Une chef d’orchestre, c’est déjà peu dans cet univers masculin, mais être aussi franco-algérienne et s’appeler Zaïa Ziouani, [1] voilà qui est rarissime pour ne pas dire unique. Et son parcours, magnifique. À 8 ans, elle apprend la guitare et à 12 ans, l’alto.

Diplômée en analyse musicale, orchestration et musicologie à La Sorbonne, elle remporte les prix de conservatoire pour l’alto, la guitare classique et la musique de chambre et dirige actuellement l’Orchestre symphonique Divertimento qu’elle a créé.

Elle a raconté son parcours atypique dans son autobiographe intitulée La chef d’orchestre, parue en 2010 où elle dit : « Quand on vient d'où je viens, on est plutôt orientée d'office vers une carrière de coiffeuse. » [2] C’est dire si son chemin fut semé d’embûches, même si elle en était parfaitement conscience : « Vouloir diriger un orchestre, c'était aussi fou qu'ambitionner d'être cosmonaute ou président de la République. »
V. Bregaint  a retracé son parcours dans un documentaire intitulé "Zahia Ziouani, une chef d’orchestre entre Paris et Alger".


Elle s’est produite aussi bien salle Pleyel qu’à l’Olympia ou à la basilique Saint-Denis avec des solistes de renommée internationale comme Raphaël Pidoux, Tedi Papavrami, Xavier Phillips, Déborah Nemtanu, Michel Moragues

     
Elle s’intéresse aussi beaucoup aux difficultés d’accès à  la culture de certains publics, se consacrant à promouvoir la musique symphonique et lyrique envers tous les publics. Elle est actuellement associée à la direction artistique et pédagogique du projet DEMOS (Dispositif d’Education Musicale à vocation Sociale). 

Évoquant son engagement dans une interview, elle écrit : « Petite fille, j’adorais écouter du classique. J’ai eu la chance de grandir dans une famille où mes parents m’ont sensibilisée à cet univers et m’ont appris à être curieuse. Ils ont joué un rôle fondamental dans ma curiosité envers les arts, mon chemin vers la musique classique et toute l’exigence que cela représente. C’est pour cette raison que je suis attachée aujourd’hui à cette transmission pédagogique. »

     

Son but est que l’orchestre puisse découvrir d’autres horizons culturels, réaliser une espèce de melting pot culturel entre musique classique, traditionnelle et contemporaine. « Nous sommes capables, ajoute-t-elle dans cette interview,  d’ouvrir sur une pièce classique, puis enchaîner sur d’autres styles où le public voit l’orchestre se transformer et certaines individualités ressortir, ce qui donne, au final, un collectif aux visages très différents. »

Les premiers prix ne suffisent pas. Une jeune femme d'origine algérienne ne correspond en effet en rien à l'image masculine et élitiste du chef d'orchestre... Zahia Ziouni, dans une interview, dit ceci : « Quand on vient d'où je viens, on est plutôt orientée d'office vers une carrière de coiffeuse. » Ou encore : « Vouloir diriger un orchestre, c'était aussi fou qu'ambitionner d'être cosmonaute ou président de la République. » A force de talent, d'audace et de charisme, les portes se sont ouvertes pour cette femme orchestre.

   
Luce, gagnante de la Nouvelle Star 2010 chante dans le concert Showtime dirigé par Zahia Ziouani
Avec la ministre de la culture


Zahia Ziouani, chef d'orchestre engagée
Elle s’intéresse aussi beaucoup aux difficultés d’accès à  la culture de certains publics, se consacrant à promouvoir la musique symphonique et lyrique envers tous les publics. Elle est actuellement associée à la direction artistique et pédagogique du projet DEMOS (Dispositif d’Education Musicale à vocation Sociale). 
   
Réussir à faire le lien entre l’univers symphonique et d’autres univers signifie s’adresser à des compositeurs qui n’ont pas une approche uniquement classique pour pouvoir « alors transposer cette idée sur scène en mélangeant les styles de musique. »

Elle aime introduire dans ses concerts un peu d’innovation, un peu de fantaisie car dit-elle, « je suis très sensible à l’aspect visuel, donc je travaille souvent sur des créations lumières, même s’il ne faut pas en abuser : pour certains concerts, la musique se suffit à elle-même. »

        
Notes et références
[1] Une chef d'orchestre entre Paris et Alger
[2] Zahia Ziouani, Bénédicte des Mazer, La chef d’orchestre, 211 pages, éditions A. Carrière, 2010
Voir aussi  Mes fiches Musique --

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