Quelques points de repère sur le volet économique du programme du Front National

Les points clés du programme du FN
Quatre points essentiels impactent leur programme économique :
La sortie de l’euro, le niveau de la dette, le socio-économique et l’agriculture.


    « Economiquement nuls » selon le magazine Challenges

« Marine Le Pen, coincée entre Florian Philippot adepte du "social-populisme" et Louis Aliot, chantre du "libéral-protectionnisme" »
selon Europe 1


1- La sortie de l’euro
C'est la clé de voûte du programme économique du Front national, c’est le retour au franc, sur la base d'un euro égale un franc. Donc, un franc fort en apparence, une valeur record du franc vite démentie par le recours (quasi obligatoire) à la dévaluation, qui serait selon le FN de l’ordre de 20%.
Un retour également aux mécanismes (dangereux) de la dévaluation et de ses effets secondaires indésirables.


Alors, une bonne affaire ? Apparemment oui, mais  cette mesure pourrait relancer « l’inflation importée », touchant les produits de base et les carburants en particulier et la spéculation sur les changes. La dette pourrait grimper comme aussi les taux d'intérêt des emprunts français et ce retrait français risquerait de provoquer un temps d’incertitude générateur de récession. Selon les projections de banques privées, cette fausse bonne solution pourrait coûter à la France plusieurs milliards d’euros. 

2- Résorber la dette
Le FN compte sur la sortie de l’euro, ce qui on vient de le voir, est fortement aléatoire, pour dégager des ressources budgétaires, ainsi que sur la lutte contre l’immigration qui rapporterait, on ne sait comment, 40 milliards d’économie, selon son chiffrage.

La seule solution pour tenter d’éponger la dette à court terme serait d’engager une politique de resserrement des comptes publics et de parvenir à restructurer la dette, solution qui n'a rien d'original et qui vient en contradiction avec le discours consensuel du FN. La nouvelle indépendance de la Banque de France risquerait  de relancer une inflation record (par le recours classique à la "planche à billets") qui reposerait (comme toujours dans ce cas) sur les plus défavorisés.

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3- Le social et l’économique
Dans ce vaste domaine, on chercherait désespérément une cohérence dans les propositions du FN. Il ferait plutôt le grand écart entre l'économique et le social. En matière économique, il reprend beaucoup des mesures de la droite classique alors qu’en matière sociale, il reprend plutôt des mesures de gauche.
Par exemple, d'un côté il s'en prend aux syndicats en voulant remettre en cause leur représentativité et d'un autre côté il propose de revenir à la retraite à 60 ans.


Autre exemple : son programme prévoit une nationalisation partielle des banques de dépôt « aussi longtemps que nécessaire pour assainir les pratiques bancaires et sécuriser l’épargne des Français », le retour aux prérogatives monétaires de la Banque de France y compris « consentir des avances au Trésor » et même en cas de maintien de l'euro, une « taxation des actifs extérieurs libellés en euros détenus par les banques » pour pouvoir financer le coût de la dette.

Un grand écart idéologique doublé d'une ineptie politique, reposant sur une
litanie de mesures anciennes comme réindustrialiser la France, encadrer les prix des produits de base et de l’énergie ou des serpents de mer comme réformer la formation professionnelle ou supprimer des niches fiscales.

   Maël de Calan "La vérité sur le programme du FN"

4- Économie et agriculture
Dans la logique de la sortie de l’euro, le programme du Front national précise que  « La France devra en venir durablement à une politique agricole nationale ». Donc plus de Politique agricole commune avec ses dix milliards de subventions agricoles.

Même si d’un point de vue comptable, le budget de l’État peut soutenir massivement l’agriculture, cette réforme implique aussi une déstabilisation des marchés agricoles et des mesures protectionnistes (liées à la sortie de l’Europe) en contradiction avec les règles de l’OMC, l’Organisation mondiale du commerce.
Pas de demi-mesures. Cette fois, ça fait vraiment beaucoup : Après avoir quitté l’Europe, on quitte aussi l’OMC !

Dans ce cadre, le FN prévoit aussi « la stabilisation des prix des matières premières agricole », autrement dit espère faire ce que personne n’a réussi à faire depuis des décennies dans un marché mondial mouvant où le prix de tel ou tel produit peut chuter du jour au lendemain. Les prix mondiaux sont soumis à la loi de l'offre et de la demande, et sont donc fortement volatiles... et ce n'est pas le FN qui va changer la règle du jeu !
 

Quel renouveau pour le FN ?
Le FN voudrait bien imposer l’idée d’un renouveau du parti depuis le retrait du patriarche, d'une stratégie de rupture par rapport aux pratiques précédentes, pouvoir présenter un parti « plus moderne» et bien «dans son époque ». Malheureusement pour lui, il n’en est rien et il a conservé beaucoup de propositions dépassées ou même qui fleurent bon des remugles xénophobes.  

On y retrouve la chère  « priorité nationale » devenue  «préférence nationale », un nouvel habillage qui ne change rien au contenu qui se décline dans des domaines aussi divers que la politique familiale, la santé ou le pouvoir d'achat. C’est dans le sociétal qu’on trouve le plus de mesures réactionnaires, c’est-à-dire revenant sur des acquis comme rétablir la peine de mort, dérembourser l’IVG, en revenir à une politique de « la femme au foyer » et à la famille traditionnelle avec ses relents de pétainisme, ou revenir sur la loi du « mariage pour tous ».

Comme le mentionnait le magazine L'Express, « l'économie est le point faible du Front National, le domaine par excellence où ses idées sont à la fois caricaturales et contradictoires. »


Marine Le Pen à Hénin-Beaumont


Voir aussi
*
L’opulence immobilière de Marine Le Pen épinglée par Le Canard enchaîné -- * Mes articles Le FN et les "panama papers" -- Le FN : discours et réalité --

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