d’un père italien installé d’abord en Lorraine dans la région minière et d’une mère française née à Paris. « Je suis d'un milieu très modeste, donc pas progressiste... » dit-il. Il commence dans la vie « au bas de l’échelle » comme apprenti coiffeur, mais quand même pas n’importe où… dans un salon chic de l’avenue Matignon, chez le célèbre coiffeur Alexandre.
Choc des milieux pour le jeune homme qui découvre les "beaux quartiers".
Théâtre Antoine, "Une heure de tranquillité", 2013
La chance de ce dévoreur de bouquins vient aussi de deux rencontres qui vont compter dans sa marche difficile vers le succès : Philippe Labro d’abord qui le remarque alors qu’il joue l’animateur à Angoulême puis Éric Rohmer qui plusieurs fois lui offrira un rôle dans ses films. (Le Genou de Claire en 1970…) [2]
Des débuts difficiles ? C’est peu dire. Il doit subir rebuffades et critiques drastiques : « Dommage que Perceval soit interprété par ce "niguedeau" » s’exclame Toscan du Plantier. « Vous ne ferez jamais ce métier, vous êtes ingrat vous avez un physique pas sexué...vous ferez peut-être du théâtre mais pas de cinéma... » lui dit un autre. « Ça m'a déprimé. »
Malgré son métier, malgré les nombreuses rencontres avec des personnes qu’il n’aurait jamais pensé rencontrer comme l’écrivain Marc Fumaroli, le philosophe Roland Barthes ou être invité à l’Élysée pour un déjeuner avec le Président de la république.
Luchini lit La Fontaine Luchini lit Flaubert
Quelle extraordinaire surprise pour ce garçon né dans le quartier de la Goutte d'Or que de visiter l’Académie française ou que le Figaro Magazine lui consacre un article de 11 pages. Malgré ça, il peut se sentir parfois très seul : « J'aurais adoré être en groupe... J'ai pas d'amis, je suis seul. C'est périlleux les amis, c'est compliqué », ce qui l’incite à se référer à cette citation de Nietzsche « Que le prochain est compliqué à digérer ! »
D’ailleurs s'il a la manie d’émailler son discours de citations, ce serait par pure modestie car « pourquoi paraphraser ce qui a été magnifiquement formulé par de grands écrivains ? » Oui, au fait, pourquoi ?
Dans son livre, il ne fait pas vraiment sa promo, jetant un regard lucide sur son parcours et son état d’esprit, écrivant. « J'ai pas pensé que j'allais changer l'ordre des choses. C'est en cela que je ne suis pas progressiste...(je suis) un peu bas de gamme, un peu mesquin, un peu pessimiste et pas enthousiaste à l'idée du lendemain qui chante. »
Notes et références
[1] Voir Jean-Dominique Brierre, "Le mystère Luchini", éditions Plon, 2007
[2] Les autres films de Rohmer avec Fabrice Luchini : Perceval le gallois, La femme de l’aviateur, Les nuits de pleine lune, L’arbre, 4 aventures de Reinette et Mirabelle, L’arbre, le maire et la médiathèque)
Repères bibliographiques
* Fabrice Luchini, "Le point sur Robert", DVD
Dans cette vidéo, Fabrice Luchini nous fait (ré)entendre de grands auteurs comme Valéry, Barthes et Molière, avec son enthousiasme légendaire.
* Robert Belleret, Fabrice Luchini L'Incandescent, in Portraits sur le vif, Le Monde, juin 2005
< • Christian Broussas – Luchini - 23 mars 2016 -© • cjb • © >
« Le répertoire m’a métamorphosé. »Fabrice Luchini, ô la belle histoire ! C’est un peu comme ces cancres qui réussissent en tapant dans un ballon ou en poussant la chansonnette… la réussite par le sport… ou par la pub style Guy Degrenne… Self made man à l’américaine avec une petite pointe franchouillarde.
