Le mystère Jérôme Bosch -- Le peintre des au-delà

« L’art est une vision hallucinée de la réalité et la vie est là d’un coup. » Marguerite Yourcenar

Quelque cinq cents ans après sa mort aux Pays-Bas, le peintre Jérôme Bosch a conservé une partie de son mystère, en déconcertant les adultes et en amusant les enfants.


    

C’est un univers multiforme, touffu, dont même actuellement nous ne comprenons pas toute la dimension, la suavité de ses diableries et de sa malice, nous entraînant sur des chemins intimes où les aspects bibliques renvoient aux peurs des hommes de la Renaissance. Nous sommes confrontés au mystère de cet homme dont l’œuvre est aussi extraordinaire que sa vie est banale.
Pour tenter une approche, on peut se plonger dans l’une des ses œuvres majeures : Le Jardin des délices.

     

L’analyse de cette œuvre a été réalisée en 2016 à travers un documentaire de l'Espagnol José Luis Lopez-Linares intitulée « Le Mystère Jérôme Bosch » sur le peintre et son œuvre exposée à Madrid au musée du Prado.

Le tableau se présente sous la forme d’un triptyque, entre paradis, purgatoire et enfer, développant une multitude d'histoires humaines et, ce qu’apporte ce documentaire, c’est que la caméra nous fait découvrir en gros plan ce qu’il n’est pas possible de voir par nous-mêmes. 


                   Le triptyque, 1504 musée du Prado, Madrid

Une affaire de famille
Chez les Van Aken, originaires d'Aix-la-Chapelle (« Aken » en néerlandais), on pratique la peinture en famille. Le père Ian est miniaturiste et ses trois fils seront aussi des peintres connus et fort prisés. En 1462, la famille s’installe dans un atelier situé sur la place centrale de Bois-le-Duc (Hertogenbosch), chef-lieu d'une des provinces du sud des Pays-Bas. C’est là que naît Jérôme vers l’an 1450.

    
                                                           Le haut du panneau central

Le futur Jérôme Bosch y acquiert les bases de la peinture auprès de son père et il devient son associé dans les années 1474-1476 avant de quitter la ville pendant quatre ans, partir "faire ses classes" chez d'autres maîtres.
À son retour, il épouse Aleid, issue de la bourgeoisie locale aisée qui lui apporte argent et reconnaissance sociale. Elle lui ouvre aussi à partir de 1486 les portes de l'Illustre Confrérie Notre-Dame dont il devient membre juré 2 ans plus tard, un honneur qu'il doit sans doute autant à sa femme qu’à sa remarquable culture.

C’est donc un bourgeois bien intégré à la vie locale et à ses coutumes, qui prend part aux « banquets des cygnes » et tisse des liens solides avec les notabilités régionales. C’est donc naturellement à lui que s’adressent ses connaissances et amis pour passer commande des œuvres religieuses qui viendront enrichir le patrimoine de la ville et les portraits qui pourront agrémenter les douillets intérieurs de ses pairs.

               
Les deux panneaux latéraux                                   Panneau central bas, détail

Le maître tranquille

L’atelier jouir d'une belle réputation et, après la mort de son père puis de son frère, celui qui est encore Hiéronimus Van Aken  pense qu’il est temps de développer son affaire.
En 1504, le prince Philippe le Beau, fils de l'empereur Maximilien, lui demande « un grant tableau […] oudoist estre le jugement de dieu assavoir paradis et enfer. » Dans cette œuvre figurent déjà les thèmes marquants qui seront son sceau, le  paradis et l’enfer. Cette fois, elle est signée, Bosch (« le bois »), hommage à sa ville natale, Hertogenbosch.

       
Panneau central bas                                           Panneau central Les oiseaux

Jérôme Bosch est un homme très actif, participant à la mise en scène de pièces de théâtre religieuses pour la confrérie, tandis que le peintre continue à développer une œuvre faite de tableaux, de vitraux et même d'esquisses pour la réalisation de chasubles et d’objets liturgiques.

Outre les bourgeois de la ville, ses clients sont aussi des aristocrates espagnols puisque les échanges commerciaux sont nombreux entre l’Espagne et les Pays-Bas. C’est ainsi que Philippe II, le fils de Charles Quint, qui goûtait particulièrement la peinture de Bosch, en ramena plusieurs dans son pays, dont Le Jardin des délices. Il continua sa vie ainsi entre la peinture et ses activités sociales jusqu’à son décès à Bois-le-Duc vers 1516.

  
Panneau latéral droit, détail


* Voir aussi sur ce site : Carnet de vie -- 
* Voir aussi  mes fiches sur Les Arts plastiques

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