« Là où naît l'ordre, naît le bien-être. »
Les choix de Le Corbusier en architecture sont ceux qui définissent le purisme, basé sur la simplicité des formes, l’organisation générale et la rigueur de conception.
Cette vision est teintée d’une certaine utopie, la notion de bonheur étant intégrée dès l’origine dans ses réflexions sur l'urbanisme et ses fonctions.
Son "langage" architectural se veut global puisqu’il s'applique aussi bien au logement économique qu'à la villa de luxe.
En 1927, un an avant de recevoir la commande de la villa Savoye, Le Corbusier théorise les acquis stylistiques du Mouvement moderne en définissant cinq principes fondamentaux marquant "les cinq points d'une architecture nouvelle" :
- les pilotis
- le toit terrasse
- le plan libre
- la façade libre
- la fenêtre en longueur ou fenêtre-bandeau
L'exemple de la villa Savoye de Poissy
Parce qu'elle représente l'aboutissement du cycle d'une douzaine d'années de recherches formelles correspondant à la période dite "puriste", parce qu'elle est implantée sur un terrain (à l'époque) dégagé et sans contrainte pour un client fortuné et avec un programme très libre, la villa Savoye a valeur de manifeste pour la modernité architecturale de l'entre-deux-guerres.Pour reprendre deux expressions provocatrices de Le Corbusier, c'est à la fois une "machine à habiter" et "une machine à émouvoir".
Cette maison, considérée comme un édifice majeur et classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, termine le cycle des villas de l'architecte et synthétise le vocabulaire architectural moderne. Laissé à l'abandon, l'édifice est restauré par les services de l'État de 1963 à 1997 et, fait assez rare, classé monument historique dès 1964, du vivant de son auteur.


Le salon La salle de bain
Le pari de départ a été de rechercher la simplicité et de respecter le magnifique parc formé de prés entourés de forêt pour vivre à la campagne, à 30 km de Paris en voiture..
L’idée est donc de parvenir en voiture jusqu’à la porte de la maison, l'arc de courbure minimum d'une auto représentant la dimension même de 1a maison. La voiture peut s’engager sous les pilotis, se diriger vers les services communs et arriver à la porte du vestibule ou pénétrer dans le garage.
Autre contrainte : toucher le moins possible à la superbe vue que l’on a sur les prés et la forêt. La maison devra être un élément posé au milieu de cet environnement champêtre. Cette vision est complétée par l’aménagement d’un jardin hors sol, à trois mètres cinquante, un véritable jardin suspendu au sol sec et salubre.


À l’intérieur, on peut remarquer la combinaison des lignes horizontales et obliques, formant une harmonie sur 360°, sur n’importe quel point de vue. Cette particularité relève de la conjonction des deux voies d’accès sur trois étages : la rampe inclinée coulée sur place et l’escalier de service hélicoïdal.
Les effets sont renforcés par la palette des couleurs visible sur les cloisons opposées comme un tableau géométrique composé de gris, gris-bleuté, blancs, bleus clairs ou foncés, ocres, roses...

Le Corbusier en 1953 Le Corbusier et la maquette de la villa
Les théories de Le Corbusier et les bases de l'architecture moderne
Les pilotisIl s’agit de libérer le sol de l'emprise du rez-de-chaussée du bâtiment, de manière à dégager plus de jardin en pleine terre et à ménager des transparences visuelles à travers l’édifice.
Toit terrasse
La surface récupérée au niveau du sol l'est également au sommet du bâtiment. Grâce au béton armé, on n'a plus besoin de réaliser des combles en pente : des terrasses plates et accessibles, éventuellement plantées, les remplacent avantageusement. Le bâtiment se détache nettement sur le ciel par une ligne horizontale pure, sans corniche ni acrotère.
Fenêtre bandeau
Toujours grâce au béton qui a "libéré" le plan et la façade, les ouvertures peuvent courir sans interruption d'un bout à l'autre de la construction. La fenêtre en longueur, ou "bandeau", qui favorise des vues panoramiques, reste encore de nos jours la marque de fabrique de la modernité architecturale.
Plan libre
Au "plan paralysé" des constructions traditionnelles, où les cloisons entre les pièces sont des murs porteurs qui doivent nécessairement se superposer d'étage en étage, il oppose la dissociation des fonctions structurelle et séparative. Les dalles de béton des planchers reposent sur des poteaux régulièrement disposés à de grandes distances les uns des autres, tandis que les cloisons sont implantées selon les effets architecturaux souhaités.
Façade libre
L'enveloppe du bâtiment est elle aussi indépendante de sa structure. Les poteaux peuvent être placés en retrait des façades à l'intérieur de l'édifice.
La composition de la façade – le positionnement des ouvertures – est théoriquement dictée par les seuls impératifs d'éclairement et de vues depuis l'intérieur.

Pilotis, fenêtres et toitures
Adresse : Villa Savoye, 82, rue de Villiers, 78300 Poissy, Yvelines
Références :
* Le langage de l'architecture, les 26 concepts-clés, Andréa Simitch
* François Chaslin, Un Corbusier, Paris, Seuil, coll. Fiction & Cie, 2015
* Xavier de Jarcy, Le Corbusier. Un fascisme français, Paris, Albin Michel, 2015
* Marc Perelman, Le Corbusier. Une froide vision du monde, Paris, Michalon,2015
* Voir aussi mes fiches sur Les Arts plastiques --
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