Et Fabrice Luchini d'en profiter pour donner un coup de griffe aux marxistes, « Pour eux, quand tu viens d'un milieu modeste tu es niqué. C'est pas vrai du tout. C'est le pays de Beaumarchais, un pays d'immense liberté, un pays de folie de définitions et de formules... »
En 1992 En 2010 En 2013
Jean-Dominique Brierre écrivait déjà en 2007 dans sa biographie de Fabrice Luchini, [1] « la vie de Fabrice Luchini est un roman. Et un mystère. Comment ce petit Montmartrois, fils d'un immigré italien marchand de quatre-saisons, est-il devenu ce comédien chéri des médias qui remplit les théâtres en incarnant les plus beaux textes de la littérature française ? »
Fabrice Luchini est issu d'une famille d'immigrés italiens, marchands de fruits et légumes, d’un père italien installé d’abord en Lorraine dans la région minière et d’une mère française née à Paris. « Je suis d'un milieu très modeste, donc pas progressiste... » dit-il. Il commence dans la vie « au bas de l’échelle » comme apprenti coiffeur, mais quand même pas n’importe où… dans un salon chic de l’avenue Matignon, chez le célèbre coiffeur Alexandre.
Choc des milieux pour le jeune homme qui découvre les "beaux quartiers".
Théâtre Antoine, "Une heure de tranquillité", 2013
La chance de ce dévoreur de bouquins vient aussi de deux rencontres qui vont compter dans sa marche difficile vers le succès : Philippe Labro d’abord qui le remarque alors qu’il joue l’animateur à Angoulême puis Éric Rohmer qui plusieurs fois lui offrira un rôle dans ses films. (Le Genou de Claire en 1970…) [2]
Des débuts difficiles ? C’est peu dire. Il doit subir rebuffades et critiques drastiques : « Dommage que Perceval soit interprété par ce "niguedeau" » s’exclame Toscan du Plantier. « Vous ne ferez jamais ce métier, vous êtes ingrat vous avez un physique pas sexué...vous ferez peut-être du théâtre mais pas de cinéma... » lui dit un autre. « Ça m'a déprimé. »
Malgré son métier, malgré les nombreuses rencontres avec des personnes qu’il n’aurait jamais pensé rencontrer comme l’écrivain Marc Fumaroli, le philosophe Roland Barthes ou être invité à l’Élysée pour un déjeuner avec le Président de la république.
Luchini lit La Fontaine Luchini lit Flaubert
Quelle extraordinaire surprise pour ce garçon né dans le quartier de la Goutte d'Or que de visiter l’Académie française ou que le Figaro Magazine lui consacre un article de 11 pages. Malgré ça, il peut se sentir parfois très seul : « J'aurais adoré être en groupe... J'ai pas d'amis, je suis seul. C'est périlleux les amis, c'est compliqué », ce qui l’incite à se référer à cette citation de Nietzsche « Que le prochain est compliqué à digérer ! »
D’ailleurs s'il a la manie d’émailler son discours de citations, ce serait par pure modestie car « pourquoi paraphraser ce qui a été magnifiquement formulé par de grands écrivains ? » Oui, au fait, pourquoi ?
Dans son livre, il ne fait pas vraiment sa promo, jetant un regard lucide sur son parcours et son état d’esprit, écrivant. « J'ai pas pensé que j'allais changer l'ordre des choses. C'est en cela que je ne suis pas progressiste...(je suis) un peu bas de gamme, un peu mesquin, un peu pessimiste et pas enthousiaste à l'idée du lendemain qui chante. »
Notes et références
[1] Voir Jean-Dominique Brierre, "Le mystère Luchini", éditions Plon, 2007
[2] Les autres films de Rohmer avec Fabrice Luchini : Perceval le gallois, La femme de l’aviateur, Les nuits de pleine lune, L’arbre, 4 aventures de Reinette et Mirabelle, L’arbre, le maire et la médiathèque)
Repères bibliographiques
* Fabrice Luchini, "Le point sur Robert", DVD
Dans cette vidéo, Fabrice Luchini nous fait (ré)entendre de grands auteurs comme Valéry, Barthes et Molière, avec son enthousiasme légendaire.
* Robert Belleret, Fabrice Luchini L'Incandescent, in Portraits sur le vif, Le Monde, juin 2005
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